Ces dernières années, le gouvernement français a entrepris de nombreuses actions pour promouvoir les solutions libres et open source dans ses administrations. On peut par exemple citer l’initiative de la Gendarmerie nationale de migrer ses systèmes vers Linux, et celle du socle interministériel des logiciels libres (SILL), qui sert en quelque sorte de guide en ce qui concerne les logiciels libres recommandés pour l’administration.
C’est donc avec surprise que bon nombre d’observateurs ont accueilli en fin novembre 2015 un accord signé entre Microsoft et le ministère de l’Éducation nationale. L’accord a été sévèrement critiqué par les partisans du Libre. Ces derniers n’ont pas manqué de dire que l’école a été « vendue (pas cher) » à Microsoft, en pointant du doigt cet accord comme la monnaie d’échange d’un accord signé un peu plus tôt entre Satya Nadella et François Hollande. Toutefois, il ne s’agit pas du premier accord du genre entre un gouvernement et la firme de Redmond. Il y a déjà bien des années que le gouvernement roumain a signé un accord similaire avec la société US.
Mais contrairement à celui de la France qui prévoit de mettre gratuitement des outils et services de Microsoft à disposition des établissements scolaires, celui signé par la Roumanie s’est avéré bien plus onéreux pour le pays qui devait payer pour fournir des licences de Microsoft Office aux écoles et autres institutions publiques. Le contrat d’une valeur de 105 millions de dollars US couvrait une période de cinq ans (2004 – 2009). Microsoft a tout de même accordé un rabais de 47 %, qui aurait été totalement détourné par l’ancien ministre roumain des Télécommunications, Gabriel Sandu, et des complices. Une enquête sur cette affaire a également conclu que, sur 54 millions de dollars américains que le gouvernement a payés en vertu du contrat de licence et de son prolongement, les commissions versées à des agents publics se sont élevées à 20 millions de dollars US.
Après un procès débuté en octobre dernier, le jeudi 24 mars, la Haute Cour de cassation et de justice de la Roumanie a condamné l’ancien ministre des Télécommunications à deux ans d’emprisonnement. Sandu a déclaré à la Cour que l’argent qu’il a reçu a servi à financer son parti politique ainsi que ses campagnes électorales. Trois autres personnes dont un ancien maire et deux hommes d’affaires qui ont agi comme intermédiaires ont également obtenu des peines d'emprisonnement allant jusqu'à trois ans.
Sandu et ses complices doivent également payer une amende de près de 10 millions d'euros en compensation. Pour réduire leur peine d’un tiers, ces derniers ont reconnu avoir utilisé leur influence pour amener le gouvernement à approuver l’achat des licences Microsoft et obtenu de l’argent des personnes intéressées à ce que le contrat soit validé.
Si les produits Microsoft sont au cœur de l’affaire, les procureurs notent que la société elle-même n'a été impliquée dans aucun acte répréhensible.
Source : Balkan Insight
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Un ex-ministre roumain condamné pour corruption autour d'un contrat de licences Microsoft
Sandu et ses complices auraient détourné les 47 % de rabais
Un ex-ministre roumain condamné pour corruption autour d'un contrat de licences Microsoft
Sandu et ses complices auraient détourné les 47 % de rabais
Le , par Michael Guilloux
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