
Mike Hearn, un ingénieur de l'équipe « sécurité des comptes utilisateurs » chez Google, adresse un « fuck you » à la NSA. Il rejoint ainsi son collègue Brandon Downey qui écrivait la semaine dernière « fuck these guys ». Toutefois, les deux ingénieurs tiennent à préciser le caractère personnel de ces propos et se dissocient de Google. Il faut dire que ces propos interviennent après que le Washington Post ait révélé la méthode trouvée par la NSA pour intercepter les données utilisateurs de Google.
Baptisé Muscular, ce programme ne dispose d'aucune supervision de la justice. La NSA en collaboration avec le GCHQ, son homologue britannique, intercepte directement les données utilisateurs de Google et Yahoo à l'insu des entreprises californiennes, au niveau de plusieurs échangeurs situés à l'étranger, qui connectent leurs « cloud » privés au reste d'Internet. Pour vous donner une idée de l'étendue de la surveillance, rien que sur le mois de janvier, 181 millions de communications, américaines et étrangères, ont ainsi été interceptées : des métadonnées de courriels (adresse, date) mais aussi des contenus (texte, audio, vidéo) ou encore des fichiers stockés en ligne.

« J'ai passé 10 années de ma vie à sécuriser les données des utilisateurs » raconte Downey, qui rappelle son combat contre les botnets, les attaques par déni de service, les vers informatiques et logiciels malveillants en tout genre, avec pour objectif de nuire à l'utilisateur ou à Google lui-même. Ce qui le choque n'est pas l'existence de ces attaques mais plutôt la perspective de savoir que les manœuvres les plus abouties sont parfois l'œuvre des agences fédérales américaines, parfois aidées par la législation. « C'est comme de rentrer à la maison après une guerre contre Sauron pour découvrir que la NSA est à l’orée de la Comté en train d’abattre les arbres. » explique-t-il, faisant référence au Seigneur des Anneaux.
Mike Hearn, quant à lui, va se montrer moins diplomate. « Malheureusement, nous vivons dans un monde où, trop souvent, les lois sont pour les petites gens. Personne au GCHQ ou à la NSA ne se tiendra jamais devant un juge pour répondre du détournement de la procédure judiciaire à une échelle industrielle » écrit-il. Et de préciser « qu'en l'absence de lois efficaces, nous avons fait ce que tout bon ingénieur ferait : mis au point des logiciels plus sécurisés ». Il en a profité pour remercier au passage Edward Snowden, l'ancien sous-traitant de la NSA à l'origine des fuites, pour avoir eu l'audace d'informer l'opinion publique malgré les risques qu'il encourt aujourd'hui.
Sources : Mike Hearn, Brandon Downey, Washington Post
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