
Le procès des diffuseurs allemands RTL Interactive et ProSiebenSat1 fait valoir que les utilisateurs ne devraient pas être en mesure de bloquer les publicités sur leurs sites Web et qu’Adblock Plus ne devrait pas être en mesure d'offrir sa Politique d’Annonces Acceptables qui exige des grands éditeurs de se plier à une série de normes et parfois même de payer de lourds frais afin de figurer sur la liste blanche de son service de blocage. Et même dans ce cas, les utilisateurs peuvent toujours choisir de bloquer toutes ces annonces.
Malgré cet argument, un tribunal de Munich a statué mercredi en faveur du propriétaire d’Adblock Plus qu’est EYEO, selon un communiqué de presse envoyé par la société. Un porte-parole du tribunal a confirmé la décision au quotidien The Guardian et dans un communiqué a ajouté que parce que les utilisateurs choisissent de télécharger Adblock et qu'il ne jouit pas d’une position suffisamment dominante sur le marché pour étouffer la majorité des revenus publicitaires des éditeurs, raison pour laquelle le blocage des publicités logiciels n’a pas été considéré comme anti-concurrentiel.
Voici donc un autre revers pour les éditeurs et les vendeurs de publicité en ligne. En Allemagne, un verdict avait déjà reconnu le blocage de publicités comme étant légal et ce à un moment où le blocage de publicités observait une hausse - le nombre de personnes avec des bloqueurs de publicité installés dans le monde a connu une augmentation annuelle de 70% en 2014, selon PageFair et Adobe. Adblock Plus quant à lui revendique 50 millions d'utilisateurs actifs.
Eyeo, qui est basé à Cologne, a expliqué dans un communiqué envoyé par courrier électronique : « nous sommes ravis de la décision prise aujourd'hui par le tribunal de Munich, qui représente une autre victoire pour chaque utilisateur d'Internet. Elle confirme le droit de chaque individu à bloquer les publicités ennuyeuses, à protéger leur vie privée et, par extension, à déterminer sa propre expérience de l'Internet. Cette fois, elle confirme également la légitimité de notre initiative Annonces Acceptables comme un compromis dans le monde souvent controversé et rarement progressif de la publicité en ligne ».
Pendant ce temps, c’est une mélodie différente qui est jouée chez ProSiebenSat1 : « aujourd'hui est aussi un triste jour pour les utilisateurs d'Internet, parce qu’AdBlock Plus compromet les options de financement pour tous les sites Internet gratuits Nous pensons toujours que le verdict est irrecevable en vertu des droits d'auteur et des lois antitrust, et il s’agit d’une attaque anti-concurrentielle sur la diversité des médias et la liberté de la presse. Par conséquent, nous allons passer en revue les options d'appel et une action en justice contre EYEO ». Même son de cloche chez RTL qui explique que : « nous jaugeons un cours d'action possible contre la décision et évaluons les perspectives d'un appel ».
Une décision qui intervient un mois après qu’Adblock Plus ait été victorieux dans un tribunal de Hambourg contre les éditeurs allemands Zeit Online et Handelsblatt qui avaient contesté le droit d’Eyeo d’accepter les annonces en ligne.
Il s’agit de la quatrième fois que les éditeurs ont engagé des poursuites judiciaires contre Eyeo, mais, dans chaque cas, les tribunaux ont pris le parti de la société de blocage de publicités. « Alors, nous sommes heureux de dire qu’Adblock Plus continuera de fournir aux utilisateurs un outil qui les aidera à contrôler leur expérience de l'Internet. En parrallèle, nous nous efforcerons de travailler avec les éditeurs, les annonceurs et les créateurs de contenu pour encourager des annonces non intrusives, découvrir de nouvelles façons de faire et de meilleures annonces pour un écosystème internet plus durable », a avancé un porte-parole d’Eyeo. Une autre poursuite, engagée par l'éditeur allemand Axel Springer, est toujours en cours devant un tribunal de Cologne.
L'argument massue contre le blocage des publicités est que cela fait perdre de l’argent à l’annonceur et constitue une menace existentielle pour les éditeurs qui comptent sur les recettes publicitaires pour présenter leurs contenus aux utilisateurs gratuitement. Les éditeurs ont également critiqué la façon dont le blocage des publicités des sociétés comme Eyeo facturent de grands éditeurs et des sociétés comme Google et Amazon pour qu’ils figurent dans la liste blanche.
Pour Ben Williams, le responsable de la communication et des opérations d’Adblock Plus, « le blocage des publicités est un symptôme de mauvaises publicités. Les annonces de journaux, les annonces dans les magazines et à la télévision constituent un niveau d’acceptation jusqu’à un certain degré. Mais ceux-ci ont été transférés un à un sur l'espace numérique, et ça ne fonctionne pas si bien ». Un peu plus tôt ce mois, Adblock Plus a lancé son premier navigateur mobile sur Android qui bloque les publicités.
Source : The Guardian
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