Lors d’un dîner à la Maison-Blanche, Mark Zuckerberg a annoncé que Meta investirait « au moins 600 milliards de dollars aux États-Unis d’ici 2028 ». Mais quelques secondes plus tard, un micro resté ouvert l’a trahi : « Je n’étais pas prêt… je ne savais pas quel montant vous vouliez que je donne », a-t-il soufflé à Donald Trump. Une séquence embarrassante qui illustre la pression politique exercée sur la Silicon Valley et les ambiguïtés de la relation entre Big Tech et pouvoir exécutif américain.Le 4 septembre 2025, la Maison-Blanche accueillait un dîner exceptionnel dans le Rose Garden, fraîchement rénové. Autour de Donald Trump, revenu au pouvoir avec un second mandat placé sous le signe de la réindustrialisation et du nationalisme économique, les plus grands noms de la Silicon Valley étaient présents. Bill Gates, Tim Cook, Sundar Pichai, Sergey Brin, Sam Altman et bien sûr Mark Zuckerberg, patron de Meta, formaient un parterre inédit de puissances technologiques face à un président qui n’a jamais caché son ambition de soumettre la tech américaine à ses objectifs politiques.
L’événement devait être une célébration, un moment d’unité entre Washington et la Silicon Valley. Mais il n’aura fallu qu’une question apparemment anodine de Trump à Zuckerberg pour que la soirée bascule dans une séquence gênante devenue immédiatement virale.
Une promesse astronomique lâchée à la volée
Interrogé par le président sur les intentions d’investissement de Meta aux États-Unis, Mark Zuckerberg a semblé pris au dépourvu. Après quelques secondes d’hésitation, il a fini par avancer un chiffre colossal : « Au moins six cents milliards de dollars jusqu'en 2028 aux États-Unis, oui ». Un montant qui dépasse l’entendement, même pour une entreprise de la taille de Meta, et qui a surpris jusque dans les rangs des autres dirigeants présents.
Trump, ravi, s’est aussitôt tourné vers le public et les caméras, soulignant avec emphase la générosité de ce « deal » : « C'est beaucoup, merci Mark, ravi de vous avoir parmi nous. ». À ce moment précis, le président semblait avoir remporté une victoire symbolique, affichant la loyauté d’un géant technologique face à son leadership.
Le micro resté ouvert et la phrase de trop
Mais ce qui a véritablement déclenché la tempête médiatique est venu quelques secondes plus tard. Se penchant discrètement vers Trump, Zuckerberg a murmuré : « Je suis désolé, je n'étais pas prêt... Je ne savais pas quel montant vous souhaitiez». Problème : son micro était toujours ouvert. La phrase, aussitôt captée, a fait le tour des réseaux sociaux en quelques minutes.
La scène a été perçue comme un aveu implicite que le chiffre n’était pas le résultat d’une stratégie économique mûrie, mais plutôt une improvisation destinée à plaire au président. Sur Reddit et X, les internautes se sont empressés de tourner en dérision la scène, soulignant l’inconfort d’un PDG semblant demander la validation d’un président sur un chiffre purement rhétorique.
Un révélateur des rapports de force entre la Silicon Valley et Trump🚨NEW: Zuckerberg caught on a hot mic: "I wasn't ready to do our announcement. I wasn't sure what number you wanted to go with." 😂😂😂pic.twitter.com/VLXudG4dXb
— Autism Capital 🧩 (@AutismCapital) September 5, 2025
Cet épisode dépasse le simple embarras individuel. Il illustre à merveille la relation complexe entre les grands patrons de la tech et le pouvoir politique. Depuis son retour à la Maison-Blanche, Trump multiplie les pressions sur les géants technologiques pour qu’ils investissent massivement sur le sol américain, qu’ils créent des emplois et qu’ils soutiennent son agenda « America First ».
Pour les PDG comme Zuckerberg, il s’agit d’un exercice d’équilibriste. D’un côté, préserver la neutralité politique et rassurer leurs investisseurs. De l’autre, éviter de froisser un président connu pour ses colères publiques et son usage redoutable de la communication politique. Dans ce contexte, la tentation d’annoncer des chiffres spectaculaires pour séduire est grande, même au risque de paraître improvisé.
Des promesses financières aux contours flous
L’annonce des « 600 milliards de dollars » suscite évidemment des interrogations. D’où viendrait cet argent ? Meta, dont les revenus annuels se situent autour de 140 milliards de dollars, pourrait-elle réellement consacrer une telle somme en quatre ans rien qu’aux États-Unis ? Certains analystes estiment que le chiffre relève davantage du geste politique que d’un plan d’investissement crédible.
Ce flou n’est pas anodin. Il témoigne d’une stratégie de communication où l’affichage de grands montants devient une arme diplomatique pour apaiser Washington, tout en laissant volontairement dans l’ombre les modalités concrètes d’exécution. La scène rappelle d’ailleurs d’autres promesses spectaculaires faites par la Silicon Valley par le passé — souvent suivies de révisions discrètes ou d’abandons partiels.
Une soirée qui révèle aussi la compétition entre PDG
Le dîner était aussi l’occasion d’observer les interactions entre les grands noms de la tech. Bill Gates a salué avec prudence la politique d’innovation, Sundar Pichai a exprimé un certain soulagement face aux tensions réglementaires apaisées, et Tim Cook, comme à son habitude, a adopté un profil bas, évitant de se compromettre. Dans ce contexte, la maladresse de Zuckerberg contraste fortement avec la retenue affichée par ses pairs.
Certains observateurs y voient une volonté de se placer en première ligne auprès du président, quitte à risquer l’erreur. D’autres y lisent au contraire un signe de nervosité et de fébrilité, révélant la difficulté pour Meta de naviguer dans un environnement politique aussi imprévisible.
Un hot mic qui devient un symbole
Au-delà du buzz, ce « hot mic moment » est en passe de devenir un symbole des relations troubles entre Big Tech et le pouvoir politique. Il souligne la fragilité des dirigeants lorsqu’ils se retrouvent dans des mises en scène où le politique dicte le rythme, et où la moindre hésitation peut être exploitée.
Pour Zuckerberg, déjà régulièrement critiqué pour son image robotique et ses maladresses médiatiques, ce nouvel épisode renforce l’idée d’un dirigeant mal à l’aise, prêt à improviser pour ne pas déplaire. Pour Trump, en revanche, la séquence s’ajoute à son arsenal de communication : celle d’un président capable d’obtenir des promesses historiques des titans de la Silicon Valley.
L'administration Trump évaluerait la loyauté des entreprises
L'administration Trump a mis en place une approche singulière dans ses relations avec le monde des affaires, marquée par une évaluation officieuse de la loyauté des entreprises et une distribution ciblée de faveurs, notamment en direction des géants de la technologie. En effet, elle a mis fin à des mesures coercitives potentielles contre des dizaines d'entreprises technologiques et 165 sociétés au total, tenant ainsi ses promesses de mettre fin à la prétendue « instrumentalisation » du gouvernement fédéral, selon un rapport publié par l'association de défense des consommateurs Public Citizen.
« En six mois, l'administration Trump a déjà retiré ou suspendu les mesures coercitives à l'encontre de 165 sociétés de tous types, et une société sur quatre bénéficiant de la suspension ou de l'abandon des mesures coercitives appartient au secteur technologique, qui a dépensé 1,2 milliard de dollars pour exercer une influence politique pendant et depuis les élections de 2024 », [URL="https://www...
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