Dans un projet de recherche, des chercheurs de Microsoft ont travaillé sur la manière d’enseigner aux ordinateurs le sens de l’humour pour leur permettre de classer des histoires des plus drôles au moins drôles. A l’origine, le projet vise à aider le département de bandes dessinées du magazine the New Yorker, mais sa portée pourrait être plus grande.
Depuis quelques années, le magazine US organise un concours hebdomadaire dans lequel les lecteurs soumettent des histoires pour interpréter une scène de bandes dessinées (BD) sans paroles, qui figure à la dernière page de la revue. Parmi les histoires soumises par les lecteurs par e-mail, les plus drôles sont sélectionnées par le département de BD pour ne retenir que la meilleure.
Avec la popularité du concours, c’est en moyenne 5000 histoires que les assistants de Robert Mankoff – éditeur de BD pour le New Yorker – doivent passer au crible chaque semaine pour choisir l’histoire qui colle le plus à la bande dessinée. C’est un boulot énorme qui selon Mankoff peut détruire l’esprit de ses assistants en deux ans ; raison pour laquelle il arrive à peine à les retenir pendant quelques années, et à chaque fois, c’est toute une bataille pour trouver un nouvel assistant. Pourquoi ne pas donc enseigner aux ordinateurs des valeurs comiques pour aider M. Mankoff et son équipe dans la sélection des histoires les plus drôles ? C’est l’objectif de Dafna Shahaf et Eric Horvitz de Microsoft Research.
Les chercheurs de Microsoft ont donc développé des algorithmes pour permettre à des ordinateurs d’être en mesure de faire un classement des histoires les plus drôles en fonction d’une scène de bande dessinée donnée. Le concours du New Yorker existe depuis 2005, il dispose donc d’une bonne base de données que les chercheurs ont exploitée pour donner à un ordinateur une certaine compréhension de l’humour, au moins au sens du New Yorker. Le système d’intelligence artificielle (IA) a été alimenté par les archives de caricatures et les données du concours. Il a ensuite été entrainé par les chercheurs de Microsoft pour déterminer les histoires les plus drôles parmi celles qui ont été soumises par les lecteurs pour une BD donnée.
Les chercheurs ont entrainé leur système en se basant en partie sur les données de l’application Mechanical Turk d’Amazon. Il s’agit d’une application web de crowdsourcing qui vise à faire effectuer par des humains contre rémunération des tâches plus ou moins complexes. Parmi les tâches proposées, on y trouve la transcription, l’identification et le classement d’images.
Les efforts de Shahaf et Horvitz ont été récompensés par un ordinateur qui a été capable de classer toutes les histoires favorites des assistants de Mankoff dans la première moitié de son classement (55,8%). Autrement dit, le système permet de réduire de moitié le travail de M. Mankoff et ses assistants sans risque d’éliminer un favori pour le concours. Le résultat est assez impressionnant et pour Mankoff, les ordinateurs peuvent être d’une grande aide dans son travail. Toutefois, il reste un peu sceptique quant à la possibilité qu’une machine puisse avoir le sens humain de l’humour. Il pense également que Microsoft devrait encore améliorer la précision de son système avant qu’il l’emploie dans son département de BD.
Pour les chercheurs, ce résultat n’est qu’un début et ils comptent pousser les recherches encore plus loin. Ils pensent que la capacité pour un ordinateur de reconnaître l’humour pourrait s’avérer importante pour des programmes comme Skype Translator. Ils espèrent aussi un jour entrainer des ordinateurs à faire leurs propres blagues sur la base de situations, cela pourrait par exemple rendre plus agréable d’interagir avec les assistants numériques tels que Cortana et Siri.
Sources : Bloomberg, Rapport de l’étude
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Microsoft tente d'enseigner ce qui est drôle aux ordinateurs
Pour leur permettre de détecter l'humour dans des histoires de bandes dessinées
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Le , par Michael Guilloux
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