Les personnes qui avaient un compte Facebook américain actif entre mai 2007 et décembre 2022 ont jusqu'au 25 août pour déposer une réclamation. Les paiements indivuduels de règlement n'ont pas encore été établis, car les paiements dépendent du nombre d'utilisateurs soumettant des réclamations et de la durée pendant laquelle chaque utilisateur a conservé un compte Facebook.
En décembre 2022, Meta, la société mère de Facebook, a accepté de payer 725 millions de dollars pour résoudre un procès en recours collectif accusant le géant des médias sociaux d'avoir permis à des tiers, y compris Cambridge Analytica, d'accéder aux informations personnelles des utilisateurs.
Cambridge Analytica et la manipulation de masse
Pour mémoire, en mars 2018, le quotidien américain New York Times et britannique The Guardian ont publié des informations relatives à une campagne de manipulation orchestrée par l’entreprise Cambridge Analytica, une société spécialisée dans l’analyse de données (data mining). La source, un lanceur d’alerte Canadien répondant au nom de Christopher Wylie, a été employée au sein de cette entreprise qui était alors suspectée d’avoir exploité les données de millions d’utilisateurs de Facebook (dont 87 millions rien qu'aux USA) à leur insu.
Ces données auraient permis d’effectuer un profilage des électeurs potentiels dans le cadre de la campagne victorieuse de Donald Trump outre-Atlantique, mais aussi du « Oui » au Brexit.
Cambridge Analytica a payé pour obtenir des données Facebook collectées par un chercheur, le Dr Aleksandr Kogan, via une application qu’il a baptisée « thisisyourdigitallife ». Selon Facebook, le chercheur prétendait les recueillir à des fins académiques. Contre 4 $, les internautes étaient invités à se connecter avec leurs identifiants Facebook et à répondre à une série de questions. Ils étaient plus de 270 000 à se livrer à cet exercice qui a eu un impact sur plus de 87 millions d’utilisateurs Facebook aux USA. Autant de données que Cambridge Analytica a utilisées pour faire du profilage et tenter d’influencer le courant politique aux États-Unis.
Facebook offrait un certain nombre d'outils technologiques pour les développeurs de logiciels, et l'un des plus populaires est Facebook Login, qui permet aux gens de simplement se connecter à un site Web ou une application en utilisant leur compte Facebook au lieu d’enregistrer de nouvelles informations. Vous verrez probablement le même système avec d’autres services populaires comme celui de Google.
Les gens s’en servent probablement parce que c'est facile (en deux clics, ils peuvent créer leur compte) et élimine le besoin de se souvenir d'une nouvelle combinaison pseudo/MdP.
Seulement voilà : lorsque les utilisateurs se servaient de Facebook Login, ils accordaient au développeur de l'application une série d'informations provenant de leur profil Facebook, telles que leur nom, leur emplacement, leur adresse e-mail ou leur liste d'amis. C'est ce qui est arrivé en 2015, quand un professeur de l'Université de Cambridge nommé Dr Aleksandr Kogan a créé une application appelée « thisisyourdigitallife » qui utilisait cette fonctionnalité de connexion de Facebook. Quelque 270 000 personnes ont utilisé Facebook Login pour créer des comptes et ont ainsi choisi de partager leurs données personnelles avec Kogan.
En 2015, cependant, Facebook a également permis aux développeurs de recueillir des informations sur les réseaux d'amis de personnes qui ont utilisé Facebook Login. Cela signifie que même si un seul utilisateur avait accepté de remettre ses données, les développeurs pouvaient également accéder à certaines données sur leurs amis. Précisons que depuis, Facebook a mis à jour ses conditions de service pour que cela ne soit plus possible, du moins pas au même niveau de détail.
Grâce à ces 270 000 personnes qui ont opté, Kogan a pu accéder aux données de quelque 87 millions d'utilisateurs américains de Facebook, selon le Times. Cette collecte de données aurait pu inclure des informations sur l'emplacement et les centres d'intérêt des utilisateurs, ainsi que des informations plus détaillées, telles que des photos, des mises à jour d'état et des enregistrements.
