Il faut reconnaitre qu'il y a certains commentaires qui m'effraient un peu.
Certaines personnes ont bien commencé à énoncer les faits, merci à elles.
On devrait reprendre pour que l'on parle bien de la même chose :
Déjà, m. Assange - contrairement à ce qu'affirme la presse en allant trop vite - n'a pas divulguer 250.000 câbles critiques d'un coup. A la base, ces informations sont fournis à 5 grands quotidiens (le Guardian, le New York Times, le Spiegel, El Pais et Le Monde) puis ça c'est étendu à d'autres quotidiens.
Tous les câbles retransmis ont donc d'abord été filtrés par ces médias.
Ceci était vrai jusqu'au 2 septembre 2011. Mais la menace d'engager des poursuites pour espionnage aux USA date de juillet 2010.
Le cas d'une des sources qui a été identifié est effectivement préoccupant - il s'agit bien entendu de m. Manning (
http://www.marianne2.fr/obj-washington/Il-faut-tuer-le-soldat-Manning_a92.html).
Évidemment, ça n'a quand même pas plu à l'administration américaine qui exerce des pressions sur les pays (Royaume-Uni / Suède / Suisse / Équateur maintenant) pour qu'au final une extradition soit possible vers les États-Unis, où, effectivement, il pourrait risquer la peine de mort, que se soit après un "procès" pour espionnage, ou parce que plusieurs appels à son assassinat ont été émis outre-atlantique :
http://en.wikipedia.org/wiki/Julian_Assange#Calls_for_Assange.27s_assassination.
Encore que, juridiquement parlant, son extradition ne devrait pas être facile : le droit européen repousse les extraditions des personnes sous mandat d'arrêt européen tant qu'il existe un risque de danger pour leurs vies ou santés
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:32002F0584:FR:HTML (article 23 - paragraphe 4) :
Il peut exceptionnellement être sursis temporairement à la remise, pour des raisons humanitaires sérieuses, par exemple lorsqu'il y a des raisons valables de penser qu'elle mettrait manifestement en danger la vie ou la santé de la personne recherchée. L'exécution du mandat d'arrêt européen a lieu dès que ces raisons ont cessé d'exister.
Et, à priori (mais je ne suis pas juriste), si Assange était extradé vers la Suède par le Royaume-Uni, il faudrait la validation du Royaume-Uni ET de la Suède pour l'envoyer aux États-Unis (article 28 paragraphe 4), ce qui rend le processus encore plus complexe :
Nonobstant le paragraphe 1, une personne qui a été remise en vertu d'un mandat d'arrêt européen n'est pas extradée vers un État tiers sans le consentement de l'autorité compétente de l'État membre qui l'a remise. Ce consentement est donné conformément aux conventions par lesquelles cet État membre est lié, ainsi qu'à son droit interne.
Mais bon, je ne les ai plus en tête mais il me semble que pour certains cas ces règles n'ont pas été appliquées (disons plutôt contournées).
Encore en ce qui concerne la "précipitation" des média, Assange n'est poursuivi que par la justice suédoise. Mais pas exactement pour viol (la notion de viol est différente selon les états) : je ne m'étends pas pour ne pas faire un pavé (trop) immonde. Article plus complet :
http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2010/12/08/wikileaks-julian-assange-nest-pas-un-violeur/. Il faut noter aussi l'état particulier des "victimes" (ne vous arrêtez pas au titre, malgré l'idée de "complot" racoleur, les sources sont bien présentes) :
http://www.legrandsoir.info/Julian-Assange-de-Wikileaks-accuse-de-viol-par-un-personnage-lie-aux-groupes-anti-castristes-finances-par-la-CIA.html.
Cela reprend des éléments publiés plus haut (merci Koemgun).
Enfin, en ce qui concerne le bras de fer diplomatique Royaume-Uni/Équateur, il est tout de même troublant.
Pour finir, je dirai que l'affaire dépasse largement l'opinion que chacun peut se faire de Wikileaks (droits pour la liberté d'expression / dangers pour les affaires d'états secret défense). Je reprends l'avant dernier paragraphe du texte suivant :
http://www.nytimes.com/2012/08/21/opinion/wikileaks-and-the-global-future-of-free-speech.html?_r=4&smid=tw-share
If Mr. Assange is extradited to the United States, the consequences will reverberate for years around the world. Mr. Assange is not an American citizen, and none of his actions have taken place on American soil. If the United States can prosecute a journalist in these circumstances, the governments of Russia or China could, by the same logic, demand that foreign reporters anywhere on earth be extradited for violating their laws. The setting of such a precedent should deeply concern everyone, admirers of WikiLeaks or not.
Au final, nous avons donc un gouvernement qui, sous prétexte qu'une personne a commis - à priori - un crime selon ses lois, mais qui n'a été fait ni sur le sol de cet état, ni par un ressortissant de cet état (donc fait à l'étranger par un étranger), fait pression sur le reste du monde pour pouvoir juger cette personne sur son territoire.
Si un cas comme celui-ci advient, pourquoi la Russie, la Chine ou n'importe quel autre pays du monde ne pourrait pas en faire autant sur quiconque (journaliste ou non) écrit / professe des propos qui ne lui convient pas ?
Si vous avez des sources (fiables de préférences), qui viennent compléter ou infirmer ses informations, j'en serai fort intéressé, merci beaucoup.
Avec tout ça - et ce n'est que mon avis - je comprends parfaitement les agissements des Anonymous qui luttent à leur façon. Il faut arrêter, une attaque de déni de service ne peut EN AUCUN CAS être comparé à du terrorisme. C'est une manifestation virtuelle et symbolique (puisqu'en général celles réelles sont parfois plus dangereuses et pas plus respectées par les dirigeants).
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