Cette pratique aurait entraîné un afflux de plaintes et de demandes de réparation de la part des clients qui s’attendaient à une plus grande autonomie, surtout par temps froid. Certains propriétaires ont rapporté des autonomies inférieures à la moitié de celles annoncées, notamment pour le Model 3 qui promet 374 miles (602 km) sur une charge complète. Un conducteur a même déclaré que sa batterie se vidait si rapidement par temps froid qu’il devait s’arrêter pratiquement toutes les heures pour recharger.
La distance que les véhicules électriques peuvent parcourir avant de devoir être rechargés est l'un des principaux inconvénients auxquels les voitures sont confrontées par rapport aux véhicules à essence. L'ordre de gonfler l'autonomie affichée sur les voitures a été donné par le PDG de Tesla, Elon Musk, il y a environ 10 ans, selon Reuters. L'agence de presse a déclaré qu'elle ne pouvait pas déterminer si les algorithmes étaient toujours utilisés.
Pour faire face à ce problème, Tesla aurait créé une équipe secrète à Las Vegas, baptisée « Diversion Team », chargée d’annuler les rendez-vous liés à l’autonomie. Selon Reuters, les employés de cette équipe célébraient chaque annulation en jouant du xylophone acheté par un superviseur. Certains collègues se seraient même levés sur leurs bureaux pour applaudir chaque annulation. Les managers de Tesla auraient dit aux employés qu’ils faisaient économiser 1 000 dollars à l’entreprise pour chaque annulation.
La performance de l'équipe était mesurée par le nombre de rendez-vous annulés chaque jour et l'équipe clôturait souvent la semaine par des centaines de cas de ce genre. Dans la plupart des cas, les voitures n'avaient probablement pas besoin d'être réparées; leur performance avait simplement été surestimée.
Ce n'est pas la première controverse à laquelle l'entreprise fait face.
Tesla aurait imposé une politique interne visant à éviter de consigner par écrit les plaintes des clients
Un lanceur d'alerte a fourni à un site allemand 100 Go de données liées aux secrets de Tesla sous la forme d’au moins 23 000 fichiers comprenant des PDF, des tableurs et des courriels. La fuite comprend des données d’employés et de clients, ainsi que des milliers de plaintes impliquant des Tesla qui accélèrent toutes seules, des rapports d’accidents et des allégations de freinage d’urgence (baptisés « freinage fantôme) causé par des avertissements de collision défectueux.
Les fichiers contiendraient également un document détaillant la politique de Tesla à l’égard de ses employés, qui leur demandait de communiquer uniquement verbalement avec les clients sur les détails de leurs plaintes, en leur interdisant notamment de mettre les rapports par écrit dans des courriels ou de laisser des détails sur les messageries vocales.
Dans une partie traduite du reportage de Handelsblatt, les employés de Tesla auraient été informés de marquer les avis et les plaintes comme étant « à usage interne uniquement » et de ne correspondre verbalement qu’avec les clients.
« Chaque entrée contient également la mention en caractères gras que l’information, si elle doit être transmise, ne peut l’être que ‘VERBALEMENT au client’ », indique la traduction. « Ne copiez pas et ne collez pas le rapport ci-dessous dans un e-mail, un message texte ou ne le laissez pas dans une messagerie vocale au client », est-il mentionné. Les données du véhicule ne doivent pas non plus être divulguées sans autorisation. Si, malgré le conseil, « une implication d’un avocat ne peut être évitée », alors « cela doit être consigné ».
La politique de Tesla de ne pas consigner par écrit les plaintes des clients soulève des questions éthiques et juridiques, selon des experts interrogés par Handelsblatt. Selon eux, cette pratique pourrait viser à éviter que les plaintes ne soient rendues publiques ou utilisées comme preuves dans des procès potentiels.
« Si Tesla a effectivement demandé à ses employés de ne pas documenter les plaintes des clients par écrit, cela pourrait être interprété comme une tentative de dissimulation », a déclaré à Handelsblatt Michael Kubiciel, professeur de droit pénal à l’université d’Augsbourg.
Selon lui, cette politique pourrait constituer une infraction pénale si elle visait à tromper les autorités ou les clients sur la sécurité des véhicules Tesla. Il a également souligné que les employés de Tesla pourraient être tenus responsables s’ils ne signalaient pas les défauts techniques susceptibles de mettre en danger la vie d’autrui.
Pour Markus Roth, professeur de droit civil à l’université de Giessen, la politique de Tesla pourrait également violer le droit des consommateurs. Selon lui, les clients ont le droit d’obtenir des informations écrites sur les défauts de leur véhicule et les mesures correctives prises par le fabricant.
« Il est inacceptable que Tesla refuse de fournir ces informations par écrit aux clients », a-t-il déclaré à Handelsblatt. Il a ajouté que les clients pourraient intenter une action en justice contre Tesla s’ils estimaient avoir été lésés par cette politique.