Le Times a constaté que les données de Cambridge Analytica « contenaient suffisamment d'informations, y compris les lieux de résidence, que l'entreprise pourrait faire correspondre les utilisateurs à d'autres enregistrements et construire des profils psychographiques. »
Dans une série de réunions filmées en caméra cachée, qui ont été diffusées sur Channel 4 News, Alexander Nix, le patron de Cambridge Analytica a confirmé le rôle joué par la société dans l’élection de Donald Trump aux États-Unis.
Meta contraint de sortir le chéquier
Meta a payé 5 milliards de dollars dans le cadre d'un accord avec la Federal Trade Commission (FTC), 100 millions de dollars à la Securities and Exchange Commission (SEC), pour avoir induit les investisseurs en erreur, et une modeste somme équivalente à 600 000 $ au bureau du commissaire à l'information du Royaume-Uni. Une série de procès a ensuite frappé le réseau social, dont un recours collectif en 2018. L'action en justice accusait Facebook de partager indûment les données des utilisateurs avec des tiers. C'est dans ce cadre qu'en décembre 2022, Meta a conclu un accord provisoire avec les différentes parties prenantes, acceptant de payer 725 millions de dollars.
Il convient également de noter que si la genèse de cette action collective était Cambridge Analytica, elle s'est élargie pour inclure d'autres tiers qui auraient utilisé de manière inappropriée les données des utilisateurs de Facebook. Meta n'a pas reconnu ses torts dans le cadre du règlement, qui a désormais été approuvé par un juge. La société a déclaré que le règlement était « dans le meilleur intérêt de notre communauté et de nos actionnaires ». « Au cours des trois dernières années, nous avons réorganisé notre approche de la protection de la vie privée et mis en place un programme complet de protection de la vie privée », a déclaré Meta.
Les utilisateurs de Facebook peuvent faire une réclamation en visitant le site Facebookuserprivacysettlement.com et en saisissant leur nom, leur adresse, leur adresse e-mail et en confirmant qu'ils vivaient aux États-Unis et étaient actifs sur Facebook entre les dates susmentionnées.
Le montant que recevra un utilisateur individuel dépendra du nombre de personnes qui soumettront des demandes valables pour une part du règlement. Les avocats des plaignants ont toutefois déclaré qu'ils prévoyaient de demander au juge de leur accorder jusqu'à 25 % du règlement au titre des honoraires d'avocat, soit environ 181 millions de dollars. Par ailleurs, malgré ce règlement, Meta n'a pas fini d'être hanté par Cambridge Analytica. Plusieurs enquêtes menées par les procureurs généraux des États sont toujours en cours et l'entreprise de médias sociaux se bat contre une action en justice intentée par le procureur général de Washington DC, Karl Racine.
En 2018, Racine a poursuivi Facebook, affirmant que le réseau social était bien au courant des entourloupes de la société d'analyse, mais n'a rien fait de significatif jusqu'à ce que la collecte de données soit couverte par les médias grand public. Facebook a bloqué à plusieurs reprises les tentatives de production de documents, a affirmé Racine, et les documents qu'il a finalement remis ont tracé une piste qui, selon lui, menait directement à Zuckerberg. En mai 2022, en annonçant qu'il poursuit Zuckerberg, Racine a déclaré : « Ce procès est non seulement justifié, mais nécessaire, et envoie un message selon lequel les chefs d'entreprise, y compris les PDG, seront tenus responsables de leurs actes ».
Cependant, prouver cet argument peut être plus facile à dire qu'à faire : cette dernière plainte dépend de la capacité du procureur général à relier les actions personnelles de Zuckerberg aux actions de Cambridge Analytica. Toutefois, Racine reste convaincu qu'il peut lier Zuck à l'extraction de données : « les preuves montrent que monsieur Zuckerberg a été personnellement impliqué dans l'échec de Facebook à protéger la vie privée et les données de ses utilisateurs, ce qui a directement conduit à l'incident de Cambridge Analytica », a déclaré le procureur général.
Source : site Facebook en rapport avec l'affaire
Et vous ?
Que pensez-vous de ce règlement ? Le trouvez-vous équitable, pas assez sévère, trop sévère ?
Que pensez-vous des paramètres pour pouvoir bénéficier des retombées du recours collectif ?
Y a-t-il une règlementation concernant l'affaire Cambridge Analytica dans votre pays ?