Kaspersky a publié une étude sur la montée et l’impact de ce que l’entreprise a considéré comme « l’amnésie numérique » : le fait de ne pas se souvenir d’une information et de laisser son dispositif l’enregistrer et donc de s’en souvenir pour vous (exemple les numéros de téléphone).
Pour les besoins de l’étude, Kaspersky a réuni 1 000 personnes âgées de 16 ans au minimum. Neuf personnes sur dix (91,2 %) ont avancé se servir d’internet comme d'une extension de leur cerveau et de leur mémoire avec très peu de variation entre les genres (89,9 % d’hommes et 92,6 % de femmes). En plus, l’étude indique qu’il est très aisé pour certains (28,9 %) d’oublier une information glanée en ligne une fois qu’elle a été utilisée. Lorsqu’elle est en face d’une question, la moitié du panel opte pour chercher en ligne d’abord, seul 39,3 % du panel va d’abord essayer de s’en souvenir. 6,5 % va demander à un ami familier avec le sujet et 3,5 % va rechercher la réponse dans un livre.
L’étude montre que « l’effet Google », le fait d’être dépendant de la recherche d’informations en ligne, s’est élargi et inclut désormais les informations personnelles ainsi que les dispositifs mobiles. Près de la moitié du panel (44 %) a confié se servir de son smartphone pour retenir tout ce dont il doit se souvenir ou se rappeler. Ce qui a été particulièrement vérifié pour les individus dans la tranche d’âge 16 – 44 ans. Chez les plus de 55 ans, seul 26,2 % a avancé se servir du smartphone comme mémoire.
« La dépendance dans les dispositifs numériques et la confiance que nous leur accordons peut ressembler à une relation humaine. Les sentiments sont établis de la même manière au travers de l’expérience. Des expériences répétées avec un individu de confiance construisent un ‘schéma’ ou une association avec cet individu dans notre mémoire, nous disant que nous pouvons dépendre de cette personne. Si un dispositif numérique s’avère continuellement fiable, alors nous le concevons dans le schéma que nous avons de ce dispositif », a expliqué le docteur Kathryn Mills, de l’institut Cognitive Neuroscience à Londres.
Il n’est donc pas très surprenant de voir que l’étude avance que la perte ou la compromission de ces données peut causer une grande détresse, en particulier chez les femmes et les plus jeunes. Le panel révèle que la moitié des femmes (51 % contre 39,1 % chez les hommes) et presque le même nombre dans la tranche d’âge 25 à 34 ans (48,6 % contre moins de 45 % dans les autres tranches d’âge en dehors des 35 à 44 ans) a avoué être triste à cause du fait qu’il y a des données qui étaient stockées dans leurs dispositifs qui sont perdues. Moins d’une femme sur quatre (16,3 % contre 29 % chez les hommes) se dit être calme puisque les choses qui importent ont été mémorisées et des copies ont été faites. Dans les tranches d’âge, ce sont les plus de 55 ans qui se montrent les plus calmes (28,6 %), contre 18 % chez les 16 à 24 ans, 21,6 % chez les 25 à 35 ans. Seules 27,1 % des femmes ont avoué qu’elles vont paniquer dans de telles circonstances étant donné qu’elles ont sauvegardé des informations sur leurs contacts ainsi que leurs différentes photos à un seul endroit. 13,3 % des plus de 55 ans se trouvent dans cette position, contre 35 % chez les 16 à 24 ans et 25,7 % chez les 25 à 34 ans.
Pourtant, peu de personnes dans le panel prennent des mesures de sécurité supplémentaires pour protéger les dispositifs. Même s’ils sont 53,7 % à installer une protection supplémentaire sur leurs ordinateurs portables comme des programmes antivirus, seuls 41,3 % du panel le fait lorsqu’il s’agit d’ordinateur de bureau. Un pourcentage encore revu à la baisse dès qu’on arrive à l’écosystème mobile, puisque 30,5 % du panel installe une protection supplémentaire sur son smartphone et 20,7 % sur sa tablette.
Petit fait intéressant : l’étude souligne également les numéros des personnes qui sont retenus par cœur. 69,7 % des personnes en couple connaissent le numéro de leur conjoint (contre 10,9 % qui a besoin de son smartphone). 34,5 % des parents connaissent le numéro de leur(s) enfant(s) (contre 22,4 %). 68,4 % connaissent le numéro des parents (contre 16 %). 43 % connaissent le numéro de leurs frères et sœurs (contre 44,2 %). 43,3 % connaissent le numéro de leurs amis (contre 51,4 %).
L’étude révèle qu’internet a quelque peu révolutionné les choses que nous considérons importantes de retenir. Par exemple 61 % du panel pense qu’il n’est pas nécessaire de retenir une information glanée sur internet, mais qu’il est important de se rappeler de l’endroit où elle a été trouvée.
« Il y a un argument à faire valoir selon lequel la recherche d’information en ligne, au lieu d’essayer de nous en rappeler nous-même, nous transforme en penseurs superficiels. Des recherches passées ont démontré à maintes reprises que le rappel actif de la mémoire est un moyen très efficace de créer une mémoire permanente. A contrario, répéter des informations passivement (par exemple en se rendant à plusieurs reprises sur internet) ne crée pas une trace mnésique solide et qui dure. En se basant sur cette recherche, on peut faire valoir que la tendance à chercher l’information avant même d’essayer de s’en rappeler empêche la constitution de mémoire à long terme. Par conséquent, cela peut nous faire traiter l’information simplement sur une base superficielle momentanée », estime le docteur Maria Wimber, de l’université de Birmingham.
« Les dispositifs connectés enrichissent notre vie de tous les jours, mais causent également la prévalence de l’amnésie numérique dans notre pays. En tant que consommateurs, il est important pour nous tous de comprendre les implications à long terme de cet effet, et la raison pour laquelle cela renforce la nécessité pour nous de protéger de façon diligente nos informations de valeur ainsi que nos précieuses mémoires », a avancé Chris Dogget, directeur de Kaspersky Lab North America. « En lançant cette étude, Kaspersky Lab est en mesure d’apporter plus d’éclaircissements sur la façon dont les gens utilisent et sont dépendants de leurs dispositifs, et, une fois armés de cette information, nous continuerons notre mission de sensibiliser le public sur l'importance d’utiliser la technologie pour protéger notre vie numérique ».
« L’acte d’oubli n’est pas une mauvaise chose en soi. Nous sommes des créatures qui s’adaptent aisément et nous ne nous souvenons pas de tout parce que cela ne nous apporte aucun intérêt. Oublier devient inutile lorsque cela implique de perdre des informations dont nous devons nous souvenir », explique le docteur Kathryn Mills. « L’une des raisons pour lesquelles les utilisateurs pourraient moins se préoccuper de retenir l’information est qu’ils aient des dispositifs connectés dans lesquels ils ont confiance. Dans plusieurs sociétés, avoir accès à internet semble aussi stable qu’avoir accès à l’électricité ou à l’eau courante ».
Source : étude Kaspersky (au format PDF)
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Kaspersky : nombreux sont ceux qui sont frappés « d'amnésie numérique »
Et laissent à leurs dispositifs le soin de se souvenir à leur place
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Le , par Stéphane le calme
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