Elon Musk a fait une offre controversée d'achat de Twitter Inc., affirmant que l'entreprise a un potentiel extraordinaire et qu'il est la personne indiquée pour le débloquer. Deux ans plus tard, l'entreprise, qui a changé de nom, est embourbée dans différents scandales.
Un jour avant de finaliser son achat de Twitter, Musk a démenti une information selon laquelle il prévoyait de se débarrasser de près de 75 % des 7 500 employés de Twitter. Pourtant, c'est exactement le contraire qui s'est produit ; Musk a réduit le personnel de Twitter d'environ 75 % grâce à une combinaison de licenciements massifs et d'un ultimatum demandant aux travailleurs de s'engager dans une approche « extrêmement dure » ou de quitter leur emploi.
La réduction des coûts de Musk ne se limite pas aux réductions massives de personnel et au prétendu non-paiement des primes. Il y a plus de 20 poursuites intentées par des vendeurs et des propriétaires affirmant que Twitter n'a pas payé les factures de services, de produits ou de loyer. Un juge a ordonné l'expulsion de Twitter d'un immeuble de bureaux à Boulder, dans le Colorado, pour loyer impayé, et Twitter a été poursuivi pour non-paiement de loyer à son siège social de San Francisco, dans un autre immeuble de San Francisco et à son siège social britannique.
Selon des documents judiciaires et le Denver Business Journal, le bailleur basé à Chicago qui possède les bureaux de Twitter au 3401 Bluff St à Boulder, a reçu une lettre de crédit de 968 000 dollars en février 2020.
Twitter a cessé de payer le loyer en mars 2022, invoquant une clause du bail qui lui permettait de suspendre ses obligations en cas de force majeure, telle qu’une épidémie ou une catastrophe naturelle. Le propriétaire a contesté cette interprétation, arguant que la pandémie ne constituait pas un cas de force majeure au sens du bail, et que Twitter avait continué à utiliser le bureau pour stocker du matériel et accueillir des employés.
Elon Musk a refusé de payer les primes annuelles de 2022 promises aux employés de Twitter. Mark Schobinger, qui était le directeur principal de la rémunération chez Twitter de février 2019 au 26 mai 2023 (date de son départ de l’entreprise), a intenté une plainte en recours collectif en raison du « non-respect par Twitter de diverses promesses qu’il avait faites aux employés », notamment son échec à verser les primes promises. « Dans les mois qui ont suivi l’acquisition de Twitter par Musk, le plaignant a reçu régulièrement des appels de recruteurs et d’entreprises concernant d’autres opportunités d’emploi », indique la plainte. « Cependant, le plaignant a refusé ces opportunités, sûr que Twitter lui verserait sa prime annuelle promise pour 2022 au cours du premier trimestre 2023 ».
Devenu X, la situation ne s'est pas arrangée pour autant
Selon les critiques, la plateforme s'est rapidement transformée en « un cloaque de désinformation et de discours haineux » après son acquisition par Musk. Une situation qui, officiellement, a sonné le départ de plusieurs annonceurs de la plateforme.
Elon Musk était persuadé qu'il s'agissait là d'une conspiration pour le punir d'avoir un point de vue différent en touchant au porte-feuille. Dans un premier temps, il leur a demandé « d'aller se faire foutre », précisant que « Si quelqu'un essaie de me faire chanter avec de la publicité, ou avec de l'argent, qu'il aille se faire foutre », puis il a émis l'idée de porter plainte. Il a fallu attendre août pour joindre l'acte à la parole ; X a poursuivi des annonceurs pour boycott illégal.
« Les membres de la GARM se sont entendus pour réduire les revenus de Twitter après l'acquisition par Elon Musk. La collusion pour supprimer les voix et les points de vue désapprouvés par les responsables du marketing des plus grandes entreprises et agences de publicité du monde est au cœur des principes fondateurs de la GARM », indique un rapport. Les revenus de X se sont très vite effondrés après que Musk a racheté l'entreprise. En juin, Bloomberg a rapporté que la plateforme a perdu près de 40 % de ses revenus au cours des six premiers mois de 2023 par rapport à la même période de l'année précédente.
Mais plutôt que d'effrayer les marques pour qu'elles se soumettent, les patrons de l'industrie des médias ont déclaré que cette décision (qui a été décrite comme « égoïste » et « insensée ») ne ferait que pousser les marques déjà désillusionnées à s'éloigner encore plus du site, qui dépend des dépenses publicitaires. Alex Tait, fondateur de l'agence média et marketing Entropy, et qui a précédemment dirigé la stratégie de dépenses publicitaires d'Unilever, a déclaré : « L'action en justice de Musk est probablement motivé par son ego plutôt que par une logique commerciale ».
