En mars 2014, le gouvernement Obama a annoncé son intention de mettre fin à cette tutelle en septembre 2015, période à laquelle prenait fin le contrat IANA (Internet Assigned Numbers Authority), qui donnait aux États-Unis son pouvoir administratif sur l'ICANN. L'objectif était de faire de l'ICANN un organisme géré collectivement par une communauté internationale d'acteurs du net. Une annonce qui a eu lieu dans un contexte où les révélations sur les programmes d'espionnages des services secrets américains étaient largement diffusées au public.
Le gouvernement américain avait néanmoins posé quelques conditions :
- l’ICANN ne devra pas tomber sous le contrôle d’un autre État, d’un groupe d’États ni d’une organisation internationale comme les Nations unies ;
- tous les acteurs d’Internet (États, administrations, opérateurs télécoms, organismes techniques, entreprises privées, ONG, sociétés civiles…) devront participer à la nouvelle gouvernance de façon équilibrée ;
- Internet devra rester libre, ouvert et accessible à tous ;
- les nouvelles instances devront garantir la sécurité et la stabilité du système.
Rendues en 2016, les fonctions administratives de l'ICANN sont encore sous la juridiction des États-Unis. Et pour cause, en août dernier, le ministère du Commerce a annoncé une prolongation du contrat sur une période d'un an sous l'administration américaine afin de donner plus de temps à la préparation de la proposition de transfert d'intendance.
Aussi, l'autorité exhorte la région APAC (Asie-Pacifique) à prendre une part plus active dans la « facilitation du développement d'une gouvernance internet multipartite ».
« Il est devenu de plus en plus évident au cours de ces derniers mois que la communauté a besoin de plus de temps pour finaliser sa proposition, la soumettre à un examen du gouvernement américain et par la suite l'implémenter si elle est approuvée », avançait dans un billet l'administrateur de la NTIA (National Telecommunications & Information Administration) Lawrence Strickling. « Aussi, en mai, nous avons demandé à un groupe de travail qui développait les documents de transition combien de temps cela prendrait pour finir et implémenter leur proposition. Après avoir fait une estimation du temps pour une communication publique, un examen par le gouvernement américain et une implémentation, le groupe de travail a estimé que le processus ne pourrait pas être complété avant au moins septembre 2016. Suite à leur retour, nous avons informé le Congrès vendredi que nous avons l'intention de prolonger le contrat de l'ICANN sur un an jusqu'en septembre 2016. Au-delà de 2016, nous nous réservons le droit de l'étendre pour trois années supplémentaires si cela s'avère nécessaire ».
Dans sa déclaration, l'ICANN a expliqué que la proposition tant attendue pour mettre fin à l'intendance du gouvernement américain sur les décisions techniques et administratives importantes est presque terminée et sera présentée dans les semaines à venir.
« Nous envisageons de présenter une proposition sur laquelle la communauté mondiale d'internet a travaillé sur près de deux ans au gouvernement américain. Et, si elle est acceptée, cela marquera un point historique dans l'évolution d'internet », a déclaré Theresa Swinehart, senior advisor ICANN.
Low Jia-Rong, Vice-Président et Managing Director d'ICANN APAC, a expliqué que « l'Asie-Pacifique a souvent été un « preneur de prix » dans la gouvernance d'internet, mais nous avons observé un changement au cours de ces deux dernières années. La forte participation de notre communauté a démontré une confiance accrue et une volonté de s'asseoir à la table mondiale ».
Il a rappelé que cette région est le foyer de la moitié de la population connectée qui est estimée à trois milliards : « pour qu'internet continue à évoluer à notre avantage, il doit s'adapter aux besoins de ses intendants. Par conséquent, il est important de s'assurer de la participation de groupes d'intendants dans une gouvernance internet multipartite ».
Il a également rappelé que près de 3000 langues sont parlées dans cette région, soulignant par la sorte la nécessité de support de langue maternelle. Or, développer les standards nécessaires va demander la participation active d'intendants de communautés locales y compris des experts en linguistique et en caractères. À ce propos, Izumi Okutani du Japan Network Information Centre a déclaré « nous avons un nombre croissant d'utilisateurs d'internet dans notre région, mais notre voix dans la communauté mondiale n'est pas proportionnelle à cette croissance et encore moins aux nombres d'internautes. Nous devons nous assurer qu'internet évolue de la meilleure des façons pour répondre aux besoins de notre région ».
Enfin, citant les statistiques d'eMarketer ainsi que la liberté et la gratuité d'internet, l'ICANN rappelle que l'APAC a compté pour 52,5 % des dépenses en ligne effectuées l'année dernière.
Source : blog NTIA, The Data Driver
Bientôt des noms de domaines en arabe ou en chinois, l'ICANN veut un Internet offrant plus de diversité