Pour Gérald Karsenti, PDG de la branche française de HP, aucun doute : tous les voyants sont au vert pour sa société. Le plan de reconstruction à 5 ans (« Challenge 2017 ») suit son cours. Aujourd’hui le constructeur / éditeur / fournisseur de services affichant un chiffre d’affaires mondial de 112 milliards de dollars, a épongé ses dettes et bénéficie d’un cash flow de 11.6 milliards. Les chiffres français, eux, restent confidentiels, « les groupes à capitaux étrangers » ne communiquant pas leurs résultats filiale par filiale.
HP possède un cash-flow de 11.6 milliards de dollars, de quoi faire des rachats
Mais Gerald Karsenti est plus qu’optimiste. La France fait en effet partie des 5 pays les plus porteurs pour HP aux côtés des États-Unis, du Canada ou du Royaume-Uni. Il estime au passage le marché global national sur lequel se positionne l’entreprise à 40 milliards de dollars.
Côté ventilation, les PC (tablettes, portables, desktop) et la branche imprimantes représentent la moitié des revenus de HP. L’autre moitié étant constituée principalement de services aux entreprises (infogérance) et de la branche hardware professionnel (serveurs, stockage, maintenance et conseil). Quant aux logiciels (gestion du cycle de vie des applications, gestion de contenus, Big Data, etc.), ces derniers ne représentent que 3 % du total mondial.
Peu ? Certes, « mais c’est une activité très stratégique pour HP », souligne immédiatement le PDG de la branche française, « c’est le cœur de l’entreprise ».
Pour l’avenir, HP n’exclut pas de procéder à des acquisitions. Une hypothèse rendue plus que probable grâce à ses milliards de liquidités. Principales cibles annoncées, pour 2014 ou après, le Cloud… et le logiciel.
Acquérir un savoir-faire précurseur dans le Big Data, la mobilité et la sécurité comme il l’a fait dans la construction de Cloud
Ces cibles correspondent en fait aux grands objectifs de l’entreprise pour l’année à venir. Avec en tête de liste « se renforcer dans le Cloud » (comprendre : dans l'équipement de Datacenters capables de fournir des services à la demande), « dans les PME/PMI » avec une nouvelle gamme de micro-serveurs, et « investir dans le Big Data, la mobilité et la sécurité » - trois domaines où des acquisitions logicielles devraient donc se produire.
Le PDG de HP France veut d’ailleurs faire avec le Big Data ce qu’il a fait avec le Cloud. A savoir : être précurseur dans la construction de ce type d’infrastructures – en collaboration et pour le compte de SFR – pour acquérir un savoir-faire et un avantage concurrentiel qui lui permet aujourd’hui, d’après les chiffres de HP France, d’avoir une part de marché avoisinant les 70 %.
« Sur les 40 constructions de Clouds publics ou privés en France, HP en a fait 32 », revendique Jean-Marc Defaut, Directeur Activité Cloud Computing HP. Parmi ces globalement « trop peu nombreuses » réalisations nationales, HP France a participé notamment à l’élaboration de Clouds pour Criteo, e-TF1, la Société Générale, Numergy, GFI ou Cheops. Une liste qui reste néanmoins grandement confidentielle.
Cette stratégie d’investissement pour acquérir un savoir-faire « précurseur » devrait également être mise en œuvre pour la mobilité et la sécurité.
Cloud et mobilité favoriseraient un nouveau type de développement et le mouvement « devops »
Si HP n’a pas parlé d’outils de développement, il a cependant parlé des développeurs, des nouvelles contraintes qui s’appliquent à eux, comme des nouvelles méthodes de réalisation d’applications.
En résumé, la mobilité a favorisé la demande de micro-applications, aux UI plus intuitives, de codes plus simples et « plus esthétiques » (sic), avec des cycles de développements plus courts, des mises à jour plus fréquentes et des mises en production accélérées. Bref, des exigences qui sont résolues grâce aux outils de type Cloud, provisionnables en quelques minutes, et au « dévops », mouvement qui rapproche les développeurs des opérationnels du SI et des problématiques d’infrastructure.
Vers un nouveau type de développement ?
D’un point de vue industriel, on pourrait penser que ce mouvement vers les infrastructures hébergées aurait cannibalisé les ventes de serveurs. Pas du tout rétorque Gérald Karsenti, qui se refuse à donner des chiffres, mais qui promet que - pour la branche française tout du moins - l’année 2013 a été « éblouissante » pour les ventes de x86 et de blades.
Pas de IaaS ou de PaaS HP en France
Et 2014 partirait sur les mêmes bases. Le PDG ne prévoit donc pas d’inflexion sur ce secteur (pas à court terme en tout cas). Tout comme il table sur un retour de la croissance du marché des appareils portables (laptop, tablettes, hybrides) qui aurait touché son plus bas.
Questionné par la presse sur un retour de HP dans les smartphones, le dirigeant s’est refusé à tout commentaire. Avant de laisser échapper un énigmatique « quand on sait faire des tablettes, on sait faire plein d’autres choses… comme des Phablettes par exemple ». Ce qui ne signifie pas que HP ira, mais ce qui laisse à penser qu’il y réfléchit aujourd’hui sérieusement en interne.
Enfin, concernant HP Cloud Public, l’offre IaaS (orientée stockage et archivage) et PaaS lancée l’année dernière aux États-Unis pour concurrencer Amazon Web Services, HP confirme qu’elle n’est pas destinée à la France.
« Nous avons lancé cette offre aux USA… En France nous travaillons avec nos partenaires, comme SFR, pour qu’ils bâtissent eux-mêmes leurs offres Cloud ». Une stratégie qui devrait plaire aux hommes politiques français, de plus en plus à cheval sur le « Cloud Souverain ».
Source : Conférence de presse, 14/01/2014