Joseph Teaside, responsable de la technologie chez l'analyste des médias Enders Analysis, a déclaré : « Les annonceurs ne veulent tout simplement pas de ce drame... ». « Ils sont déjà partis en masse, X ayant été envahi par les bots, les racistes et la pornographie depuis le rachat par Musk. Certains sont restés ou sont revenus, tentés par des CPM bas, mais les scandales qui se succèdent convainquent les grands annonceurs que le jeu n'en vaut tout simplement pas la chandelle ».
La publicité reste la principale source de revenue de X, mais les prises de parole de Musk n'aident pas X à faire revenir les annonceurs
L'opinion des annonceurs britanniques a encore été assombrie par la récente activité en ligne de Musk autour des émeutes.
Depuis le 29 juillet, lorsque des influenceurs de droite ont fait de fausses allégations sur X/Twitter et d’autres plateformes de médias sociaux, accusant les musulmans et les immigrants du meurtre de trois enfants poignardés, des dizaines d’émeutes d’extrême droite ont éclaté dans tout le pays. Des groupes tels que l’Institut pour le Dialogue Stratégique et Amnesty International ont pointé du doigt les publications sur des services de médias sociaux tels que X, Telegram et TikTok, les accusant d’amplifier la haine raciale et d’inciter à des troubles violents.
En réponse à ces événements, la ministre britannique de la Justice, Heidi Alexander, a appelé Musk à se comporter de manière plus responsable après que ce dernier ait déclaré que « la guerre civile est inévitable » en réponse à un message sur la violence.
Le financement de Twitter : l'effet boule de neige au sein des banques
Selon le Wall Street Journal, les banques n'ont pas été en mesure de vendre la dette sans subir d'énormes pertes, principalement en raison des mauvais résultats financiers de l'entreprise. Cela signifie que les prêts sont restés « accrochés », ou coincés, dans les bilans des banques. La valeur des prêts a baissé après le rachat de Twitter par Musk pour 44 milliards de dollars - qu'il a depuis rebaptisé X -, mais l'opération se trouve désormais en « territoire historique » en termes de mauvaises performances, selon le Journal.
Citant des données de PitchBook LCD, le rapport indique que les « prêts de Twitter ont été suspendus plus longtemps que toutes les transactions similaires non vendues depuis la crise financière de 2008-09 pour lesquelles le cabinet de recherche dispose d'enregistrements complets ».
Alors que les prêteurs ont pu recevoir d'importants paiements d'intérêts sur les prêts de X, certaines banques ont réduit la valeur des prêts de plusieurs centaines de millions de dollars.
En octobre dernier, X a déclaré qu'elle valait environ 19 milliards de dollars, soit 55 % de moins que le prix payé par Musk pour l'entreprise un an plus tôt. Sous son mandat, la société a entretenu des relations tendues avec les annonceurs, qui constituent la majeure partie de ses revenus, Musk ayant dit à certains d'entre eux « d'aller se faire foutre » après qu'ils eurent abandonné le site. X a également poursuivi une coalition publicitaire et certains de ses membres au début du mois, alléguant qu'elle avait conspiré un boycott de la plateforme qui a coûté des milliards de dollars à l'entreprise.
Selon le Journal, les prêts accordés à Twitter et d'autres opérations douteuses ont contribué à faire reculer certaines banques dans les classements des banques d'investissement, tandis que certains banquiers ont également vu les prêts affecter leur rémunération.
L'année dernière, les principaux banquiers d'investissement de l'équipe de fusions et acquisitions de Barclays ont été informés que leur rémunération serait réduite d'au moins 40 % par rapport à l'année précédente. La banque a été confrontée à de nombreuses transactions suspendues qui ont affecté ses performances globales, mais la X a été de loin la plus importante, ont indiqué des sources au Journal.
Source : WSJ
Et vous ?
Que pensez-vous de la gestion de Twitter par Elon Musk ? Est-elle, selon vous, responsable de la situation ? Dans quelle mesure ?
Quelle est votre opinion sur l’utilisation de prêts massifs pour financer des acquisitions d’entreprises ? Est-ce une stratégie risquée ou justifiée dans certains cas ?
Que pensez-vous de la modération par des algorithmes ? Est-elle suffisamment efficace selon vous pour se passer en grande partie du personnel humain ?
Y a-t-il, selon vous, des moyens de limiter la casse ou d'avoir de meilleures perspectives ? Lesquels ?
Que pensez-vous de la stratégie visant à remplacer Twitter par X dans l'optique de devenir une application tout-en-un ? Seriez-vous prêt à essayer de faire un paiement sur X si la fonctionnalité venait à être implémentée ? Pourquoi ou pourquoi pas ?