Bien entendu, Tesla n’est pas le seul constructeur automobile à faire face à des accusations de dissimulation de plaintes des clients. En 2014, General Motors a accepté de payer une amende de 900 millions de dollars pour avoir caché un défaut d’allumage qui avait entraîné la mort de 124 personnes. En 2015, Volkswagen a reconnu avoir truqué les tests d’émissions de ses véhicules diesel, ce qui lui a coûté plus de 30 milliards de dollars en amendes et en indemnisations.
Tesla supprime les capteurs de stationnement à ultrason pour économiser de l'argent et fait face à des conséquences désastreuses
Au fil du temps, Tesla s'est progressivement débarrassé de certains composants de sa voiture. L'entreprise a par exemple décidé de se débarrasser du radar puis, en octobre 2022, a annoncé sa décision de se séparer des capteurs ultrasons, principalement utilisés pour détecter des obstacles proches (notamment pour les systèmes de stationnement autonome), dans un premier temps sur les Model 3 et Model Y, puis du Model S et du Model X cette année. Tesla a d'ailleurs amorcé la transition vers son système Tesla Vision, qui repose uniquement sur des caméras et ses logiciels de vision par ordinateur, en retirant progressivement le radar de ses véhicules électriques dès 2021.
Tesla a donc supprimé les capteurs de stationnement à ultrasons traditionnels, qui utilisent des ondes ultrasonores pour détecter la distance des objets à l'avant ou à l'arrière d'un véhicule, et s'appuie désormais uniquement sur la vision de la caméra pour créer une image de l'environnement du véhicule.
Cette image est ensuite destinée à donner au véhicule une évaluation précise de sa proximité avec les objets.
Un concessionnaire indépendant de véhicules électriques et propriétaire de Tesla au Royaume-Uni a tourné une vidéo et a démontré à quel point la vision de Tesla est mauvaise lorsqu'un Tesla Model Y mis à jour est soumis à un certain nombre de situations de stationnement de base.
Dans la vidéo, on peut voir la voiture renverser un piéton à basse vitesse, tout en affirmant qu'elle avait encore de la place pour continuer plus loin. D'autres parties de la vidéo montrent la carte de conscience de la situation de la voiture qui est constamment modifiée. À un moment donné, elle montre un gros camion sur le chemin de la voiture, même si aucun des véhicules autour de la voiture n'a jamais bougé pendant la démonstration.
Il y a aussi des parties de la vidéo où la technologie de stationnement cesse complètement de fonctionner pendant une brève période.
Les péripéties du Full Self-Driving d'Elon Musk
Tesla a publié une nouvelle version de son controversé logiciel «Full Self-Driving Beta» le mois dernier. Parmi les mises à jour de la version 11.4, il y a de nouveaux algorithmes qui déterminent le comportement de la voiture vis-à-vis des piétons. Une vidéo publiée sur Twitter montre que même si le système Tesla peut détecter les piétons qui traversent la route, une Tesla peut choisir de ne pas s’arrêter ou ralentir comme elle le faisait avant. La vidéo a été postée par le compte Whole Mars Catalog, un compte pro-Tesla très populaire avec plus de 300 000 abonnés.
La mise à jour de la version 11.4 en avril était censée améliorer le comportement des voitures, mais il y a maintenant plus de preuves que la bêta FSD conduit toujours Tesla à enfreindre le code de la route. La section 7 du manuel du conducteur de Californie, qui traite des lois et des règles de la route, stipule que les piétons sont considérés comme des usagers de la route vulnérables et que « les piétons ont la priorité sur les passages pour piétons marqués ou non. S'il y a une limite avant le passage pour piétons, arrêtez-vous à la limite et laissez les piétons traverser la rue. »One of the most bullish / exciting things I've seen on Tesla Full Self-Driving Beta 11.4.1.
— Whole Mars Catalog (@WholeMarsBlog) May 14, 2023
It detected the pedestrian, but rather than slamming on the brakes it just proceeded through like a human would knowing there was enough time to do so. pic.twitter.com/8GISp4jYGp
Ce n'est pas non plus la première fois que le logiciel de Tesla est programmé pour enfreindre le code de la route.
Source : rapport de Reuters
Et vous ?
L'affaire relative au trucage de l'autonomie des véhicules Tesla sous l'ordre d'Elon Musk vous semble-t-elle crédible ? Quelle est votre opinion sur cette pratique ?
Pensez-vous que Tesla devrait indemniser les clients qui se sont sentis trompés par l’autonomie affichée ?
Avez-vous déjà eu des problèmes d’autonomie avec votre véhicule électrique ? Si oui, comment les avez-vous résolus ?
Quelles sont les mesures que vous prenez pour optimiser l’autonomie de votre véhicule électrique ?
Quels sont les avantages et les inconvénients des véhicules électriques par rapport aux véhicules à essence ou diesel ?