Au lendemain des attaques de Paris survenues le 13 novembre dernier, plusieurs voix se sont levées pour pointer du doigt les techniques de chiffrement des communications qui selon certaines personnes auraient été utilisées dans la mise en œuvre de ces attaques.
Alors qu’aucune source officielle n’a jusque-là confirmé ces affirmations, l’amiral de la marine américaine Michael Rogers, également directeur de la NSA, a accordé une interview à un journaliste de Yahoo il y a quelques jours afin de donner quelques informations à ce sujet.
Pour le directeur de la NSA, « certaines communications » utilisées par les attaquants « étaient chiffrées », ce qui n’a pas permis aux agences de surveillance américaine d’anticiper sur leurs actions. Pour lui, ces attaques « ne seraient pas survenues » si ces derniers n’avaient pas fait usage de moyens de communications chiffrées.
Il faut préciser que ces récentes déclarations surviennent dans un contexte fortement polarisé par l’affaire d’Apple. En effet, suite à la décision de justice ordonnant à Apple d’aider le FBI à accéder aux données d’une des personnes auteur de la fusillade de San Bernadino, Apple a fait savoir qu’il s’opposait à cette décision exigeant de fournir aux agences américaines des moyens détournés pour déverrouiller d’une manière ou d’une autre l’iPhone 5C de l’attaquant.
À travers les déclarations de Rogers, l’on pourrait donc entrevoir une volonté d’attirer l’attention des acteurs IT sur les éventuelles dérives qu’une telle action pourrait occasionner. Pour mieux étayer son propos sur les conséquences du chiffrement, Rogers n’a pas usé de voies détournées pour faire savoir que certains types de chiffrement entravent fortement les actions des forces de l’ordre dans leurs missions.
« Est-il plus difficile pour nous de générer le type de connaissances que j’aimerais avoir contre certaines de ces cibles ? Oui », a déclaré Rogers. « Est-ce en partie directement lié aux changements qu’elles utilisent dans leurs communications ? Oui. Est-ce que le chiffrement fait qu’il est beaucoup plus difficile pour nous de mener à bien notre mission ? Oui », a fait savoir le chef de la NSA à Yahoo.
Il faut souligner par ailleurs que la position de Rogers en matière de chiffrement des appareils est connue de tous depuis bien longtemps. Pendant un discours qu’il donnait à l’université de Princeton, Rogers n’a pas manqué d’affirmer « qu’il ne voulait pas de backdoor, mais plutôt un frontdoor ».
La surprise ne fut donc pas grande quand il proposa, lors du 6e sommet annuel de l’Association des Forces armées pour l’Électronique et les Communications (AFCE), la création d’une clé de déchiffrement permettant d’accéder à n’importe quel appareil verrouillé dont les différentes parties seraient réparties entre plusieurs entités afin d’empêcher son utilisation unilatérale.
Revenant sur les attaques de Paris, il faut savoir que le rapport de police produit aux premières heures des attentats souligne que les forces de l’ordre ont retrouvé dans une poubelle le téléphone d’un des terroristes contenant le message suivant : « On est parti ». Le message aurait été envoyé juste avant les attaques du Bataclan.
Mais étant donné que ce n’est probablement pas le seul message qu’ont échangé les terroristes, il serait difficile de se prononcer sur les propos du chef de la NSA. Les attaquants ont-ils véritablement utilisé des communications chiffrées ? Le cas échéant, est-ce cela qui aurait empêché de détecter à l'avance ces attaques ? Ou est-ce uniquement pour orienter les acteurs IT vers l’affaiblissement des mécanismes de chiffrement que ces propos sont tenus ?
Source : Yahoo, Daily Mail
Et vous ?
Que pensez-vous des déclarations de Rogers ?
Pensez-vous que les terroristes ont utilisé des communications chiffrées pour dissimuler l’organisation de leurs attaques ?
Devrait-on affaiblir les mécanismes de chiffrement pour faciliter la tâche aux forces de l’ordre ? Ou doit-on préserver les moyens de chiffrement fort actuels ?
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Le , par Olivier Famien
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