Dans sa guerre contre l’État islamique, la première puissance mondiale ne se limite pas aux frappes aériennes en Irak et en Syrie, mais elle s'est également lancée dans une guerre électronique contre cette organisation. « Nous nous servons également des outils informatiques pour affaiblir la capacité du groupe de l'EIIL (État islamique en Irak et au Levant) à opérer et communiquer sur le champ virtuel de bataille », a déclaré Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense lors d’une conférence de presse au Pentagone.
Quel est l'objectif ? « Il s’agit de leur faire perdre confiance dans leurs réseaux, de surcharger leurs réseaux pour qu’ils ne puissent pas fonctionner, et faire toutes ces choses qui interrompent leur capacité à commander leurs forces, et à contrôler leur population ainsi que leur économie », a-t-il expliqué.
Ces opérations sont encadrées par l’US Cyber Command, qui est un sous-commandement militaire mis en place en 2010 et qui se consacre à la sécurité de l’information pour l’armée américaine. Une force d’environ 6000 soldats spécialisés dans la guerre informatique a été constituée et est placée pour l’instant sous l’autorité de l’amiral Michael Rogers, le patron de la NSA. Elle regroupe 133 unités de combat et doit être en mesure de mener à la fois des opérations de défense des réseaux et ordinateurs américains, mais également d'offensives sur les machines adverses.
Pour être plus précis, le but de sa mission est de planifier, coordonner, intégrer, synchroniser et conduire des activités pour diriger les opérations et la défense de certains réseaux d’information du Département de la Défense. L'US Cyber Command doit également préparer et conduire si nécessaire les opérations militaires dans le cyberespace.
Le chef d’état-major interarmées Joseph Dunford, qui était aux côtés du secrétaire à la Défense, a fait le parallèle entre assiéger Daesh physiquement dans ses places fortes de Mossoul (Irak) et Raqa (Syrie), et l’assiéger dans le cyberespace : « nous essayons à la fois physiquement et virtuellement d’isoler le groupe État islamique », a-t-il commenté.
Pour ce qui est de donner plus de précisions sur la nature des opérations menées par l’armée américaine dans le cyberespace, le mot d'ordre est « confidentialité » pour les responsables : « nous ne voulons pas que l’ennemi sache quand, où et comment nous conduisons des cyberopérations. Nous ne voulons pas qu’ils aient l’information qui leur permettra de s’adapter au fur et à mesure. Nous voulons qu’ils soient surpris quand nous effectuons des cyberopérations ». Le général Dunford a déclaré ne pas vouloir que les jihadistes « soient capables de faire la différence » entre les perturbations liées aux cyberarmes américaines et les perturbations qui n’ont rien à voir.
Pour mener ces opérations de guerre informatique, Ashton Carter a l'intention de demander un budget à la Défense de 7,5 milliards de dollars, « ce qui représente 50 pour cent de plus que l'année dernière ». Pour lui, « l'EIIL est l'un des cinq défis majeurs que nous nous devons de relever dans le cadre de la mission de notre département pour défendre ce pays ». Les quatre autres défis sont identifiés comme étant en Russie, en Chine, en Corée du Nord et en Iran.
« Nous n'avons pas le luxe de choisir à quelle menace nous ferons face par la suite, mais nous avons la capacité de définir la meilleure façon de se préparer à l'avenir », a-t-il estimé.
Source : discours d'Ashton Carter et Joseph Dunford
Voir aussi :
Les DSI admettent investir des millions à fonds perdu dans une cybersécurité qui se révèle inopérante sur la moitié des attaques
L'État islamique (EI) prévoirait des cyberattaques au Royaume-Uni d'après les officiels britanniques, la menace est-elle sérieuse ?
USA : la proposition de loi CISA relative à la cybersécurité est validée par le Sénat, une mesure au centre de la controverse
Les États-Unis conduisent des attaques informatiques contre l'État islamique
Pour perturber l'organisation
Les États-Unis conduisent des attaques informatiques contre l'État islamique
Pour perturber l'organisation
Le , par Stéphane le calme
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !