Sauf que cette appétence date d'avant ces sorties si l’on en croit un autre éditeur, Report One, présent depuis 2004 sur le secteur de la BI pour les TPE / PME.
Las de n’avoir aucune donnée fiable sur le sujet (un comble pour des experts de la donnée), Report One a décidé de lancer une enquête dont il a rendu publique les résultats en fin d’année dernière. Des résultats qui peuvent servir à tous les professionnels de l’IT en contact avec ce type d’entreprises.
Un sujet qui n’intéresse pas les grands cabinets américains
Le plus curieux est qu’aucune étude sérieuse n’ait été faite sur le sujet.
Cette absence s’expliquerait par la différence entre les définitions de ce qu’est une PME dans l’acceptation classique française (moins de 500 salariés) et américaine (jusqu’à 1000 employés). Comme les cabinets comme Gartner ou IDC reprennent régulièrement la définition américaine, une zone d’ombre persiste. D’autant plus que ces grands cabinets américains se tournent rarement vers le segment d’entrée du marché, et encore moins en France.
Pour mieux comprendre les spécificités de cette BI (qui n’est pas une « BI du pauvre »), l’éditeur 100% français basé à Albi a donc décidé de s’attaquer au sujet.
Première étape : il a fallu définir avec précision la cible de l’étude. A savoir les entreprises de 10 à 500 salariés (182.000 en France). Le questionnaire a été envoyé à 2.000 d'entre elles, dont un peu plus de 310 ont répondu.
Comme d’habitude, on prendra avec des pincettes un rapport réalisé par un éditeur qui est partie prenante. Mais ses conclusions restent néanmoins intéressantes dans le désert d’information qui entoure les TPE/PME et leurs usages analytiques.
Pas de mots compliqués et des solutions simples, svp…
Que nous dit Report One ? En une phrase : que les PME n’aiment pas les grands mots (Big Data, Cloud, etc.) mais que « le décisionnel est en effervescence dans ces entreprises ». En témoigne le Chiffre d’Affaires de l'éditeur, très lié à ce marché, qui a progressé d’environ 30% en moyenne sur les 5 dernières années, et ce dans un marché du logiciel professionnel en recul de 1%.
Mais « le phénomène reste nouveau, il faut encore démocratiser l’outil » constate Philippe Timsit, PDG de Report One. Et pour le démocratiser, il faut expliquer ce qu’est la BI à des décideurs pour qui l’outil se confond souvent avec Excel.
Une idée pas nécessairement fausse (Excel a des fonctionnalités BI et MyReport, la solution de Report One, est en quelque sorte une « surcouche » pour le tableur de Microsoft). Mais une idée qui doit être élargie (à la gestion de la qualité des données, à des règles de modélisations claires, etc.) pour aller plus loin que la simple feuille de calculs, nébuleuse et mal agencée, avec deux ou trois indicateurs opérationnels que personne n’a envie d’utiliser.
C’est d’ailleurs un autre point clef levé par Report One… qui là encore vaut pour toute l'informatique professionnelle. Les PME n’aiment pas les « Buzz Words », certes, mais elles aiment encore moins les solutions complexes (que ce soit à mettre en place ou à utiliser).
« Les solutions historiques comme Business Object, Cognos, Sage, SAS, etc. sont trop compliquées pour ces entreprises », analyse Philippe Timsit à la lumière de son expérience. « Pour que cela fonctionne, il faut que l’utilisateur puisse être autonome ». Autrement dit, les PME ont une exigence de simplicité.
Résultat, les solutions open-source (Jaspersoft, Pentaho) seraient quasiment absentes du marché des TPE/PME. « Ces solutions sont bonnes, mais trop techniques pour elles », observent les auteurs du rapport.
