Les déclarations du PDG de Tesla, Elon Musk, sur les capacités de ses voitures à être entièrement "autonomes" remontent au moins à 2016, lorsqu'il a déclaré que tous les nouveaux véhicules électriques Tesla seraient équipés du matériel nécessaire. Cependant, cela n'est jamais arrivé. À ce jour, aucun véhicule Tesla n'est entièrement autonome. Et l'Autopilot de Tesla peine à rivaliser avec les autres systèmes avancés d'aide à la conduite de niveau 2 et nécessite une surveillance constante de la part du conducteur. En plus de cela, Tesla est au cœur d'une multitude de batailles juridiques et réglementaires concernant les problèmes de sécurité de ses voitures.
La semaine dernière, l'on a appris que le bureau du procureur général de Californie a ouvert une nouvelle enquête sur les problèmes de sécurité de l'Autopilot ainsi que sur la publicité autour du logiciel. L'entreprise est poursuivie en Californie par des propriétaires qui se plaignent du freinage fantôme, alléguant que les voitures Tesla freinent brusquement en mode Autopilot, sans aucune raison apparente. La National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) des États-Unis a entamé sa propre enquête sur les étranges comportements présumés des Tesla en matière de freinage. En Chine, des milliers de voitures Tesla sont rappelées pour la même raison.
Le bureau du procureur général de Californie chercherait à obtenir des informations auprès de clients et d'anciens employés sur les problèmes de sécurité d'Autopilot et les plaintes pour publicité mensongère. Greg Wester, propriétaire d'une Tesla Model 3 de 2018, a déposé une plainte auprès de la Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis en août 2022 concernant le problème de "freinage fantôme" (le phénomène est décrit comme un freinage automatique et soudain d'une voiture sans raison apparente). Dans sa plainte déposée auprès de la FTC, Wester a déclaré qu'il a rencontré ce problème lors de l'utilisation de l'Autopilot de Tesla sur l'autoroute.
Wester a déclaré à la FTC qu'il s'était senti induit en erreur par Tesla après avoir payé des milliers de dollars pour la version avancée de l'Autopilot, commercialisée sous le nom de Full Self Driving (FSD) aux États-Unis. « Tesla devrait offrir à ses clients la possibilité de recevoir un remboursement complet des fonctions de l'Autopilot s'ils ne sont pas satisfaits du produit. En achetant le FSD, nous avons acheté un produit à autonomie complète et nous avons reçu un produit de surveillance du conducteur avec une autonomie partielle », a déclaré Wester. Ce dernier accuse l'entreprise de publicité mensongère et appelle les autorités à prendre les mesures adéquates.
Au deuxième trimestre de cette année, un analyste du bureau du procureur général de Californie Rob Bonta a laissé un message vocal à Wester pour l'interroger sur les questions mentionnées dans la plainte. Le message n'a pas donné des détails sur le déroulement de l'enquête. Wester a communiqué le message vocal à CNBC et une copie de la réponse automatisée de la FTC accusant réception de sa plainte. Interrogé, le service de presse du procureur général de Californie a déclaré mercredi à CNBC : « pour protéger son intégrité, nous ne sommes pas en mesure de commenter, voire de confirmer ou d'infirmer, une enquête potentielle ou en cours ».
Le freinage fantôme peut exposer les conducteurs à un risque de collision par l'arrière, entre autres dangers. Musk a longtemps promis aux investisseurs et aux clients que des caractéristiques et des fonctions seraient ajoutées aux véhicules Tesla au fil du temps, par le biais de mises à jour logicielles automatiques. Selon lui, ces mises à jour transformeront leurs voitures en véhicules autonomes. Lors de la conférence téléphonique sur les résultats du deuxième trimestre de Tesla, Musk s'est présenté comme "le garçon qui a crié FSD". Mais comme souligné plus haut, à ce jour, Tesla n'a encore livré aucune voiture autonome et vend un système de niveau 2.
Wester n'est pas le seul client de Tesla à avoir été contacté par des analystes du bureau du procureur général après avoir fait part de ses préoccupations en matière de sécurité et autres. Un ancien employé de Tesla dont la famille possède une Tesla Model 3 de 2021 avec l'option FSD a été contacté par courriel en juillet 2023 par une analyste juridique senior de la division de protection des consommateurs du procureur général de Californie. Dans cet e-mail, examiné par CNBC, l'analyste a déclaré qu'elle recherchait des informations auprès de cette personne dans le cadre d'une enquête non spécifiée, mais active sur Tesla. L'employé a requis l'anonymat.
Dans son rapport financier du deuxième trimestre, Tesla a déclaré qu'il recevait des demandes d'informations de la part de régulateurs et d'autorités gouvernementales, telles telles que la NHTSA, le National Transportation Safety Board (NTSB), la Securities and Exchange Commission (SEC), le département de la Justice (DOJ) et diverses agences étatiques, fédérales et internationales. Bien que Tesla ait précédemment déclaré publiquement avoir reçu des demandes d'informations de la part du DOJ pour des documents liés aux fonctions Autopilot et FSD, l'entreprise n'a pas révélé qu'elle faisait l'objet d'une enquête de la part du procureur général de Californie.
« Si le gouvernement décide de prendre des mesures coercitives, il est possible que cela ait un impact négatif important sur nos activités, nos résultats d'exploitation, nos perspectives, nos flux de trésorerie et notre situation financière », a déclaré Tesla dans son rapport. En effet, la Californie est le plus grand marché américain pour les véhicules électriques de Tesla et abrite la première usine d'assemblage de véhicules électriques de l'entreprise, à Fremont. La société a transféré son siège social de Palo Alto, en Californie, à Austin, au Texas, en 2021. Musk s'était rebellé contre la fermeture de son usine de Fremont pendant la pandémie de la Covid-19.
Le département californien des véhicules à moteur enquête depuis des années sur les systèmes d'aide à la conduite de Tesla et a formellement accusé l'entreprise de pratiques trompeuses dans la commercialisation de ses technologies Autopilot et FSD. Et ce n'est pas tout. Le DOJ étudie la responsabilité pénale potentielle de Tesla pour au moins une partie des accidents (mortels ou non) liés à l'Autopilot. La NHTSA enquête également sur plus d'une douzaine d'incidents au cours desquels des voitures Teslas équipées du système Autopilot ont percuté des véhicules d'urgence à l'arrêt. Ces incidents ont suscité des critiques acerbes l'année dernière.
L'agence a également forcé l'entreprise à rappeler cette année plus de 360 000 Teslas avec la version bêta du FSD installée (bien que le rappel ne soit en réalité qu'une mise à jour logicielle obligatoire). L'entreprise avait affirmé qu'un bogue dans la version précédente pouvait provoquer des accidents. Tesla n'a pas commenté la nouvelle sur l'enquête présumée du procureur général de Californie.
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