
Interrogé par l’avocat d’Oracle, l’ancien patron d’Android a livré un récit de décisions importantes qui ont été prises, alors que l’entreprise voulait se lancer le plus tôt possible sur un marché où Apple venait d’être accueilli en fanfare avec le lancement de l’iPhone en 2007. La problématique était donc de savoir quels choix techniques opérer afin de bâtir, dans les délais les plus brefs, un Android robuste capable de connaître du succès sur le marché des mobiles.
Pendant plus de quatre heures d’interrogatoire, Annette Hurst, l’avocate d’Oracle a essayé d’obtenir des aveux d’Andy Rubin. La stratégie de cette dernière consistait à montrer, comme Oracle l’a toujours soutenu, que Google a utilisé une voie plutôt facile pour se lancer sur le marché des mobiles, et le tout, en faisant fi du respect des droits d’auteur.
Andy Rubin a reconnu qu’il était sous une pression incroyable de livrer un OS mobile le plus tôt possible, mais cette pression n’a en aucun cas été exercée par Google, mais plutôt par sa propre ambition de relever ce si grand défi.
Présentant ensuite le contrat d’Andy Rubin avec Google, Annette Hurst fait ressortir quatre jalons dont le respect aurait permis à Andy et son équipe d’obtenir 60 millions de dollars US comme bonus. La première étape était de livrer Android avant une échéance déterminée dans le contrat, ce qui aurait permis à Andy et son équipe d’obtenir un bonus de 8 millions USD. Selon le contrat, ces derniers devaient également avoir droit à des bonus de 10, 15 et 27 millions USD, respectivement après la vente de 5, 10 et 50 millions de smartphones Android. Un autre point mis en avant par l’avocate d’Oracle est que, d’après le contrat, Andy et son équipe auraient perdu la totalité des 60 millions de dollars US, si la première étape du contrat n’était pas respectée, c’est-à-dire si le premier smartphone Android n’était pas expédié dans le délai fixé ; ce que l’ancien patron d’Android a d’ailleurs reconnu. L’objectif d’Annette Hurst était de montrer que les développeurs d’Android étaient prêts à violer les droits de propriété intellectuelle, pourvu que l’OS soit livré dans le temps. Ce qui leur permettrait de toucher le bonus de 60 millions de dollars US.
Assailli par les questions de l’avocate d’Oracle, Andy répond que construire les bibliothèques de base d’Android était une tâche énorme, et qu’il était constamment à la recherche de moyens pour accélérer cette étape, que ça soit en trouvant des bibliothèques ailleurs ou en faisant contribuer la communauté open source. Toutefois, en ce qui concerne le choix des API Java, Andy Rubin estime qu’ils ne peuvent pas être soumis à des droits d’auteur, ce qu’Annette Hurst a essayé de démonter par la suite, en faisant ressortir des anciens emails dans lesquels Andy et Google s’étaient exprimés au sujet de l’utilisation des API Java.
Dans un email de 2010, l’ingénieur Tim Lindholm de Google a informé Rubin que les fondateurs de Google Larry Page et Sergey Brin lui ont demandé des « alternatives techniques à Java ». En réponse à ces derniers, Tim Lindholm a répondu que les autres alternatives n’étaient pas assez intéressantes. « Nous concluons que nous devons négocier une licence pour Java sous les termes dont nous avons besoin », a-t-il ajouté. Dès lors, peut-on dire qu’Andy et Google ignoraient que les API Java étaient protégées par les droits d’auteur ? Mis en face de cet email, Andy Rubin reconnait qu’il avait bel et bien lu le courriel de Tim Lindholm.
Annette Hurst enfonce davantage Andy Rubin avec un email où ce dernier a été interrogé au sujet du plan d’une autre entreprise d’utiliser Java. « Je leur souhaite bonne chance, » a écrit Rubin. Avant d’ajouter : « les Java.lang.apis sont sous copyright ».
L’avocate d’Oracle confronte encore l’ancien patron d’Android à ses propres déclarations. En 2007, alors qu’un ingénieur britannique annonçait Android comme « une meilleure saveur de Java », Andy Rubin a écrit dans un email que le nécessaire devrait être fait afin que seules les personnes autorisées parlent à la presse au sujet d’Android, en précisant : « ceci est très important, il s’agit d’une question juridique ». La firme de Mountain View a-t-elle donc fait fi des questions juridiques pour sortir rapidement son OS mobile ? Là est la question que l’on pourrait se poser après le témoignage de l’ancien patron d’Android ?
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