
Aussi, lundi 26 janvier, Wikileaks a écrit une lettre adressée à son PDG Eric Schmidt pour protester contre le fait que le numéro un de la recherche n’ait révélé le mandat que le mois passé alors que depuis mars 2012 il est utilisé pour collecter des informations. Dans cette lettre, les avocats de Wikileaks se disent « étonnés et embêtés que Google ait attendu plus de deux ans et demi pour faire savoir à ses utilisateurs qu’un mandat de perquisition a été délivré à l’encontre de leurs archives ».
Rédigée par Michael Ratner, un avocat new-yorkais de Wikileaks du Centre des droits constitutionnels, la lettre somme Google de lui faire une liste de tous les éléments qui ont été fournis au FBI à la suite de ces mandats de perquisition ainsi qu’une copie des injonctions de la cour accompagnée de toutes les communications impliquant Google, les forces de l’ordre et/ou le United States District Court pour le District Est de Virginie. « S’il se fait trop tard pour que nos clients aient la notification qu’ils auraient dû avoir, ils peuvent encore avoir droit à une liste des divulgations faites par Google au gouvernement ainsi qu’une explication sur les raisons pour lesquelles Google a attendu plus de deux ans et demi avant de faire une quelconque notification », a expliqué l’avocat.
Ratner affirme que le mandat qui a été délivré en 2012 était en conjonction avec une enquête gouvernementale en cours sur WikiLeaks qui était suspecté d’espionnage, de complot dans le but d’espionner, de vol ou de détournement de biens appartenant au gouvernement américain, et de violation du Computer Fraud and Abuse Act. Toutefois, Google n’a notifié ses clients que le 23 décembre 2014. « Si mademoiselle Harrison, monsieur Hrafnsson ou monsieur Farrel avaient été au courant de telles procédures, ils auraient pu réagir et protéger leurs intérêts y compris leur droit à la vie privée, la liberté d’association et les perquisitions illégales », explique l’avocat.
Pour sa défense, Google a expliqué qu’il n’a été capable de parler de ce mandat plus de deux ans après à cause d’une clause de non-divulgation qui a été signée avec les inspecteurs fédéraux et qui l’obligeait à garder les demandes du gouvernement relatives aux données des employés de Wikileaks pour lui pendant un certain moment. D’ailleurs, un porte-parole de l’entreprise a affirmé à nos confrères du Wall Street Journal que l’entreprise continue le dialogue sur les réformes de la surveillance « qui nous permettraient d’être plus transparents ». « Notre politique est de parler au public des demandes gouvernementales relatives à leurs données, sauf dans certains cas, comme lorsque nous sommes tenus au secret par une injonction de la cour, ce qui, malheureusement, arrive assez souvent » a précisé Google.
Harrison, l’une des personnes qui a fait l’objet de la surveillance, s’est dite stressée uniquement par le fait de savoir que des officiels du gouvernement ont pu avoir accès à ses courriels privés : « savoir que le FBI a lu les mots que j’ai utilisés pour consoler ma mère lors d’un décès dans la famille me rend malade »
L’injonction de la cour donnait largement la main à la collecte de données puisqu’elle permettait d’intercepter pratiquement toutes les communications numériques en provenance ou à destination de ces trois cibles. Google a expliqué qu’il devait remettre le contenu de leurs courriels, y compris ceux qui étaient envoyés et reçus, même tous les projets de correspondance (brouillons) ainsi que les courriels supprimés. D’autres données comme les adresses de chaque courriel, la date ou encore l'heure faisaient également partie des éléments auxquels les forces de l’ordre pouvaient avoir accès.
Le FBI a également demandé toutes les archives concernant les comptes internet utilisés par les trois, y compris les numéros de téléphone et les adresses IP, les détails sur le temps et la durée de leurs activités en ligne ainsi que les adresses électroniques alternatives. Même les numéros de carte de crédit ou compte bancaire associé avec ces comptes devaient être révélés.
Alexander Abdo, avocat du personnel et experte de la vie privée au sein de l'American Civil Liberties Union, a déclaré que ces mandats de perquisition étaient « scandaleusement large» dans leur libellé.
« Il s’agit essentiellement de ‘remettre tout ce que vous avez sur cette personne’ », a-t-elle expliqué dit. « C’est troublant, car il est difficile de distinguer ce qu’a fait WikiLeaks dans ses divulgations de ce que les grands journaux font chaque jour lorsqu’ils parlent de représentants du gouvernement et publie des informations encore secrètes ».
Source : Wikileaks, WSJ