
Trois quarts des scientifiques américains envisagent de quitter les États-Unis
Le président américain Donald Trump a créé au début de l'année le département de l'efficacité gouvernemental (DOGE) et l'a chargé de réduire la taille et les dépenses du gouvernement fédéral. Elon Musk, milliardaire de la technologie et proche conseiller de Donald Trump, dirige le DOGE et entend bien appliquer ses méthodes controversées de coupes budgétaires et de restructuration, comme celles qu'il a déployées après avoir racheté Twitter en novembre 2022.
Depuis son entrée en fonction, plusieurs coupes budgétaires ont été réalisées, y compris dans les projets phares de recherche scientifique et technologique. De nombreux scientifiques ont vu leurs financements réduire ou tout simplement supprimer. Aujourd'hui, 75,3 % d'entre eux cherchent à quitter le pays.
Les résultats du sondage réalisé par Nature confirment que les coupes budgétaires pourraient être en partie responsables des départs potentiels de scientifiques et pourraient nuire à l'attrait des personnes souhaitant étudier ou travailler aux États-Unis dans les années à venir. Elles pourraient mettre un coup d'arrêt à la fuite des cerveaux vers les États-Unis. Sur les 1 608 participants au sondage, 1 200 ont confié qu'ils cherchent un emploi en Europe et au Canada.
L'enquête, lancée au début du mois, a été diffusée via le site Web de la revue, les médias sociaux et le courriel. Elle demandait aux personnes interrogées si les changements de politique dans le secteur de la recherche aux États-Unis sous l'administration actuelle les avaient incitées à envisager de s'installer à l'étranger.
D'après le rapport, cette tendance est particulièrement prononcée chez les chercheurs en début de carrière. Sur les 690 chercheurs de troisième cycle qui ont répondu à l'enquête, 548 prévoient de poursuivre des recherches en dehors des États-Unis. De même, 255 des 340 doctorants ont exprimé la même intention.
L'administration Trump et le DOGE d'Elon Musk font face à des réactions négatives et à des contestations juridiques en raison des réductions importantes des dépenses fédérales. Au cours des deux derniers mois, des milliers d'emplois ont ainsi été supprimés dans les agences de santé publique, de recherche scientifique et technologique, et des milliards de dollars de frais généraux ont été supprimés dans les subventions au secteur de la recherche.
Dans un message publié le 8 février sur son réseau social X (ex-Twitter) Elon Musk a déclaré en réponse aux critiques : « pouvez-vous croire que des universités dotées de dizaines de milliards de dollars siphonnent 60 % des fonds alloués à la recherche pour les « frais généraux » ? Quelle escroquerie ! ».
Les universités européennes ouvrent leurs portes aux cerveaux américains
La France et d'autres pays tentent de séduire ces scientifiques américains. Dans l'Hexagone, Aix-Marseille Université a lancé le programme « Safe Place for Science » le 7 mars. Selon un porte-parole de Aix-Marseille Université, plus de 60 demandes ont été reçues, dont 30 dans les premières 24 heures. L'enthousiasme pour le programme « Safe Place for Science » de Aix-Marseille Université confirme la tendance révélée par le sondage de Nature.
Aix-Marseille Université a indiqué qu'elle est en contact avec d'autres universités et avec le gouvernement français pour développer ce qu'elle appelle « asile scientifique » au niveau national et européen, et pour aider à coordonner l'accueil et la relocalisation de différents chercheurs. Le programme indique :

« Ce programme est en fin de compte lié à l'indignation, pour déclarer que ce qui se passe aux États-Unis n'est pas normal », a déclaré Éric Berton, président de Aix-Marseille Université, qui a affecté 15 millions d'euros (soit près de 16 millions de dollars) à 15 postes d'une durée de trois ans.
Depuis le lancement de « Safe Place for Science », une fondation de recherche sur le cancer à Paris a annoncé qu'elle débloquait immédiatement 3,5 millions d'euros pour accueillir des chercheurs américains dans le domaine du cancer. Par ailleurs, deux universités parisiennes ont annoncé qu'elles offraient des postes à des scientifiques américains dont les travaux ont été réduits ou interrompus dans le cadre des coupes de l'administration Trump.
Plusieurs programmes de recherche scientifique et technologique menacés
Les institutions scientifiques européennes ont commencé à tirer la sonnette d'alarme lorsque l'administration Trump a commencé à supprimer des emplois et à geler les subventions scientifiques dans le cadre de ses vastes mesures de réduction des coûts. Cette situation a conduit les universités du pays à réduire le nombre de doctorants, d'étudiants en médecine et d'autres étudiants diplômés, à geler les embauches et même à annuler certaines offres d'admission.
Plus de 12 500 citoyens américains se trouvant actuellement dans d'autres pays grâce à des bourses de recherche Fulbright ont vu leur financement interrompu, de même que 7 400 universitaires étrangers actuellement accueillis aux États-Unis, ce qui les a laissés dans une situation financière précaire.
Des centres américains considérés comme le summum de la science ont licencié des milliers de personnes. Ces coupes interviennent alors que certaines agences fédérales ont supprimé des sites Web et des demandes de subvention des termes jugés inacceptables par l'administration Trump, qui cherche à purger le gouvernement fédéral des initiatives « woke ». Parmi les termes considérés comme tabous : « science du climat », « diversité » et « genre ».
L'ensemble de ces mesures a jeté un froid dans les universités et les instituts de recherche aux États-Unis. « Ce que nous voyons aujourd'hui est en fait une censure, une censure des valeurs fondamentales », a déclaré Yasmine Belkaid, présidente de l'Institut Pasteur de Paris, qui s'est installée en France l'année dernière après avoir passé 30 ans aux États-Unis, où elle a dirigé le Centre d'immunologie humaine du National Institutes of Health (NIH).
À titre d'exemple, l'un des projets phares menacés par les coupes budgétaires de l'administration est le programme de subvention du CHIPS Act qui vise à redynamiser l'industrie américaine des semiconducteurs. La majorité des personnes travaillant sur le CHIPS Act sont en passe d'être licenciées. De plus, Donald Trump...
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