Sam Altman, PDG d'OpenAI, rejoint le rang des super-riches de la technologie qui rêvent de prolonger l'espérance de vie humaine, voire d'immortalité. Un rapport révèle que le PDG d'OpenAI a investi plus de 180 millions de dollars dans une entreprise de biotechnologie appelée Retro Biosciences qui mène des expériences afin d'augmenter l'expérience de vie. Altman aurait consacré beaucoup de temps et de ressources financières à "la reprogrammation du corps humain" au cours des trois dernières années. Avant lui, le cofondateur de Google Larry Page, le milliardaire Peter Thiel, et le cofondateur d'Oracle, Larry Ellison, etc., s'étaient également lancés sur cette voie.
Altman investit dans une startup de recherche sur la prolongation de la durée de vie humaine
Au-delà du domaine numérique, Altman s'intéresserait également à la biologie humaine. Selon le rapport, en 2021, il a lancé un projet parallèle d'une valeur de 180 millions de dollars. Baptisé Retro Biosciences, l'objectif de la startup est simple, mais extrêmement ambitieux : ajouter 10 années de santé et de plaisir à la fin de notre vie. Pour atteindre cet objectif, Altman s'est associé à Jonathan "Joe" Betts-LaCroix, un scientifique et entrepreneur américain. Il est spécialisé dans la biophysique et la technologie informatique, et s'est notamment distingué par la création de l'ordinateur personnel le plus miniature au monde.
Par le biais de son organisation à but non lucratif, Health Extension Foundation, Betts-LaCroix plaide depuis longtemps en faveur d'une approche scientifique plus rigoureuse et de l'utilisation de la "biologie profonde" pour améliorer la longévité. Cependant, Betts-LaCroix n'a pas reçu de formation en géroscience, une discipline qui répertorie des techniques envisagées pour prolonger le nombre d'années passées en bonne santé. Bien que cette nouvelle initiative d'Altman suscite énormément de scepticisme, certains analystes affirment que l'allongement de la durée de vie qu'il envisage pour nos corps est du domaine du possible.
L'éthique de Retro Biosciences est celle de la Silicon Valley à l'état pur : « plus pirate que marine ». Le siège est un bureau ressemblant à un entrepôt, rempli de peintures murales audacieuses et lumineuses représentant des plantes et des béchers en verre. Les laboratoires sont des conteneurs d'expédition qu'ils ont construits et ventilés eux-mêmes. Les bureaux sont perchés sur une plateforme juste assez haute pour permettre aux employés de jeter un coup d'œil à travers d'étroites fenêtres à barreaux. Selon l'entreprise, l'esthétique se résume comme suit : « aller vite et casser des choses, mais dans une optique de longévité ».
Betts-LaCroix a déclaré que le modèle de Retro Biosciences enfreint toutes les règles de la biotechnologie en phase de démarrage, qui veut que l'on se concentre sur une plateforme ou une cible spécifique, et que l'on y consacre tout son temps. Depuis que les expériences en conteneurs ont commencé en juillet 2021, Retro Biosciences a divisé ses ambitions en trois catégories. À l'instar de l'incubateur de startups Y Combinator qu'Altman dirigeait auparavant, Retro Biosciences fait des paris distincts sur ce qui pourrait permettre d'allonger la durée de vie humaine. Voici où ils placent leurs paris :
Autophagie
L'autophagie est un mécanisme naturel d'autoconservation par lequel l'organisme élimine les parties endommagées ou dysfonctionnelles d'une cellule et recycle les autres parties en vue de la réparation cellulaire. Le phénomène est également connu sous le nom d'autodévoration. Bien que l'on puisse penser qu'il s'agit d'un phénomène que l'on ne souhaite pas voir se produire dans son corps, l'autophagie est en fait bénéfique pour la santé en général. Altman et Betts-LaCroix souhaiteraient tirer avantage de ce phénomène.
Retro Biosciences pense que le processus de recyclage intégré qui maintient nos cellules saines et vigoureuses est probablement le domaine de recherche le plus mûr des trois pour une éventuelle solution rapide contre le vieillissement, puisqu’en théorie, il pourrait être modifié par une pilule. Selon de nombreux rapports sur le sujet, à l'heure actuelle, ce qui se rapproche le plus d'une pilule destinée à améliorer l'efficacité cellulaire est la rapamycine ou la metformine.
Ces deux médicaments existants (pour les greffes de rein et le diabète, respectivement) sont prometteurs pour stimuler la longévité, et certains biohackers les utilisent déjà de manière officieuse pour lutter contre le vieillissement. Mais pour l'instant, aucun médicament ne cible directement, définitivement et officiellement ce problème d'entretien cellulaire.
Reprogrammation cellulaire
C'est l'une des idées les plus à la mode dans le domaine des sciences de la longévité à l'heure actuelle. Elle est également délicate d'un point de vue logistique. L'idée est de rendre les vieilles cellules à nouveau jeunes en les reprogrammant dans un état légèrement plus jeune à l'aide de quatre facteurs de Yamanaka bien connus. (Le chercheur japonais sur les cellules souches Shinya Yamanaka a reçu un prix Nobel de physiologie (médecine) en 2012 pour avoir découvert que c'était possible).
