Abtin Forouzandeh est un développeur indépendant qui exerce ses talents (C#, C++, JavaScript, Erlang, Python, Ruby, etc.) en Californie. Ce nom ne vous dit certainement pas grand-chose. Et pour cause. Il n’est pas célèbre.
Un de ses articles a pourtant provoqué de très nombreuses réactions. Il faut dire que la thèse qu’il expose sur son blog personnel est à la fois intéressante et provocante : pour lui, un développeur freelance devrait être payé 200 dollars de l’heure minimum.
Pourquoi ?
Parce que les tâches qui peuvent être payées moins - et qui demandent donc moins d’expertise - ne seraient par définition pas issues de projets suffisament viables : « Si vous ne pouvez pas vous permettre de payer 200 $ de l’heure, vous ne devriez pas embaucher de programmeurs. Vous travaillez sur un problème qui répond aux besoins d’un marché trop petit ».
Ce tarif élevé permettrait surtout de créer une relation solide, sur des bases robustes, entre un donneur d’ordres et un prestataire.
A 200 dollars de l’heure, Abtin Forouzandeh avoue ne pas rechigner sur le temps de travail, même s’il est en vacances. Il admet également ne facturer que les heures effectives (et pas celles nécessaires à se former ou à se remettre à niveau, ou celles passées à corriger des bugs qu’un expert n’est pas supposé laisser passer).
« Au final, cela a beaucoup diminué les heures que j’ai facturées. Mais vous savez quoi ? Je n’en ai tiré aucune frustration. En fait, j’étais ravi [NDT : du travail fourni] et les clients aussi [NDT : du travail et des heures facturées] », écrit-il.
Mieux, payer cher prouve que le client est sérieux. Et inciterait donc à le traiter en priorité en cas d’urgence. Le prestataire, lui, serait moins susceptible de partir à ce tarif. Et si la charge de travail est moindre (seulement quelques heures de développement par semaine), le « job » sera fait quoiqu'il arrive car le développeur aura tout de même de quoi vivre et pourra profiter de son temps libre. « C’est toujours du gagnant-gagnant entre le prestataire et le client », en déduit Abtin Forouzandeh.
Autre avantage, payer 200 dollars de l’heure permet de prendre une décision rapide sur la poursuite d’une collaboration. Le travail est bon, tout est OK. Il est moyen, tout est fini. A 60 dollars de l’heure, toujours d’après le développeur freelance, les tergiversations et les compromis sont plus fréquents. Et les projets s’en ressentiraient.
La publication de cette « analyse » a suscité de très nombreuses critiques.
Notamment sur le fait que le talent et le prix payé ne sont pas forcément corrélés. Et que l’implication dans le travail est plus liée à l’éducation et à la personnalité qu’au tarif. Sans oublier ceux qui soulignent qu’un travail surpayé peut donner tous les droits aux donneurs d’ordres y compris celui de transformer les missions en calvaire.
Bref, payer plus ne serait pas obligatoirement une bonne idée.
Mais ce billet, avec toutes ses faiblesses, a au moins un mérite. Celui d’aller à l’encontre des annonces de plus en plus rependues qui cherchent à toujours payer moins, et à demander toujours plus.
« Pay Your Programmers $200/hour »
Et vous ?
Si on vous payait plus, travaillerez-vous (encore) mieux ? D'expérience, votre implication dans le travail est-il fonction du salaire que l’on vous verse ?
Constatez-vous que le prix facturé et le talent sont plus corrélés dans le développement informatique qu’ailleurs (comme l'affirme le billet d'Abtin Forouzandeh) ?
Pensez-vous comme Abtin Forouzandeh qu’un client qui ne peut pas payer 200 $ de l’heure est un client non viable qui travaille sur un projet trop modeste ?
Travaillez-vous mieux quand vous êtes plus payé ?
Travaillez-vous mieux quand vous êtes plus payé ?
Le , par Gordon Fowler
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