Brave ne vise toutefois pas à éliminer la publicité. D’après Brendan Eich, il bloque par défaut les annonces tierces, et les remplace par ses propres annonces qui se chargent plus vite et « protègent la souveraineté des données et l’anonymat » des utilisateurs en bloquant les traqueurs. Brave est toujours en développement et doit encore conquérir une certaine part de marché, mais l’industrie de la publicité en ligne le voit déjà comme une menace sérieuse.
En janvier, lors d’une conférence US sur la publicité en ligne, le directeur général de l'Interactive Advertising Bureau, Randall Rothenberg, s'en est pris à Brave et à son modèle d’affaires qui « non seulement enlève les annonces des pages des éditeurs, mais les remplace par ses propres annonces à but lucratif ». « C'est le vrai visage du blocage des publicités », a-t-il dit. Randall Rothenberg dénonce le fait que les bloqueurs de publicité se cachent derrière des expressions telles que « publicité raisonnable », « publicité responsable » et « publicité acceptable », « pour construire des sociétés à but lucratif dont les modèles économiques reposent sur l'entrave de la communication entre et parmi les producteurs et les consommateurs ».
Dans une lettre envoyée à l’ex-PDG de Mozilla, un groupe des plus grands éditeurs de journaux américains, y compris Dow Jones, le Washington Post et le New York Times, a également fustigé Brave Software, en évoquant un modèle d’affaires « manifestement illégal ». Ces éditeurs estiment que leurs droits sont violés par Brave Software et qu’ils ont l’intention de les faire pleinement respecter. Entre autres irrégularités relevées dans l’activité de la startup, les éditeurs notent que :
- Brave Software a l’intention d’exploiter le contenu de tous les éditeurs sur le Web pour vendre sa propre publicité. Et pour ces derniers, cela est comparable à voler leur contenu pour le publier sur son propre site. Ils considèrent cela comme de la republication non autorisée de leur contenu protégé et rappellent que cela est en violation de la loi sur les droits d'auteur et d'autres lois ;
- Brendan Eich n’est pas autorisé à utiliser leurs noms, marques et logos de quelque manière que ce soit dans le cadre de la promotion ou de l'exploitation de son entreprise. Ils estiment que cela « va dérouter les consommateurs, porter atteinte aux droits exclusifs des éditeurs dans leurs marques », mais également porter atteinte à leurs marques « très distinctives ».
Ces éditeurs estiment donc qu’avec son plan de remplacement des publicités, Brave se fait responsable d’accès non autorisés à leurs sites web, de concurrence déloyale, entre autres. Ils affirment encore que le projet de Brave d’essayer de leur reverser une part de son chiffre d’affaires ne peut pas les indemniser pour la perte de leur capacité à financer leur travail en affichant leur propre publicité. Ils déclinent alors la compensation que Brave prévoit de leur offrir en exprimant leur intention de faire respecter tous leurs droits légaux pour protéger leurs marques et contenus.
En guise de réponse, Brendan Eich essaie avant tout d’abord de recadrer les assertions des médias qu’il n’estime pas tout à fait correctes. Il rejette d’abord l’affirmation selon laquelle tout navigateur qui bloque et remplace les annonces sur l’appareil de l'utilisateur du navigateur effectue de la « republication non autorisée » de contenu Web. Au contraire, il affirme que « les navigateurs peuvent bloquer, réorganiser et faire tout autre usage de tout contenu de toute source », en précisant que si Brave fait de la republication, alors « il en est de même avec le mode Lecteur de Safari, et la même chose est valable pour tout navigateur équipé d’un bloqueur de publicité, ou avec les lecteurs d’écran pour les malvoyants ».
Dans leur lettre, les médias US ont également critiqué le fait que le modèle d’affaires de Brave Software ne donne aucune précision sur le pourcentage du chiffre d’affaires qui leur reviendrait. L’ex-PDG de Mozilla revient donc sur ce point pour rappeler que dès le lancement de Brave en janvier dernier, l’entreprise a clairement indiqué que la « part du lion », c’est-à-dire 70 % des revenus, allait être reversée aux sites web (éditeurs et partenaires de publicité), alors qu’elle ne garde que 15 %. Les 15 % restants représentent la part des utilisateurs. Brendan Eich considère donc que la solution Brave peut être gagnant-gagnant. Raison pour laquelle, il a précisé avant de commencer que « Brave est la solution, pas l’ennemi. »
Il évoque aussi des attaques de malvertising sur les sites du New York Times et la BBC, dues à leur écosystème de publicité basé sur les traqueurs. Brendan Eich estime que le système de Brave permet de « réparer les dommages que les éditeurs ont de manière négligente permis à leurs partenaires de publicité de faire à leurs marques » avant de lancer un appel aux médias à s’asseoir et à discuter de la solution Brave.
Source : Business Insider
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Voir aussi
Des médias membres du groupe GESTE passent à l'offensive contre les bloqueurs de pubs pour sensibiliser les utilisateurs sur l'importance de la pub