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Pourquoi Sam Altman veut scanner des milliards d'yeux pour créer la plus grande base de données biométriques au monde,
Un projet qui souffre de plusieurs défaillances techniques

Le , par Mathis Lucas

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Sam Altman, PDG d'OpenAI, a récemment lancé son projet de cryptomonnaie Worldcoin à travers lequel il prétend vouloir aider les humains à prouver leur humanité sur le net lorsque l'IA sera omniprésente dans un avenir proche. Pour cela, Worldcoin veut constituer une gigantesque base de données biométriques, le projet suscite un certain nombre de préoccupations en matière de protection de la vie privée et présente des défaillances techniques persistantes. À ce titre, la cryptomonnaie de Sam Altman a été interdite dans certains pays et fait l'objet d'une enquête dans d'autres pays, ces derniers ayant des doutes sur la légalité de cette collecte massive de données.

Worldcoin : un projet décrié qui semble être basé sur des promesses fallacieuses

Worldcoin est un projet de cryptomonnaie annoncé en 2019. Cofondée par Sam Altman d'OpenAI, l'entreprise souhaite fusionner la blockchain et la biométrie afin que ceux qui acceptent qu'on scanne leurs iris soient récompensés par un jeton numérique appelé Worldcoins (WDC). En effet, alors que les problèmes de cybersécurité et de fuites de données se multiplient, Altman a lancé le projet afin de limiter les escroqueries et les violations causées par les robots et les mauvais acteurs en scannant les globes oculaires et en attribuant des jetons. La Worldcoin Foundation est l'intendante du projet et le soutiendra jusqu'à ce qu'il devienne autosuffisant.

Le processus est simple: vous installez une application sur votre téléphone portable et recevez un code QR. Ensuite, vous devez laisser une sphère métallique (appelée orbe) scanner votre œil et générer un "test de personnalité". La preuve est ensuite associée au code QR et l'application devient un passeport appelé World ID. Celle-ci fait également office de portefeuille numérique pour la cryptomonnaie Worldcoin. De nombreux centres commerciaux proposent déjà ce service en Amérique latine, en Asie, en Afrique et en Europe. Mais la question qui se pose est la suivante : pourquoi quelqu'un voudrait-il soumettre ces informations personnelles ?


La réponse est l'argent. Avant le lancement de ce service le 26 juillet dernier, Altman a sous-traité avec des centaines d'opérateurs tiers, qui facturent le balayage des yeux dans les pays du Sud. Par exemple, en Indonésie, Tools for Humanity, la société qui a développé Worldcoin pour Altman, aurait offert des T-shirts, des Airpods et des bons pour 25 Worldcoins qu'elle évaluait à 55 dollars (aujourd'hui, ils valent moitié moins) pour inciter les gens à scanner leurs yeux. En outre, la startup d'Altman a également organisé des ateliers sur sa nouvelle cryptomonnaie dans des lycées pour scanner des dizaines d'étudiants, dont beaucoup étaient mineurs.

Cependant, Worldcoin souffre de plusieurs irrégularités, tant en matière de protection de la vie privée qu'en matière de crédibilité. Altman affirme que les passeports et portefeuilles numériques seront essentiels lorsque l'IA aura dépassé la nôtre et que les humains sans emploi auront besoin de recevoir un revenu universel. Il estime en outre qu'il s'agit d'un moyen unique de prouver l'identité des gens en ligne dans un monde où il devient de plus en plus difficile de distinguer l'activité numérique des bots de celle des humains. L'avènement des outils d'IA avancés tels que ChatGPT, Bard et Bing Chat ont contribué à dégrader davantage l'état du Web.

Selon Altman, le passeport numérique permettra à un individu de s'identifier en ligne et de prouver qu'il est un humain. Worldcoin a déployé ses orbes de scan rétinien sur au moins quatre marchés européens jusqu'à présent, à savoir le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Espagne. Deux orbes sont basés en Grande-Bretagne, un en France et deux en Allemagne. La société compte déployer à terme plus de 1 500 orbes à travers le monde. Pour l'heure, la cryptomonnaie n'est pas encore échangeable et Worldcoin semble n'avoir pas connaissance de défaillances techniques persistantes ni d'opérateurs arrêtés ou agressés pour avoir offert de fausses incitations.

Les garanties en matière de protection de la vie privée sont peu convaincantes

Par ailleurs, la Fondation Worldcoin, l'entité qui régit le protocole Worldcoin, est enregistrée aux îles Caïmans, un paradis fiscal. Certaines sources ont rapporté que les tentatives visant à obtenir le statut fiscal de Tools for Humanity par différents canaux, se sont soldées par un échec. Le fait que la Fondation Worldcoin soit enregistrée aux îles Caïmans et la nature nébuleuse de Tools for Humanity amènent les experts à se poser de nombreuses questions. Certains d'entre eux affirment sans hésiter que Worldcoin ressemble à un énorme stratagème pour mettre la main sur une tonne de données biométriques. Ce qu'Altman et les siens démentent.

