Pour Fleur Pellerin, ce refus reste légitime dans le sens où l’état est actionnaire de référence d’Orange et qu’à ce titre il a son mot à dire pour préserver des emplois et garder la maîtrise, en France, de certaines technologies.
Sur la forme, néanmoins, la ministre admet que la négociation entre Arnaud Montebourg et Yahoo ! « aurait dû rester dans le secret ».
La Ministre précise également que le patriotisme économique ne doit pas aboutir à des entreprises « franco-françaises ». D’autant que le marché américain est une cible « prescripteur de tendances et incontournable » dans le secteur numérique pour faire grandir nos « pépites [qui] ont du mal à grossir ».
Fleur Pellerin, Ministre de l'économie numérique
Le refus d’Arnaud Montebourg et son explication par le Ministre du redressement productif (franche pour les uns, abrupte pour les autres) a suscité des accusations d’anti-américanisme outre-atlantique.
Pour le Wall Street Journal, « Yahoo! "n'aurait jamais dû porter son regard vers une entreprise française ». Pour le New York Times, dans notre pays « la souveraineté nationale prévaut souvent sur l'économie digitale ».
La Ministre Fleur Pellerin tente, elle, de calmer le jeu en rassurant les investisseurs potentiels et les journalistes étrangers.
« Notre idée n'est pas de partir en guerre contre les Américains. La presse anglo-saxonne a interprété cette affaire comme de l'antiaméricanisme, mais ce n'est pas le cas », tempère-t-elle. L'incompréhension serait donc surtout liée à une « communication [qui] n'était pas exactement alignée comme il aurait fallu qu'elle le soit ».
Problème sur la forme. Car sur le fond la Ministre rappelle que la France n’a pas vocation à brader ses entreprises, ni à faire preuve de naïveté face aux géants américains de l’IT. « Dans nos échanges avec les acteurs américains comme Google ou Apple, il y a une "tension amicale". […] L’économie numérique n'est pas un village gaulois. Mais, lorsqu'un deal ne nous convient pas et que nous sommes actionnaires, nous le disons ».
Pour elle, il ne s'agit donc pas de protectionnisme ou d'anti-américanisme mais bien de trouver des accords gagnant-gagnant. « Si cela passe par un tour de table avec des fonds de la Silicon Valley aux côtés d'Orange comme acteur de référence, cela ne me pose aucun problème », confirme-t-elle au JDD. Dans cette affaire, « le gouvernement a accordé à juste titre la préférence au développement industriel plutôt qu'à une plus-value et à un gain de cash rapide ».
Mais Fleur Pellerin est consciente que cette affaire Yahoo! – Dailymotion a pu envoyer un message brouillé à l’étranger.
Pour le clarifier, elle insiste, après le voyage du Président Hollande en Chine, sur l’ouverture de l’économie française. « Les investisseurs étrangers […] sont les bienvenus dans nos tours de table et sur nos territoires », conclue-t-elle.
Quoiqu’il en soit, comme le fait justement remarquer le journal dominical à la Ministre, la prochaine étape de la campagne « Say oui to France » auprès des investisseurs dans la Silicon Valley risque d'être (encore) plus compliquée que prévue.
Source : Le JDD, Les Echos (sur les réactions de la presse américiane)
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