
La décision d’Elon Musk fait suite à la plainte d’un internaute, James Esses, qui se dit victime de harcèlement de la part « d'activistes trans » qui l’auraient traité de « cis ».
Imaginez si les rôles étaient inversés.
Elon Musk a alors réagi en affirmant que les mots « cis » ou « cisgenre » sont considérés comme des insultes sur Twitter et que leur emploi pourra entraîner une suspension temporaire du compte.Yesterday, after posting a Tweet saying that I reject the word ‘cis’ and don’t wish to be called it, I receive a slew of messages from trans activists calling me “cissy” and telling me that I am ‘cis’ “whether or not I like it”.
— James Esses (@JamesEsses) June 20, 2023
Just imagine if the roles were reversed.

Le terme «cisgenre» renvoie, selon Le Petit Robert, à toute personne dont l’identité de genre correspond au sexe qui lui a été assigné à la naissance - par opposition aux personnes transgenres. Aussi, est considérée comme cis toute personne de sexe masculin se sentant homme, ou une personne de sexe féminin se sentant femme. Rien d’insultant pour qui que ce soit a priori.
Plusieurs sources pourraient être à l’origine du terme. Certains estiment que c’est le sexologue allemand Volkmar Sigush qui l’aurait employé en premier, dans un texte universitaire en 1991. D’autres, en revanche, affirment que son inventeur est nul autre que Carl Buijs, un homme trans néerlandais qui a tenté de conceptualiser l’inverse de « transgenre » en 1995. « Comment se fait-il qu’il n’y ait pas de nom pour les personnes qui ne sont pas transgenres ? », se serait-il demandé, décidant ainsi d’introduire le terme cisgenre pour désigner les personnes dont l’identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance.
Une sortie qui suscite la polémique
Cette prise de position a suscité de nombreuses critiques de la part des personnes transgenres et de leurs alliés, qui dénoncent une incompréhension et une injustice de la part du patron de Twitter. Ils rappellent que le mot cisgenre n’est pas une insulte, mais un simple constat de réalité. Ils soulignent également que les personnes transgenres sont souvent victimes de discriminations et de violences, et qu’elles ont besoin d’un espace d’expression et de soutien sur les réseaux sociaux.
Pour l’instant, le mot cisgenre ne figure pas dans la politique de modération de Twitter liée au contenu haineux. Il n’est pas certain qu’Elon Musk parvienne à imposer sa volonté aux millions d’utilisateurs et utilisatrices du réseau social. Quoiqu'il en soit, il a vite circonscrit les conditions de sanctions dans l'emploi de ce mot en réponse à un tweet.
Ashley St. Clair, une écrivaine, a tweeté :
Nous vous avions prévenu que si vous commenciez cette guerre contre la langue, en interdisant les mots parce qu'ils sont « haineux », vous auriez un réveil brutal quand quelqu'un qui ne fait pas partie de votre culte idéologique a le pouvoir d'interdire les mots.
Vos efforts pour corrompre la pensée par le langage ont créé ce précédent.
Une annonce qui intervient deux mois après une modification de la politique relative aux « conduites haineuses »They won’t get suspended unless they do an egregious coordinated attack, but their post will see much less reach, as it will not be recommended to others
— Elon Musk (@elonmusk) June 22, 2023
L’annonce d’Elon Musk intervient d’ailleurs après un changement de cette politique sur le harcèlement des personnes transgenres. Depuis avril, le réseau social ne sanctionne plus le fait de méconnaître le nouveau genre ou d’utiliser l’ancien nom d’une personne transgenre.
« Nous interdisons le ciblage d’autrui avec des insultes, clichés et autres contenus répétés visant à dégrader des personnes ou à renforcer les stéréotypes négatifs ou préjudiciables au sujet d’une catégorie protégée. Cela englobe le fait d’utiliser un genre incorrect pour les personnes transgenres, ou de s’adresser à elles avec leur ancien nom », indiquait la précédente version. La dernière phrase a désormais disparu, signifiant que le fait de méconnaître le nouveau genre ou d’utiliser l’ancien nom (deadname) d’une personne transgenre n’est plus sanctionné. D’après la Wayback Machine, ce changement remonte au 8 avril.
La politique de lutte contre le harcèlement des personnes transgenres avait été mise en place en 2018. Son retrait a notamment été critiqué par l’association de défense des droits des LGBTQ, GLAAD, qui estime que ce changement est « le dernier exemple de la dangerosité de l’entreprise pour les utilisateurs et les annonceurs ». « Cette décision de faire reculer la sécurité des LGBTQ éloigne encore plus Twitter de TikTok, Pinterest et Meta, qui maintiennent tous des politiques similaires pour protéger leurs utilisateurs transgenres à un moment où le discours anti-transgenre en ligne conduit à la discrimination et à la violence dans le monde réel », a déclaré Sarah Kate Ellis, présidente de l’association.
L'annonce d'Elon Musk intervient également quelques jours après que le propriétaire de Twitter a promis que la plateforme respecterait la loi européenne destinée à lutter contre la désinformation et la haine en ligne. Affirmant que le réseau social ne va pas dépasser « les dispositions légales » en termes de censure et de liberté d’expression, il avait invoqué la difficulté de placer « le curseur sur ce qui est de bon ou de mauvais goût, acceptable ou non ».NEW: @Twitter has quietly removed a section of its hateful conduct policy that aimed to protect transgender people from targeted misgendering and deadnaming. https://t.co/8jvO9U0PA0
— GLAAD (@glaad) April 18, 2023
Sources : Elon Musk, communiqué de presse de GLAAD, ancienne version de la politique, nouvelle version de la politique
Et vous ?