… Mais des envies de résultats concrets et de rapidité
Ceci dit, simple ne signifie pas simpliste. Les chefs de petites et moyennes entreprises ne veulent pas investir pour n’avoir au final que de la visualisation statistique améliorée. Ils souhaitent – avant de se lancer dans le grand bain – être sûr qu’ils auront une vision et des retombées opérationnelles allant de la finance au marketing.
La quadrature du cercle ? Un peu. Mais un problème qui d’après Report One se résout par l’accompagnement et le support. « Il faut mettre le produit dans les mains des utilisateurs et leur démontrer concrètement ce qu’il peut faire », explique Philippe Timsit. Ce que des éditeurs historiques appellent les « users cases » (en français : des scénarios d’utilisations). « Les PME veulent que l’on sorte de la technique pure pour aller vers l’usage. Elles veulent par exemple que le décisionnel mette les différents tableaux de bords en cohérence ». Ou comment faire du MDM sans le savoir.
D’autres problèmes très pragmatiques préoccupent les dirigeants des TPE/PME, bien loin de l’analyse prédictive et du Big Data, mais qui ont de réelles répercussions économiques et managériales. Pour eux, une solution BI doit « pérenniser les tableaux pour ne pas être dans l’impasse quand le cador d’Excel s’en va ». Elle doit aussi permettre « le filtrage des données en fonction des profils » (autrement dit gérer des droits d’accès en fonction de la confidentialité des documents).
Et le tout très rapidement. Car d’après le dirigeant de Report One, « les PME en ont ras le bol des projets longs ». Elles demandent des solutions déployables en 8 à 15 jours. Pas plus.
Un laps de temps qui est incompressible ne serait-ce que pour nettoyer les données – la qualité de celles-ci est citée par un tiers des PME comme frein principal à leurs projets BI - avant de les injecter dans les tuyaux du décisionnel.
Quant au budget, un projet type de BI en PME tournerait entre 15 et 20.000 €. Pour un ROI (retour sur investissement) moyen de 6 mois.
Dans les PME, l’achat de solutions BI s’appuie beaucoup sur le bouche à oreille
Reste une situation à laquelle l’éditeur Tarnais ne s’attendait pas : « les décideurs vont chercher de l’information sur le décisionnel auprès de leurs paires… Ils ont besoin de retours. Ils en parlent entre eux, mais peu dans les salons professionnels ! ».
Conséquence, le pouvoir de prescription des précurseurs est énorme. 70% des PME qui se lancent dans un premier achat de BI le feraient sans aucune mise en concurrence des solutions.
« Cette proportion du bouche à oreille nous a étonnés », admet Philippe Timsit.
Un marché encore jeune
L’avenir dira si cette particularité persiste où si elle est constitutive d’un marché encore jeune. « Seules 25 % des PME interrogées sont équipées depuis plus de 3 ans » note l’étude. Et pour 60 % des déploiements, il s’agissait d’une grande première.
Quant à la satisfaction, selon que l’on verra le verre à moitié vide ou à moitié plein, on dira qu’elle est bonne ou moyenne puisque « compte tenu des bénéfices, une entreprise sur deux qui a acquis une solution BI envisage d’étendre l’utilisation d’outils décisionnels à d’autres services (NDR : que celui ou ceux initialement prévu(s) ».
Pour situer l'auteur de ce rapport, Report One a été créée en 2001. Il emploie aujourd’hui 45 collaborateurs dans 6 agences (Pau, Nantes, Lille, Lyon, Paris et à son siège). Basé à Albi, l'éditeur réalise un chiffre d’affaires de 4 millions d’Euros. Il revendique 3.000 clients pour 20.000 utilisateurs (contre 750 et 4500 utilisateurs en 2007). Parmi ceux-ci on trouve principalement des PME, comme l’Olympique de Marseille, la Cité de l’Espace ou SeLoger.com, mais aussi quelques grands groupes comme La Banque Postale ou Groupama. Sa gamme de produits MyReport s'appuie sur Excel et semble être aujourd'hui en concurrence frontale avec la nouvelle offre BI de Microsoft, Power BI.