
Pour rappel, la Magna Carta Libertatum ou Grande Charte est une charte de soixante-trois articles arrachée par le baronnage anglais au roi Jean sans Terre le 15 juin 1215 après une courte guerre civile notamment marquée par la prise de Londres, le 17 mai, par les rebelles. Les barons étaient excédés des exigences militaires et financières du roi et de ses échecs répétés en France, en particulier à Bouvines et à La Roche-aux-Moines. Sur la Magna Carta, Jean Sans Terre s'engage à garantir les libertés de l’Église et des villes, à se soumettre à la décision du Commun Conseil pour établir un impôt et aussi à ne plus arrêter les hommes libres de façon arbitraire.
Lorsqu’il a été interrogé sur la « plus grande menace à la liberté sur internet de nos jours », voici ce qu’il a répondu : « j’avais l’habitude de dire que ce serait soit le contrôle d’internet par le gouvernement, dans des pays comme la Chine, ou le contrôle d’internet par de grosses entreprises, dans des pays comme les États-Unis ». Par la suite, il a avancé « qu’il s’avère que c’est un peu plus subtil que ça. Aux États-Unis, les grosses entreprises financent des députés et leurs campagnes d’élections. Il y a un adage populaire à Washington qui dit ‘investissez en Amérique, achetez un membre du Congrès’. Donc on peut dire que de grandes entreprises contrôlent le gouvernement de toute façon. La plus grande menace est de voir une quelconque puissance prendre le contrôle d’Internet ».
« Si une entreprise peut contrôler votre accès à internet, si elle peut contrôler les sites que vous visitez, alors elle a un contrôle sur votre vie » a-t-il déclaré. Pour illustrer son propos, il explique que « si un gouvernement peut vous empêcher par exemple d’aller sur des pages de l’opposition politique, alors il peut vous donner une vision biaisée de la réalité pour se maintenir au pouvoir. Tout d’un coup le pouvoir d’abuser de la liberté d’internet est devenue vraiment tentant à la fois pour les gouvernements et les entreprises »
En mars dernier, Sir Tim Berners-Lee décrivait internet dans son idéal et expliquait qu’il voulait que le 25e anniversaire du WWW soit l’occasion de penser au type de web que chacun veut. « Vous pouvez aller au webat25.org et vous y trouverez des liens. Il y a un tas de sites où les gens ont commencé à assembler une Magna Carta, une déclaration des droits pour le web. Ça vous dit qu'on fasse ça ? Ça vous dit que nous décidions, dans un sens, c'est ce qui devient les droits fondamentaux, le droit de communiquer avec qui je veux. Qu'y aurait-il sur votre liste pour cette Magna Carta ? Ouvrons au public une Magna carta pour le web. Faisons-le cette année. Utilisons l'énergie du 25e anniversaire pour ouvrir au public une Magna Carta sur le web. ».
Cependant des questions se posent. Si une liste est ouverte au public pour compléter une Magna Carta pour le web qui garantit les droits fondamentaux, comment pourrions-nous l'appliquer? Devrait-elle être votée par chaque pays pour en faire un droit ? Si c'est le cas, est-ce que les grandes entreprises ne pourraient pas « acheter un membre du Congrès » afin qu'ils puissent enlever des portions de la Magna Carta nuisibles à leurs modèles d'affaires ? Les gouvernements et les entreprises n’utiliseraient-ils pas les « mauvais » exemples d’utilisations d’internet pour combattre ces propositions de loi ?
Quoiqu’il en soit, Sir Berners-Lee avance que la liste doit « refléter toute l’humanité, y compris ‘des choses horribles’ » afin qu’internet soit un « milieu neutre ». Bien entendu, il ne sous-entend pas que tout doit être légal puisqu’il ajoute que « mais, certaines choses sont bien sûr simplement illégales : la pornographie enfantine, la fraude, expliquer à quelqu'un comment braquer une banque, c'est illégal avant le web et reste illégal après le web. »
Source : The Guardian, TED de mars
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