Le gouvernement français a confirmé une offre de 700 millions d’euros pour acquérir des actifs clés de l’entreprise informatique en difficulté Atos. Cette offre suit l’acceptation récente par Atos d’un accord de restructuration. Atos a accepté la proposition de renflouement présentée par son principal actionnaire, Onepoint, en début de semaine, en déclarant qu'elle permettrait de restructurer la dette financière de l'entreprise, d'assurer une structure de capital plus solide et de fournir des liquidités suffisantes pour financer l'activité. AtoS indiquait avoir besoin de 1,1 milliard d'euros de liquidités nécessaires pour financer l’activité sur la période 2024-2025. Dans le même temps, il soulignait vouloir réduire de 3,2 milliards d'euros sa dette brute, de 4,8 milliards d'euros actuellement.
Atos, qui a connu des difficultés financières, une baisse des revenus et des pertes croissantes ces dernières années, a reçu une offre non contraignante de la part de l’État français après des discussions préliminaires entre les deux parties. Le gouvernement français a émis une lettre d’intention en avril concernant l’acquisition potentielle d’actifs clés, dans le but de les maintenir sous contrôle français en cas de défaillance d’Atos.
Ces actifs comprennent les activités d'informatique avancée, de systèmes critiques et de cybersécurité de la division BDS (Big Data & Cybersecurity) de l'entreprise, qui participent à des projets informatiques pour l'armée française et d'autres secteurs de l'État.
Sa branche « Advanced Computing » comprend les supercalculateurs et les serveurs participant à l’intelligence artificielle (IA) et à l’informatique quantique. Ces supercalculateurs sont essentiels à la simulation d’essais nucléaires ou à la gestion du parc des centrales nucléaires d’EDF.
La branche MCS comprend le système de commandement de Scorpion, programme de modernisation de l’armée de Terre. MCS fournit par ailleurs des outils de navigation pour les forces navales et la marine marchande et est chargé de la sécurisation des réseaux de communication à bord des avions Rafale « F4 » de Dassault. Cette branche gère aussi le système C4I (Command, Control, Communications, Computers and Intelligence), qui livre à la chaîne de commandement de l’armée une carte du champ de bataille mise à jour en temps réel. MCS comprend également la société Avantix, spécialisée dans les systèmes d’écoute pour les services de renseignement.
Selon Atos, sa direction et son conseil d'administration sont maintenant prêts à discuter de cette proposition avec le gouvernement français, sous l'égide de la conciliatrice Maître Hélène Bourbouloux.
« Nous avons tenu parole. J'ai toujours dit qu'il fallait préserver les activités stratégiques d'Atos », a déclaré le ministre français de l'économie, Bruno Le Maire, à la radio Franceinfo. « Nous avons pris nos responsabilités pour racheter, avec d'autres entreprises qui pourraient être des partenaires, les activités stratégiques d'Atos et garantir que ces activités stratégiques restent sous le contrôle total ou partiel de l’État et des collectivités publiques », a déclaré Le Maire.
Il est important de noter que bien que l’État français soit intéressé par ces actifs stratégiques, il n’y a pas de garantie que les négociations aboutiront à un accord définitif. En effet, l'entreprise a déclaré dans un communiqué que son conseil d'administration, sous l'égide d'un médiateur, et sa direction « discuteront de cette proposition avec l'État français », mais a averti « qu'aucune assurance ne peut être donnée que les parties négocieront avec succès et concluront un accord définitif ».
Atos a accepté la proposition de sauvetage menée par son principal actionnaire, Onepoint, cette semaine, affirmant qu’elle fournirait une restructuration financière du groupe, assurerait une structure de capital plus solide et fournirait un flux financier adéquat pour financer les opérations commerciales. L'offre de Onepoint a été préféré à celle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.
Pour rappel, l’offre de OnePoint prévoit une restructuration de la dette à hauteur de 3,2 milliards d'euros et un apport de 1,8 milliard d'euros, dont 350 millions d'euros d'argent frais.
Embourbé dans une crise financière depuis près de trois ans, qui a fait chuter son action en Bourse sous 1 euro, le groupe avait enclenché en février une procédure de restructuration. Il avait annoncé avoir besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités pour 2024-2025 et vouloir réduire de 3,2 milliards d’euros sa dette brute, qui a atteint 4,8 milliards d’euros, pour sauvegarder son activité.
Le chef du consortium Onepoint, David Layani, a déclaré dans une interview avec le quotidien économique français Les Echos qu’ils feront tout pour protéger les actifs sensibles « ultrasensibles », mais qu’ils seront très vigilants pour s’assurer qu’ils ne soient pas vendus.
L’annonce a entraîné une hausse de plus de 20% des actions d’Atos sur le marché, bien que leur prix ait perdu un cinquième de sa valeur depuis le début des travaux. Atos, qui détient des contrats avec l’armée française et est le partenaire informatique pour les Jeux Olympiques à Paris, est en difficulté avec près de cinq milliards d’euros de dette. Le groupe a confirmé son objectif de parvenir à un accord définitif sur la proposition de sauvetage du consortium Onepoint qui serait mis en œuvre d'ici juillet 2024 : « La société confirme son objectif de parvenir à un accord définitif de restructuration financière avec le consortium Onepoint et ses créanciers financiers, qui sera ensuite mis en œuvre par le biais d'une procédure accélérée dédiée d'ici juillet 2024 », a déclaré Atos à la Bourse de Paris.
Cette semaine également, Atos a déclaré avoir entamé des négociations avec Alten SA, société de services d'ingénierie et d'informatique, en vue de la vente de son unité Worldgrid pour un montant de 270 millions d'euros. Worldgrid fournit des services de conseil et d'ingénierie aux entreprises du secteur de l'énergie et des services publics, et emploie actuellement environ 1 100 personnes.
La transaction devrait être finalisée avant la fin de l'année 2024, sous réserve de l'approbation des autorités réglementaires et d'autres conditions, a déclaré Atos.
Sources : Atos (1, 2)
Et vous ?
Quelles pourraient être les implications à long terme de l’investissement de l’État français dans Atos pour le secteur technologique français ?
Comment cet investissement pourrait-il affecter la concurrence et l’innovation dans le domaine de la cybersécurité et des systèmes critiques ?
L’intervention de l’État dans les entreprises privées devrait-elle être limitée ou encouragée dans des circonstances similaires ?
Quel impact cet investissement pourrait-il avoir sur la perception internationale de la France en tant que lieu d’investissement technologique ?
Comment les contribuables français devraient-ils percevoir cet usage des fonds publics ?
Quels mécanismes de surveillance devraient être mis en place pour s’assurer que l’investissement de l’État est utilisé efficacement ?
Quelles garanties l’État français devrait-il exiger pour protéger ses intérêts dans Atos ?
En quoi cet investissement pourrait-il influencer la stratégie globale d’Atos et sa position sur le marché mondial ?
L'État français souhaite acquérir des actifs clés de l'entreprise en difficulté Atos et propose 700 millions d'euros
Pour éviter que les activités du français ne tombent entre les mains d'acteurs étrangers
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Le , par Stéphane le calme
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