
Les universités européennes ouvrent leurs portes aux scientifiques américains
Donald Trump et son administration s'attellent à réduire la taille et les dépenses du gouvernement fédéral américain. Le président américain a mis en place plusieurs cellules pour accomplir cette mission, dont le controversé département de l'efficacité gouvernementale (DOGE) dirigé par allié Elon Musk. Depuis son entrée en fonction, de nombreuses coupes budgétaires ont été réalisées, y compris dans les programmes phares de recherche scientifique et technologique.
Certains scientifiques ont vu leurs financements réduire drastiquement ou tout simplement supprimer. Aujourd'hui, une partie d'entre eux cherchent à quitter le pays. La France et d'autres pays tentent de séduire ces scientifiques américains. Dans l'Hexagone, quelques heures à peine après avoir ouvert son nouveau programme « Safe Place for Science » pour les chercheurs américains, Aix-Marseille Université a reçu sa première demande. Le programme note :

« Ce programme est en fin de compte lié à l'indignation, pour déclarer que ce qui se passe aux États-Unis n'est pas normal », a déclaré Éric Berton, président de Aix-Marseille Université, qui a affecté 15 millions d'euros (soit près de 16 millions de dollars) à 15 postes d'une durée de trois ans.
Depuis le lancement de « Safe Place for Science », une fondation de recherche sur le cancer à Paris a annoncé qu'elle débloquait immédiatement 3,5 millions d'euros pour accueillir des chercheurs américains dans le domaine du cancer. Par ailleurs, deux universités parisiennes ont annoncé qu'elles offraient des postes à des scientifiques américains dont les travaux ont été réduits ou interrompus dans le cadre des coupes de l'administration Trump.
De nombreux programmes de recherche scientifique et technologique menacés
Les institutions scientifiques européennes ont commencé à tirer la sonnette d'alarme lorsque l'administration Trump a commencé à supprimer des emplois et à geler les subventions scientifiques dans le cadre de ses vastes mesures de réduction des coûts. Cette situation a conduit les universités du pays à réduire le nombre de doctorants, d'étudiants en médecine et d'autres étudiants diplômés, à geler les embauches et même à annuler certaines offres d'admission.
Plus de 12 500 citoyens américains se trouvant actuellement dans d'autres pays grâce à des bourses de recherche Fulbright ont récemment vu leur financement interrompu, de même que 7 400 universitaires étrangers actuellement accueillis aux États-Unis, ce qui les a laissés dans une situation financière précaire.
Des centres américains considérés comme le summum de la science ont licencié des milliers de personnes. Ces coupes interviennent alors que certaines agences fédérales ont supprimé des sites Web et des demandes de subvention des termes jugés inacceptables par l'administration Trump, qui cherche à purger le gouvernement fédéral des initiatives « woke ». Parmi les termes considérés comme tabous : « science du climat », « diversité » et « genre ».
L'ensemble de ces mesures a jeté un froid dans les universités et les instituts de recherche aux États-Unis. « Ce que nous voyons aujourd'hui est en fait une censure, une censure des valeurs fondamentales », a déclaré Yasmine Belkaid, présidente de l'Institut Pasteur de Paris, qui s'est installée en France l'année dernière après avoir passé 30 ans aux États-Unis, où elle a dirigé le Centre d'immunologie humaine du National Institutes of Health (NIH).
À titre d'exemple, l'un des projets phares menacés par les coupes budgétaires de l'administration est le programme de subvention du CHIPS Act qui vise à redynamiser l'industrie américaine des semiconducteurs. La majorité des personnes travaillant sur le CHIPS Act sont en passe d'être licenciées. De plus, Donald Trump appelle le Congrès à supprimer le CHIPS Act, affirmant qu'il s'agit d'un projet « horrible » qui distribue l'argent des contribuables aux étrangers.
L'appel de Donald Trump à supprimer le CHIPS Act et les coupes budgétaires ont semé la panique dans la communauté scientifique américaine. Certains chercheurs ont déclaré avoir perdu leurs financements et dénoncent ces mesures. Aujourd'hui, une partie d'entre eux cherchent à quitter le pays.
Le programme « Safe Place for Science » a été lancé le 7 mars. Selon un porte-parole de Aix-Marseille Université, plus de 60 demandes ont été reçues, dont 30 dans les premières 24 heures. L'université a indiqué qu'elle est en contact avec d'autres universités et avec le gouvernement français pour développer ce qu'elle appelle « asile scientifique » au niveau national et européen, et pour aider à coordonner l'accueil et la relocalisation de différents chercheurs.
Bruxelles invitée à créer un programme pour accueillir les talents américains
Philippe Baptiste, ministre français de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a été l'un des dirigeants européens les plus francs et les plus actifs sur cette question. Philippe Baptiste, qui a dirigé le Centre national d'études spatiales avant de rejoindre le gouvernement, a qualifié les décisions de l'administration Trump de « folie collective » qui nécessite une réponse rapide et solide de la part du monde entier. Il a vivement critiqué l'administration Trump.
Philippe Baptiste a travaillé avec les présidents des universités françaises pour élaborer un programme gouvernemental. Le ministre a également insisté pour qu'une réponse soit apportée à l'échelle européenne, notamment en rédigeant une lettre, également signée par les ministres de 11 autres pays européens, qui demande à la Commission européenne de coordonner ses efforts et de consacrer des fonds aux startups, à la recherche et à l'innovation.
Plus de 350 scientifiques ont signé une pétition publiée cette semaine dans le journal français Le Monde, appelant également la Commission européenne à mettre en place un fonds d'urgence de 750 millions d'euros pour accueillir des milliers de chercheurs qui envisagent de quitter les États-Unis.
En outre, à Bruxelles, deux universités sœurs (la Vrije Universiteit Brussel et l'Université Libre de Bruxelles) ont déclaré qu'elles prévoient de commercialiser auprès des étudiants américains un programme offrant 36 postes postdoctoraux ouverts aux chercheurs internationaux du monde entier.
Ces postes, financés en grande partie par l'Union européenne, seront axés sur la recherche en matière de climat, d'intelligence artificielle et d'autres domaines que les écoles considèrent comme socialement importants. Aux Pays-Bas, le ministre de l'Éducation, de la Culture et des Sciences, Eppo Bruins, a annoncé qu'il souhaitait créer un fonds « à très court terme » visant à attirer des scientifiques de premier plan dans divers domaines de recherche.
Ulrike Malmendier, économiste allemande membre du principal conseil économique d'Allemagne, a exhorté les gouvernements européens à accroître les investissements dans les sciences afin d'attirer les chercheurs américains au chômage. « Le contexte actuel aux États-Unis est une opportunité énorme pour l'Allemagne et l'Europe. Je sais que beaucoup de gens pensent à partir », a déclaré Ulrike Malmendier, professeure à l'université de...
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