À la fin du mois dernier, Ruth Porat, qui est à la fois directrice financière d’Alphabet et de sa filiale Google depuis 2015, a adressé un courrier électronique interne aux Googlers afin de leur faire part des détails concernant les décisions prises en amont par les dirigeants de l’entreprise pour réduire les dépenses du géant de la recherche. Dans cette note interne, qui est parvenue à la connaissance de certaines personnes, Porat explique que l’un des objectifs de Google cette année est de « réaliser des économies durables grâce à une vitesse et une efficacité améliorées ». « Ce travail est particulièrement vital en raison de notre croissance récente, de l’environnement économique difficile et de nos incroyables opportunités d’investissement pour faire avancer la technologie, en particulier dans l’IA ». « Nous nous concentrons sur la distribution encore plus efficace de nos charges de travail de calcul, en tirant le meilleur parti de nos serveurs et de nos centres de données », a-t-elle écrit. « Nous avons déjà fait des progrès dans ces efforts et nous continuerons à améliorer l’efficacité. Ce travail s’additionne étant donné que l’infrastructure est l’un de nos principaux domaines d’investissement ». Il faut souligner qu’en plus du contexte économique difficile auquel l’entreprise fait face, le retard qu’elle accuse dans le domaine de l’intelligence artificielle lui fait perdre de l’argent chaque jour avec Bing, le moteur de recherche de Microsoft qui a commencé à ravir une petite portion des parts de marché du moteur de recherche de Google depuis qu’il a été couplé à ChatGpt.
Dans le courrier, Porat dépeint la situation actuelle de l’entreprise en expliquant que « Nous sommes déjà passés par là. En 2008, nos dépenses augmentaient plus vite que nos revenus. Nous avons amélioré l’utilisation des machines, réduit nos investissements immobiliers, resserré notre ceinture sur les budgets T&E, les cafés, les microcuisines et l’utilisation des téléphones portables, et supprimé la subvention pour les véhicules hybrides. Depuis lors, nous avons continué à nous rééquilibrer en fonction des données sur la façon dont les programmes et les services sont utilisés ». Pour ce qui concerne la situation actuelle de l’entreprise, la cheffe des finances de Google explique que « les décisions les plus difficiles qu’ils ont eu à prendre en tant qu’entreprise furent de réduire les effectifs, et cela est encore en cours dans certains pays ». « Nous continuons à redéployer des équipes vers des tâches plus prioritaires, à maintenir un rythme d’embauche plus lent », a-t-elle souligné. « La plupart des autres changements et économies importants ne seront pas visibles pour la plupart des Googlers, mais ils feront une différence notable sur nos coûts », précise la financière.
Mais dans un souci de franchise envers les employés de l’entreprise, Porat a expliqué dans son message « qu’il existe également des domaines dans lesquels des économies seront réalisées et qui auront un impact sur certains services que les Googlers utilisent au travail et au-delà ».
Nous plaçons la barre très haut en matière d’avantages à la pointe de l’industrie, d’avantages et d’équipements de bureau, et nous continuerons à le faire à l’avenir. Cependant, certains programmes doivent évoluer en fonction du fonctionnement actuel de Google. En plus de contribuer à réduire les coûts, ces changements réduiront le gaspillage alimentaire et seront meilleurs pour l’environnement ». Ainsi, « nous adaptons nos services de bureau à la nouvelle semaine de travail hybride. Les cafés, les microcuisines et les autres installations seront adaptés pour mieux correspondre à comment et quand ils sont utilisés. Les décisions seront basées sur des données. Par exemple, lorsqu’un café connaît un volume d’utilisation nettement inférieur certains jours, nous le fermerons ces jours-là et nous nous concentrerons davantage sur les options populaires qui se trouvent à proximité. De même, nous consoliderons les microcuisines dans les bâtiments où nous voyons plus de déchets que de valeur. Nous modifierons également certains cours de fitness et horaires de navette en fonction de leur utilisation ». En plus de cela, la cheffe des finances ajoute ceci : « nous avons également évalué l’équipement que nous fournissons aux Googlers. Les appareils d’aujourd’hui ont une durée de vie beaucoup plus longue et des performances et une fiabilité supérieures. Nous avons donc apporté des modifications à ce qui est disponible et à la fréquence de remplacement, tout en veillant à ce que les gens disposent de ce dont ils ont besoin pour remplir leur rôle. Parce que l’équipement est une dépense importante pour une entreprise de notre taille, nous pourrons économiser de manière significative ici ».
Dans d’autres documents qui sont également parvenus à la connaissance de certains médias, Google aurait déclaré qu’il réduisait les cours de fitness, les agrafeuses, le ruban adhésif et la fréquence de remplacement des ordinateurs portables pour les employés. Les employés de Google qui n’occupent pas de poste d’ingénieur, mais qui ont besoin d’un nouvel ordinateur portable recevront un Chromebook par défaut. À noter que les Chromebooks sont des ordinateurs portables fabriqués par Google et utilisent un système d’exploitation basé sur Google appelé Chrome OS. Auparavant, c’étaient les MacBook d’Apple qui étaient offerts aux employés de l’entreprise. Selon le document qui a fuité, en plus de vouloir faire des économies, une des raisons également avancées pour le choix des Chromebooks pour les Googlers est que cela offrirait « la meilleure opportunité sur tous les appareils gérés d’empêcher les compromis externes ». Selon les informations contenues dans le document, un employé ne pourrait plus dépenser pour les téléphones portables s’il en existe un en interne. Et les employés auront besoin de l’approbation du directeur ou du supérieur hiérarchique s’ils ont besoin d’un accessoire qui coûte plus de 1 000 $ et n’est pas disponible en interne. Dans une section intitulée « Desktops and Workstations », la société aurait déclaré que CloudTop, le poste de travail virtuel interne de l’entreprise, sera « le bureau par défaut » pour les Googlers.
Nous précisons qu’il n’y a pas que Google qui connaît ses difficultés. Meta Platforms inc., l’entreprise mère de Facebook, Instagram et SnapChat, a annoncé qu’elle supprimerait environ 10 000 emplois au cours des prochains mois, dans le cadre d’une soi-disant « année d’efficacité », après avoir licencié environ 11 000 employés l’automne dernier. Amazon.com inc. a également déclaré le mois dernier qu’il supprimerait 9 000 emplois supplémentaires dans des domaines tels que la publicité et le cloud computing après avoir annoncé précédemment son intention de supprimer 18 000 postes.
Source : CNBC, WSJ, YouTube
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Selon vous, réduire le nombre d’ordinateurs portables, de services et d’agrafeuses pour les employés pourra-t-il véritablement faire faire des économies à Google ?
En dehors de la croissance économique mondiale, pensez-vous qu’il pourrait exister d’autres raisons pour expliquer les difficultés financières actuelles de Google et ces récentes décisions ?
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