Facebook n'a pas encore trop à craindre de Google+. Mais mieux vaut prendre les devants.
C'est ce qu'a fait Mark Zuckerberg hier, lors d'une conférence de presse exceptionnelle, où le fondateur de Facebook a dévoilé deux nouveautés destinées à contrer le lancement du service de Google.
La première est l'arrivée de la visio-conférence grâce à Skype et un accord avec Microsoft (nouveau propriétaire de l'outil pour 8,5 milliards de dollars). Une fonctionnalité, étudiée depuis environ 6 mois, qui répond au Hangouts de Google+. Avec une différence. Skype ne permet gratuitement que les échanges en face à face, là où Google permet des conversations jusqu'à 10 intervenants.
L'accord apparaît assez naturel entre Microsoft et Facebook. Le numéro 1 mondial du logiciel avait en effet pris une participation dans le capital du numéro 1 des réseaux sociaux dès 2007. L'intégration de Skype dans Facebook relève donc d'une synergie industrielle stratégique pour les deux acteurs, de facto adversaires communs de Google+.
Pour Zuckerberg, la visio-conférence serait la première application sociale véritablement intéressante. Concrètement, un bouton pour lancer une conférence par Skype sera ajouté aux pages des utilisateurs. A noter que les conversations ne pourront se faire qu'entre membres de Facebook (et pas entre titulaires d'un compte Skype).
Autre annonce, moins stratégique, la fenêtre de Chat a été relookée pour intégrer Skype.
Elle intègrera églament un fonctionnalité qui fait curieusement penser aux commentaires collaboratifs dans Google Docs. En clair, une conversation en messagerie instantanée entre plusieurs personnes restera archivée et pourra être consultée et complétée a posteriori par un utilisateur qui était hors-ligne au moment de la conversation initiale.
L'évènement a également été l'occasion pour Mark Zuckerberg de confirmer un chiffre clef : Facebook a dépassé les 750 millions d'utilisateurs. Quant aux données échangées sur la plates-formes (liens, vidéos, etc.), elles progressent de manière exponentielle. D'après le jeune PDG, les utilisateurs partageraiennt deux fois plus qu'il y a un an. Et le mouvement devrait s'amplifier.
Aujourd'hui 4 milliards de données sont partagées par jour sur Facebook. Avec la « loi du partage », exposée par Mark Zuckerberg, ce nombre devrait grimper en flèche dans les mois qui viennent. Les réseaux seraient donc à un tournant historique que la plate-forme entend gérer en ajoutant des outils pour faciliter la gestion de nouveaux contenus (musiques, documents, etc.).
Ou plus exactement en donnant les outils aux développeurs pour créer de nouveaux moyens d'échange.
750 millions de membres, 4 milliards de données partagées par jour : pas de quoi avoir peur de Google+ donc ? D'autant plus que le service n'en est encore qu'à sa phase de beta test ?
Pas si sûr.
Car par rapport à Facebook, Google+ affiche une différence non-négligeable (que certains voient comme une faiblesse) : les « Cercles ».
Ces « Cercles » permettent de trier les contacts. Il est par exemple possible d'être à la fois « ami » avec des collègues de travail et avec sa famille mais de filtrer les contenus destinés aux uns et aux autres. Le Cercle « Famille » aura ainsi accès à des photos de vacances, tandis que le Cercle « Collègues » accédera aux publications ou réflexions professionnelles.
Ces cercles sont en fait l'exact équivalent des "Aspects" dans Diaspora*, le réseau social libre.
Ce tri des contacts (qui n'est pas sans rappeler un essai de Facebook avec « Friends Lists ») et cette granularité sont très différenciants. Ces avantages pourraient d'ailleurs séduire un grand nombre d'utilisateurs. Car les Cercles de Google+ répondent à un problème : il est souvent difficile de refuser une demande d'ajout sur un réseau social, or trop de contacts éparses nuisent à l'efficacité et à la maîtrise d'un profil.
Mark Zuckerberg, qui est présent - officiellement - sous sa propre identité sur Google+, a bien conscience de cette différence.
Sa contre-attaque a d'ailleurs commencé dès hier.
D'après lui, les Cercles seraient trop compliqués à gérer (en résumé, les gens ne veulent pas gérer des paramètres et des listes, ils veulent que tout fonctionne clef en main). Et surtout ils posent un problème de transparence.
« La définition d'un groupe c'est : toutes les personnes d'un groupe savent qui est dans le groupe ». Ce qui n'est effectivement pas le cas avec les Cercles de Google+. Personne ne sait qui est dans tel ou tel groupe, ni dans quel groupe (privé, ami, etc.) il est lui même. Histoire de préserver les susceptibilités.
Les Cercles sont un modèle que ne suivra pas Facebook (qui restera sur celui où tous les contenus sont accessibles à tous les « amis »). Et il y a fort à parier que Facebook ne devrait pas tarder à le dénigrer un peu plus violemment dans les semaines qui viennent.
Ce que certains commencent déjà à faire pour Mark Zuckerberg.
Preuve que Google+ lui fait un peu plus peur que Google Buzz ?
Source : Streaming de la conférence de Mark Zuckerberg
Et vous ?
Etes-vous plus Cercle ou Groupe selon Facebook ?
Que vous inspire l'arrivée de Skype dans Facebook ?
Etes-vous prêt(e) à développer des applications de partage de nouveaux types de contenus pour la plate-forme ?
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Le , par Gordon Fowler
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