C’est un tonnerre retentissant qui s’est fait entendre ce weekend dans les nuages français des télécommunications. Le patron de SFR, Patrick DRAHI a fait ce weekend une offre de rachat de son concurrent Bouygues Télécom, pendant la tenue des marchés boursiers. L’homme d’affaires, avance une « offre non sollicitée d'entrée en négociation » d’une valeur de 10,1 milliards pour s’offrir l’ensemble des infrastructures, des services et du personnel de son rival. C’est une offre nettement au-dessus de la valorisation réelle de l’entreprise, qui est estimée à environ 8 milliards. Les réactions ont été immédiates.
Le gouvernement français n'a pas attendu pour manifester son désaccord. Le ministre de l’économie Emmanuel Macron l’a tout de suite exprimé par écrit à l’AFP. Dans cette lettre, il dénonce un opportunisme qui met en danger le consommateur français. Selon le ministre, "Le temps n'est pas à des rapprochements opportunistes auxquels plusieurs peuvent trouver un intérêt qui ne retrouve pas ici l'intérêt général". Pour lui, « la consolidation n'est pas aujourd'hui souhaitable pour le secteur. L'emploi, l'investissement et le meilleur service aux consommateurs sont les priorités. Or les conséquences d'une consolidation sont à ces égards négatives, comme l'ont prouvé les cas récents en Europe".
Dans un communiqué rendu publique en ce début de semaine, Bouygues confirme avoir reçu cette offre et rassure qu’aucune négociation n’est en cours avec le groupe Altice, mais que le conseil d’administration prévu ce Mardi 23 Juin se penchera sur la question.
Il est important de relever que la filiale des télécommunications n'est depuis, plus la poule aux œufs d'or du groupe Bouygues. Avec la venue de Free Mobile, Bouygues Telecom a vu la valeur de ses actions dégringolées au fil des années. Et l'entreprise a amorcé l'année 2015 sous de mauvais hospices. Il est donc probable pour son fondateur Martin Bouygues, de voir en la proposition de Patrick DRAHI, une réelle porte de sortie du monde exigeant des opérateurs mobiles.
Des sources révèlent qu'il existe déjà un partenariat entre les deux concurrents, en ce que pour la fourniture des services câble et fibre, Bouygues Telecom utiliserait principalement le réseau Numéricâble-SFR.
On se souvient, il y a seulement un an, les rôles étaient inversés. Bouygues était l’un des candidats pour le rachat de SFR. La société de Martin Bouygues avait même fait une offre de 11,3 milliards d’euros devant Altice qui ne proposait que 10,9 milliards, mais qui a fini par l’emporter.
L’un des facteurs qui avait joué en défaveur de Bouygues et qui est encore aujourd’hui la pancarte brandie par la société civile, c’est le fait de voir réduire le nombre d’opérateurs télécoms de quatre à trois. C’est la crainte exprimée par le gouvernement, de voir une montée des prix dans le secteur, dans une concurrence devenue fragile. Certains ressassent le souvenir du niveau élevé des prix à l’époque où il n’y avait que trois opérateurs.
En plus de la probabilité de hausse des prix, 3000 postes seraient également inquiétés, si les deux opérateurs fusionnaient à cause des doublons de fonction que cela causerait en interne. C'est donc un risque majeur de chômage, que dénonce la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT), par la voix de son secrétaire général Laurent Berger.
Il faut aussi signaler que le PDG d’Altice, déjà propriétaire de Numéricâble, câblo-opérateur leader en France, et de SFR prévoit s'allier à Free pour le partage des butins, et plus précisément les fréquences allouées à Bouygues, en échange d'une contribution de ce dernier dans le rachat. Mais le quatrième opérateur mobile français reste, pour le moment, silencieux.
Source : Le Journal du Dimanche
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