Les experts soulignent la complexité de cet écosystème de désinformation, mettant en garde contre ses implications sur la démocratie et appelant à une protection urgente des élections à venir. La désinformation est devenue une menace majeure, selon la Commission européenne, l'OTAN, et les agences de l'ONU, reflétant ainsi les préoccupations mondiales sur ce phénomène.
Viginum a annoncé la découverte d'un réseau de 193 sites web russes, désigné sous le nom de code Portal Kombat. La majorité de ces sites, tels que [topnews.uz.ua], ont été créés il y a plusieurs années et ont souvent été laissés inactifs. Environ plus de 50 sites, comme [news-odessa.ru] et [pravda-en.com], ont vu le jour depuis 2022.
Bien que ces sites soient disponibles en plusieurs langues, notamment le français, l'allemand, le polonais et l'anglais, leur trafic actuel est limité. Néanmoins, les autorités françaises estiment qu'ils sont susceptibles d'être activés de manière agressive dans le cadre d'une importante campagne de désinformation russe, selon un responsable qualifiant cela de « vague massive ».
À la fin de novembre 2023, un compte X, prétendant être celui d'un journaliste nommé Jules Vincent, a diffusé un message étendu, à la fois écrit et audio, sur les réseaux sociaux. Ce message accusait l'Ukraine de céder un terrain au fils du milliardaire George Soros pour y enfouir des déchets toxiques.
En réalité, il s'est avéré que Jules Vincent n'est probablement pas une personne réelle, utilisant un accent non identifiable et prétendant faussement être affilié à une association de journalistes indépendants. Peu importe cette imposture, car dans les jours qui ont suivi, plusieurs sites et acteurs connus pour diffuser fréquemment de la désinformation russe et des théories du complot ont relayé son message. L'un de ces sites est une publication francophone, [Pravda-fr.com], qui fait l'objet d'une plainte de la part des autorités françaises.
Envoyé par Autorités françaises
La stratégie de diffusion adoptée semble prendre une orientation plus offensive. En effet, les sites créés depuis cette invasion ne se contentent plus d'être de simples portails fournissant des informations générales ou locales, mais se présentent plutôt comme de véritables amplificateurs du dispositif d'influence numérique russe. Cette approche est mise en œuvre avec un maillage informationnel méticuleux du territoire ukrainien.
Certains sites ciblent spécifiquement des localités en fonction de caractéristiques démographiques, notamment celles habitées par des minorités russophones, surtout dans les régions proches de la ligne de front ou en territoires occupés. À titre d'exemple, le site tiraspol-news[.]ru s'adresse à des villes situées à la frontière non reconnue entre la Moldavie et la république sécessionniste de Transnistrie, telles que Dubăsari, avec une population d'environ 28 000 habitants.
Bien que certaines informations puissent sembler anodines, la majorité des contenus diffusés visent principalement à intensifier le ressentiment des populations locales russes envers les autorités ukrainiennes, en mettant l'accent sur les opérations militaires en cours, comme en témoigne la rubrique « correspondants militaires ».
VIGINUM a cartographié précisément les 41 localités qui possèdent un portail d’information « -news.ru » (cf. ci-dessus). Ces sites n’ont pas été enregistrés à la même date : ceux enregistrés en avril 2022 ciblent des localités plus à l’est, tandis que ceux créés en décembre 2022 viennent davantage compléter ce « quadrillage informationnel » en ciblant d’autres villes à l’ouest comme par exemple Lviv ou Ternopil. Par ailleurs, certaines villes stratégiques possèdent au moins deux portails comme Donetsk ou Louhansk.
Le fournisseur de services, dont l'identité est en cours de vérification, serait basé en Russie. « Portal Kombat est la petite partie émergée d'un iceberg de désinformation, lié à l'expansion des sites numériques et à l'explosion des médias sociaux », a déclaré une source officielle française.
Les avis reflètent une préoccupation croissante parmi les utilisateurs quant à la propagation de la désinformation, soulignant les inquiétudes sur la capacité des autorités françaises et européennes à contrer efficacement ces campagnes. La mention de bots et de désinformation sur des plateformes populaires met en lumière les défis auxquels les autorités sont confrontées pour préserver l'intégrité de l'information en ligne.
L'évocation de l'influence de la Russie à travers des campagnes de désinformation, notamment avec le réseau Portal Kombat, souligne la nécessité d'une vigilance accrue et de mesures proactives de la part des autorités. La critique de l'efficacité des plateformes de médias sociaux pose également des questions sur la régulation et la protection des utilisateurs contre la propagation de fausses informations.
Source : Autorités françaises(1, 2)
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Voir aussi :
Lumen, qui achemine un important trafic de l'Internet mondial, suspend ses activités en Russie, en réaction à l'invasion russe en Ukraine
Des documents divulgués montrent que les Russes se vantent du fait que seulement 1 % de leurs faux profils sociaux sont détectés, les efforts des plateformes de médias sociaux sont jugés insuffisants