Les Tigres de Leicester ne sont pas n'importe qui. Certes, notre esprit chauvin nous fera dire que ce n'est pas le Stade Toulousain, mais tout de même. Avec neuf titres de champions d'Angleterre et deux couronnes européennes, le club fait partie de l'élite du Rugby continental.
Pourquoi en parler sur Developpez.com ?
Parce que ces Tigres viennent d'ajouter un nouvel outil informatique à leur portefeuille dans leur quête de performances. C'est ce qu'IBM vient de faire savoir sur son blog dédié aux technologies dîtes « intelligentes ».
On connaissait jusqu'ici les applications qui enregistrent les statistiques d'un match (pour la télévision par exemple) ou celles d'un joueur (nombre de placages, nombre de passes, kilomètres parcourus, etc.).
Mais cette étape est aujourd'hui dépassée. L'heure est au prédictif et à la BI. Autrement dit, l'informatique sportive ne se contente plus de rendre intelligible un ensemble de données, elle en tire à présent automatiquement des enseignements pour l'avenir.
Revenons-en aux Tigres. Le club a donc choisi d'utiliser IBM Business Analytics. Non pas pour optimiser ses ventes de produits dérivés ou sa billetterie en modulant le prix des places, mais pour prévenir les blessures de ses joueurs.
Une des originalités du projet est de prendre en compte des données objectives sur les joueurs (mesurées médicalement) ou sur la partie (intensité des rencontres en fonction des statistiques du jeu, répétition des matchs, etc.) et de leur ajouter des données subjectives, comme l'état de fatigue ressentie, le moral (état psychologique général déclaré par le joueur) ou le stress d'un match joué à l'extérieur (en milieu plus ou moins hostile en fonction du public local).
Toutes ces données sont ensuite compilées et génèrent des avertissements sur les joueurs « dans le rouge ». Le staff peut alors modifier l'entrainement de ces joueurs fragilisés ou même décider de les mettre au repos.
De cette manière, Leicester pourra – normalement – détecter des schémas répétitifs (les « patterns » de la BI) et des anomalies sur ses 45 joueurs pour améliorer leurs performances. Au niveau de l'équipe, la solution pourrait également permettre d'affiner la sélection pour repérer les personnalités susceptibles de mieux résister à la pression à l'extérieur.
« Nous avons beaucoup à gagner en gardant les joueurs expérimentés valides sur le terrain. […] En adoptant la solution d'analyse prédictive d'IBM, nous serons pour la première fois en mesure de tirer partie des données sur l'état physique des joueurs et d'améliorer considérablement nos performances », espère Andrew Shelton, Head of Sports Science des Leicester Tigers.
L'analytique sera également appliquée au repérage des jeunes talents. Le logiciel sera déployé dans l'Académie du club, qui regroupe les moins de 19 ans, pour « créer un processus de sélection plus affiné ». Mais aussi pour « amener un pourcentage plus élevé de jeunes talents jusqu'à l'équipe première ».
On pourra regretter le temps où l'humain et l'affect géraient tous les paramètres de ce sport. Mais pour Andrew Shelton, le temps n'est plus aux matchs viriles (et presque corrects) entre amateurs anglo-saxons et latins. « C'est de plus en plus concurrentiel chaque année », constate-t-il.
« Le sport n'est plus simplement un jeu, il devient de plus en plus une entreprise scientifique dirigée par les chiffres et les données » ajoute Jeremy Shaw, Directeur UK d'IBM Business Analytics pour les domaines Media et Entertainment. « L'époque est révolue où tout reposait sur le seul talent pur et sur le flair pour réussir » (en vo : « Sport is no longer just a game, it’s becoming more and more a scientific undertaking which is driven by data and numbers […] Gone are the days of relying on raw talent and gut instinct alone to succeed »).
Une vision qui ne manquera pas de faire réagir les anciens et les puristes.
Quoiqu'il en soit, rendez-vous est pris avec ces Tigres pour voir si, dans les saisons à venir, cette démarche qui « découvre des tendances cachées dans les données afin de prédire des résultats pour se procurer un avantage concurrentiel » portera ses fruits.
Ou si nos bons vieux Rugbys cassoulet, champagne ou paillettes (s'ils existent encore) peuvent toujours rivaliser avec la Perfide Albion et son Rugby à la « Big Blue ».
NB : la dernière phrase de cet article témoigne d'une scandaleuse mauvaise foi
Source : IBM
Et vous ?
Le Rugby a-t-il plus à gagner ou à perdre avec l'analytique et la BI ?
Leicester veut optimiser la performance de ses joueurs avec la BI
Le Rugby a-t-il plus à gagner ou à perdre avec l'analytique ?
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Le , par Gordon Fowler
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