Lors d’un débat sur les conséquences des programmes d’espionnage d’internet par les services de renseignement américain sur le secteur technologique organisé par le sénateur démocrate de l’Oregon Ron Wyden, président de la commission des finances du Sénat, Eric Schmidt n’a pas eu sa langue dans sa poche. Le Président du Conseil d’Administration de Google estime que « l’impact est grave et empire. Le résultat le plus évident est que nous allons finir par casser internet ».
Parmi les autres participants au débat figurait son homologue Ramsey Homsany, PCA de l’entreprise de stockage en ligne Dropbox, qui estime que la confiance entre clients et entreprise qui est au cœur même de l’engin économique d’internet a commencé à « pourrir de l’intérieur ». « L’élément de confiance est extrêmement insidieux » a-t-il déclaré avant de poursuivre « qu’il s'agit de courriels personnels, il est sur les photos, il s'agit de plans, il s'agit de dossiers médicaux ». Il faut rappeler que les documents portés à la connaissance du public par l’action de Snowden indiquent que le gouvernement américain a enregistré de nombreux appels téléphoniques effectués aux États-Unis, des courriels, des messages Facebook et même des messages instantanés d'un nombre de personnes qui reste toujours indéterminé.
Aussi, afin de regagner la confiance des utilisateurs aussi bien au niveau national qu’international, les intervenants ont invité les législateurs américains à revoir les pratiques d’espionnage. Il faut dire qu’à l’extérieur des frontières américaines, des actions ont été entreprises pour y pallier. Notons par exemple la loi controversée européenne du « droit à l’oubli » qui stipule que les citoyens européens ont le droit de demander aux moteurs de recherche d’enlever des résultats qui pourraient porter atteinte à leur vie privée.
Les participants ont également noté que certains pays demandent désormais aux groupes internet d'héberger leurs services ou leurs données dans des serveurs basés localement plutôt qu'aux États-Unis. « L'idée d'avoir à installer des centres de données et les données elles-mêmes au niveau régional est fondamentalement opposée à la manière dont internet est structuré », a expliqué Colin Stretch, responsable des affaires juridiques chez Facebook. « Imaginez si (les co-fondateurs de Google) Larry (Page) et Sergey (Brin) étaient dans leur garage, et que la deuxième chose sur leur liste de choses à faire était de construire un centre de données en Allemagne » ironise Homsany. Ce dernier d’ailleurs a rappelé que 70% des utilisateurs de Dropbox se trouvent hors des frontières américaines ; par conséquent, cela couterait des milliards de dollars à l’entreprise avec de telles régulations en Europe de l’Ouest uniquement. Il estime que si de telles lois étaient ratifiées, cela détruirait la capacité de petites startups d’opérer en dehors des États-Unis.
En attendant donc d’avoir ces nouvelles lois américaines qui feront peut-être à nouveau planer un climat de confiance auprès de la communauté internationale, les grandes pointures technologiques ont décidé de mettre le pied à l’étrier et se proposent de renforcer la sécurité et la protection de leurs services ainsi que de leurs réseaux ; « en l'absence de meilleures lois, nous sommes tous obligés d'investir dans de meilleures technologies », a noté Brad Smith, responsable des affaires juridiques chez Microsoft. « Si les membres du gouvernement s'inquiètent du chiffrement, ils doivent investir dans de meilleures lois ».
« Il est temps de mettre fin à la drège numérique, qui nuit à la liberté américaine et à l'économie américaine sans rendre le pays plus sûr. Le gouvernement américain devrait cesser d'exiger des sociétés américaines de participer à la collecte téméraire des données de leurs clients, et de commencer le processus de reconstruction de confiance à la fois ici et à l'étranger » estime le sénateur Wyden.
Source : Economic Times
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Le , par Stéphane le calme
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