Mais sur le plan expérimental, il est difficile de réaliser ce type de remodelage sans provoquer un cancer ou d'autres problèmes de santé. Betts-LaCroix imagine donc de commencer très lentement, en extrayant des cellules des oreilles ou des articulations des genoux, en les reprogrammant partiellement pour les faire vieillir un peu, puis en les réinsérant dans l'organisme une fois qu'elles ont été jugées sûres pour le traitement. Betts-LaCroix rappelle une nouvelle que l'expérience est délicate.
« Pour commencer, il ne faut même pas tenter de prélever directement les cellules internes de la personne. Prélevez des cellules sur leur corps pour les programmer et vous assurer que tout va bien », a-t-il déclaré. Si ces expériences permettent de résoudre des problèmes tels que la perte d'audition liée à l'âge ou la mobilité des articulations, par exemple, Retro Biosciences pourrait alors essayer quelque chose de plus avancé.
Thérapie au plasma
C'est le concept qui semble le plus Dracula de tous. Betts-LaCroix évoque "des recherches prometteuses en matière de rajeunissement" qui ont été menées sur des souris en diluant leur plasma sanguin dans une solution saline. (Cette méthode semble plus efficace que celle qui consiste à donner du sang jeune à de vieilles souris.) Selon les déclarations de Betts-LaCroix, chez les souris vieillissantes ayant subi une dilution du plasma, on observe une amélioration d'un large éventail de problèmes liés à l'âge.
La procédure réduit l'inflammation, améliore la santé des muscles et du foie et stimule la formation de cellules cérébrales. Des recherches naissantes chez l'homme, dont certaines sont en cours chez Retro Biosciences, suggèrent que la technique pourrait également fonctionner pour nous, les humains.
Altman défie les milliardaires comme Jeff Bezos et Peter Thiel dans la course à la longévité
Selon le rapport, Altman croit tellement au succès de son projet qu'il y consacre une partie importante de son temps. Betts-LaCroix dit qu'il rencontre Altman une fois par semaine, pour discuter des succès et des échecs des expériences du laboratoire et de la stratégie à adopter. D'une manière ou d'une autre, au milieu de tous les plans de fabrication de puces et du dévoilement de nouveaux outils d'IA comme Sora, Altman organise toujours cette réunion. « Le conseil d'administration est composé de Sam Altman et de moi-même, et c'est une personne très rationnelle et techniquement compétente », a déclaré Betts-LaCroix.
Atlamn rejoint ainsi un nombre de plus en plus croissant de milliardaires de la technologie qui investissent dans l'allongement de la durée de vie, d'une manière ou d'une autre. Par exemple, Jeff Bezos, cofondateur d'Amazon, aurait injecté des centaines de millions dans la très secrète société Altos Labs, basée à San Diego, qui a recruté dans les universités du monde entier certains des scientifiques les plus impressionnants et les plus décorés dans le domaine de la longévité. Avec 3 milliards de dollars entièrement engagés par Bezos, Yuri Milner et d'autres, Altos est peut-être le laboratoire travaillant sur la longévité le mieux financé.
Le milliardaire Peter Thiel a accepté de faire cryogéniser son corps à sa mort, afin de pouvoir être ramené à la vie plus tard. Il a également donné de l'argent à Aubrey de Grey, qui prône l'idée que nous pourrions bientôt "échapper" à la vitesse de la mort. Le milliardaire allemand Christian Angermayer, président de Cambrian Bio, se consacre au développement d'une large gamme de pilules et de traitements destinés à ralentir le vieillissement, dont l'un des projets vise à rajeunir les ovaires des femmes, afin de prolonger leur période de fertilité. Le confondateur de Google Larry Page travaille également sur une initiative similaire.
Pour Betts-LaCroix, l'action de Retro Biosciences est davantage une vocation morale qu'un modèle commercial astucieux visant à accroître la valeur nette d'un milliardaire. Mais le projet est controversé. Certains experts se demandent si le fait d'ajouter dix ans de vie au corps des plus riches et des plus privilégiés d'entre nous devrait vraiment primer sur la recherche de moyens pour que nous puissions tous vivre un peu plus longtemps, en réduisant les disparités en matière de santé et en mettant en œuvre des changements plus systémiques qui amélioreraient la santé sociale, mentale et émotionnelle de chacun d'entre nous.
L'approche d'Altman, qui a si bien fonctionné pour découvrir plusieurs startups à succès de la Silicon Valley, lui permettra-t-elle de remporter la grande course à un produit de longévité pour le corps humain ? Selon certains analystes, il est possible que Retro Biosciences y parvienne le premier et débloque ainsi un énorme pactole de centaines de milliards de dollars. Mais personne ne sait encore qui est en tête du peloton. Il est encore trop tôt pour désigner les gagnants et les perdants dans cette course à la prolongation de la durée de vie humaine.
Matt Buckley, l'un des cofondateurs de Retro Biosciences, a récemment déclaré à Bloomberg que l'entreprise avait probablement jusqu'à 2030 pour gérer l'argent d'Altman. Elle devra alors envisager de s'introduire en bourse ou de trouver d'autres investisseurs. D'ici là, Betts-LaCroix estime qu'ils auront peut-être, juste peut-être, réalisé les premières percées. « En 2000, je me disais : j'espère que je vivrai le moment où l'IA commencera à envahir la société. Ce moment est arrivé. Et oui, je suis encore en vie », a déclaré Betts-LaCroix.
Source : Retro Biosciences
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Le , par Mathis Lucas
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