Le quotidien précise quand même que cette autorisation juridique n’est pas synonyme de surveillance permanente de tous ces 193 pays. Elle traduit simplement le fait que les Services Secrets en avaient le pouvoir légal.
Mais les pouvoirs légaux octroyés à la NSA sont plus flexibles qu’il n’y paraît puisque le document autorise d’intercepter toute communication « à propos » de ces cibles, étant de facto le spectre d’action des Services Secrets. Cette flexibilité a soulevé l’indignation des défenseurs des libertés individuelles aux USA car cela pourrait potentiellement inclure par exemple des courriels de journalistes ou académiciens américains entretenant de nombreux échanges avec des gouvernements étrangers si la NSA établit qu’ils sont susceptibles de posséder des informations qui lui seront utiles.
La NSA a souvent souligné que son rôle était précisément d’intercepter les communications à l’étranger, mais surtout qu’elle ne s’intéressait qu’aux cibles qui correspondent à un objectif précis de renseignement, selon des critères fixés par l’exécutif. D’ailleurs la Maison Blanche a plusieurs fois déclaré que les États-Unis ne s’intéressaient pas aux citoyens ordinaires.
Cependant, Jennifer Granick, directrice des libertés civiles au sein de la Stanford Center for Internet, estime quand même que les données américaines peuvent être balayées par la NSA et la plupart des décisions sur la façon dont les données américaines sont transportées à l’international sont faites par les fournisseurs eux-mêmes. « Ils ont des data centers offshore à des fins de latence/redondance alors les données américaines pourraient y être stockées » explique-t-elle. « Il y a des règles sur la façon dont ils peuvent utiliser les données d’une personne américaine ou non-américaine mais ces règles sont des protocoles internes à l’exécutif ou encore à l’agence et elles sont vraiment très libérales ».
Jennifer Granick
La NSA a publié son premier rapport de transparence qui fait état de près de 90 000 cibles visées durant l’année 2013. Ces cibles ne sont pas nécessairement des individus mais peuvent également être des associations voire même des organisations. Un projet de réforme des Services Secrets a déjà été validé par la Chambre des Représentants et c’est désormais au Sénat de se prononcer. Cependant, lesdites réformes ne prévoient pas de changement aux programmes visant l’étranger.
Source : Washington Post