Depuis quelques mois déjà, l'actualité IT parle de la NSA et de ses programmes d'écoutes, suivant le rythme des révélations d'Edward Snowden. Les réactions se multiplient pour pointer un doigt accusateur vers la « méchante » agence américaine de renseignements qui n'hésite pas à bafouer la moindre liberté civile au nom de son combat contre le terrorisme. Mais qui s'est déjà intéressé aux ingénieurs derrière les lignes de codes ? Les algorithmes qu'ils ont développés pour extraire des informations spécifiques dans une large quantité de données supposée impénétrable démontre un haut niveau de connaissance technologique. Savaient-ils à quoi leurs algorithmes allaient servir ? Si non, auraient-ils dû s'inquiéter d'une potentielle mauvaise utilisation ? Quoiqu'il en soit, sont-ils en partie aussi responsables que la NSA ou peut-on considérer qu'ils « faisaient juste leur travail » ?
Bien sûr ces questions ne sauraient simplement s'arrêter à ce corps de métier. Il serait légitime par exemple de se demander si les connaissances d'experts dans un domaine en particulier venaient à être utilisées dans un domaine moralement répréhensible, devraient-ils eux aussi être mis en cause ou devraient-ils juste être considérés comme simples exécutants ?
Dans le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui, la société associe des valeurs morales à certains métiers à l'instar de la médecine où les professionnels sont censés aider les gens ou encore la justice. Mais qu'en est-il de la technologie ?
Au 19e siècle, lors de l'avènement de l'ingénierie moderne, la société percevait la technologie comme nécessaire à son évolution. Les ingénieurs étaient alors responsables de la gestion des « grandes sources d'énergie dans la nature afin que l'homme puisse en disposer à sa convenance » expliquait le « UK Institution of Engineers » publié en 1828. De plusieurs façons, les ingénieurs ont contribué à l'amélioration de la vie et à la construction du monde moderne tel que nous le connaissons. Pourtant, aujourd'hui, les ingénieurs sont plus préoccupés par l'aspect technique et gestion du métier (conception d'algorithmes, construction de machines, etc.) que par le contexte de déploiement du fruit de leurs efforts et les éventuelles conséquences.
John Rogers, ingénieur de matériaux (qui s'occupe de la synthèse de matériaux) diplômé de l'Université de l'Illinois a inventé un appareil électronique révolutionnaire comme l'a reporté le journal Science ; en 2011 lui et ses collègues ont créé un circuit intégré en silicone avec les mêmes propriétés mécaniques que la peau. Comme la peau, ce circuit s'étire et reprend sa position initiale lorsqu'on tire dessus et qu'on le lâche. Il résiste à l'eau et peut récolter des ondes radio pour mesurer la température de la peau, le taux d'hydratation et même les signaux électriques du cerveau et du cœur. Le New Yorker magazine lui a alors demandé si cette invention était pour l'avancement de l'humanité ou si elle nous transformerait en robots sans âmes. Il a simplement répondu « les gens devraient y penser. Mais à la base je suis juste un ingénieur ».
Source : ICE, New Yorker magazine
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Ingénieur, où est passée ta conscience ?
Quel est le degré de responsabilité des ingénieurs derrière les outils d'espionnage gouvernementaux ?
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Le , par Stéphane le calme
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