« Scannez vos yeux et obtenez 20 dollars en argent fictif qui pourra ou non être échangé plus tard. Et la pièce s'effondrera comme toutes les autres, laissant Sam avec un trésor de données biométriques dont il pourra faire ce qu'il veut », affirme un critique. Worldcoin affirme que le respect de la vie privée est garanti, car l'utilisateur n'a pas à donner son nom lors de l'enregistrement et son iris est stocké sous la forme d'un code numérique abstrait. « Même si cela était vrai - et nous n'avons aucun moyen de le vérifier - l'orbe pourrait se retrouver entre de mauvaises mains », déclare Anna Bacciarelli, responsable des technologies à Human Rights Watch.

Il y a un autre problème. Le formulaire de consentement (que personne ne prend la peine de lire) indique que les orbes prennent également des images à haute résolution du visage, des yeux et du corps de l'utilisateur, en plus d'enregistrer ses signes vitaux, dont le rythme cardiaque et la respiration. Ces données permettent d'identifier avec précision chaque utilisateur, ce qui contredit les déclarations des responsables de Worldcoin. Les autorités françaises et allemandes chargées de la protection des données voient des signes d'infraction au règlement général européen sur la protection des données (RGPD) et ont lancé une enquête conjointe.

Worldcoin se présente comme ayant une infrastructure décentralisée et transparente. Mais à l'heure actuelle, l'entreprise est privée, centralisée et opaque. Altman a levé 240 millions de dollars auprès des sociétés de capital-risque les plus connues de la Silicon Valley, notamment Andreessen Horowitz, Tiger Global, Khosla Ventures et Coinbase Ventures. « L'importance du financement du projet souligne l'énorme opportunité commerciale », a déclaré Ella Jakubowska, spécialiste de la biométrie et des droits de l'homme à l'Association européenne pour les droits numériques. Les investisseurs s'attendent d'une manière ou d'une autre à un retour sur investissement.

Selon Jakubowska, il existe un marché évident pour l'identification des robots et des utilisateurs synthétiques sur les plateformes de services numériques. En ce sens, Worldcoin semble être l'antidote à l'autre projet d'Altman : OpenAI. L'objectif présumé d'Altman à travers le projet Worldcoin est de s'impliquer dans les processus démocratiques et d'améliorer l'accès aux programmes sociaux dans le monde entier. Cependant, Jakubowska estime que sa tentative de collecte de données est sinistre. « Créer un code-barres pour chaque habitant de la planète n'a rien d'humanitaire. Worldcoin est l'antithèse d'une communauté », a-t-elle déclaré.

Worldcoin expose les données biométriques qu'il collecte à toute forme d'abus

Les données biométriques sont particulièrement sensibles, car elles sont immuables. Il n'est pas possible pour un individu de changer son iris de la même manière qu'il peut changer son nom ou son adresse. Il en résulte un potentiel d'abus plus important, car les personnes peuvent être identifiées à distance sans leur consentement. Les données biométriques peuvent alors être associées à des paramètres discriminatoires, comme le montre le système d'identification automatique appliqué aux Ouïghours, mis en œuvre par Huawei pour le gouvernement chinois. Il y a deux précédents derrière Worldcoin : l'un est humanitaire, l'autre est gouvernemental.

Un autre cas controversé d'utilisation des données biométriques est celui d'Aadhaar, la base de données biométriques du gouvernement indien. L'administration Modi a codifié l'enregistrement des empreintes numériques et de l'iris d'un milliard d’Indiens en tant qu'outil essentiel de participation citoyenne pour recevoir des pensions du gouvernement, des bourses d'études ou l'accès à des programmes d'aide pour le carburant et la nourriture. Selon les détracteurs de ce projet gouvernemental (lancé en 2009), il s'agit d'un système de surveillance de masse, déployé par un gouvernement totalitaire dans le cadre d'un processus de radicalisation.

La saisie de données biométriques est devenue courante dans les contextes de migration, où la numérisation de l'iris est une condition préalable à l'obtention d'un aide humanitaire. En 2019, le Programme alimentaire mondial des Nations unies s'est associé à la société Palantir pour optimiser ces opérations, qui touchent aujourd'hui 160 millions de personnes dans 120 pays. Worldcoin a adopté une rhétorique similaire à celle de ces organisations. En effet, dans les deux cas, la numérisation de l'iris est présentée comme un outil important qui assurera une distribution équitable des ressources, qu'il s'agisse de cryptomonnaie ou d'aide et de nourriture.

Les réfugiés et les communautés pauvres - où Worldcoin a recueilli le plus d'utilisateurs - ont peu de contrôle sur le consentement et sont vulnérables à l'exploitation. Il y a 160 pays qui enregistrent systématiquement les données biométriques, mais une base de données supranationale entre les mains d'une entreprise privée est beaucoup plus dangereuse.

Le Kenya a interdit les scanners oculaires de la société, car les agences nationales de protection des données, de sécurité et de services financiers doutent toutes de l'authenticité et de la légalité de telles activités. Le consentement des utilisateurs suscite également un scepticisme généralisé, car les conditions de divulgation des données n'ont pas été traduites dans les langues locales de plusieurs pays.

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