
l'entreprise tente de justifier son échec après des années de promesses non tenues
Après plusieurs années de déclarations farfelues sur l'arrivée imminente d'une voiture à conduite autonome, Tesla semble s'être finalement rendu à l'évidence. Sous le coup d'un recours collectif aux États-Unis pour fraude et escroquerie en ce qui concerne les logiciels Autopilot et Full Self-Driving (FSD), les avocats de Tesla ont déclaré récemment que le constructeur automobile américain pourrait admettre son échec, mais ont réfuté les accusations de duperie. Tesla a augmenté à plusieurs reprises le prix du FSD, mais par contre, il n'a jamais réussi à livrer un logiciel de conduite autonome de niveau 3. L'Autopilot et le FSD sont de niveau 2.
Elon Musk, PDG de Tesla, a déclaré à de nombreuses reprises depuis 2015 que les voitures Tesla seraient entièrement autonomes dans un délai relativement court, soit deux ans ou moins. Cependant, des années après que les délais qu'il s'est lui-même imposés se sont envolés, ce n'est toujours pas arrivé. Malgré les noms trompeurs des logiciels Autopilot et Full Self-Driving et les publicités de Tesla qui prêtent également parfois à confusion, les clients sont invités à garder leurs mains sur le volant en toute circonstance, même lorsque ces fonctions sont activées. Désormais, les clients semblent s'être lassés de l'attente et demandent des comptes à l'entreprise.
Le constructeur de voitures électriques fait l'objet d'un recours collectif de la part de clients des technologies Autopilot et Full Self-Driving (FSD). Ils affirment avoir été escroqués, dupés par les déclarations répétées du PDG Elon Musk et les documents marketing de Tesla au cours des six dernières années. Les plaignants affirment que ces différentes déclarations laissaient entendre que la conduite entièrement autonome était imminente. Mais à la date d'aujourd'hui, aucune voiture Tesla n'est capable de se diriger de manière totalement autonome, et pourtant l'entreprise vend ce qu'elle appelle "une capacité de conduite autonome complète" pour 15 000 dollars.
Pour sa défense, les avocats de Tesla ont déclaré que "le simple fait de ne pas réaliser un objectif ambitieux à long terme ne constitue pas une fraude". Cet argument est contenu dans une motion de rejet de l'affaire qui a été déposée au début du mois devant le tribunal de district américain de San Francisco. Si l'affaire va de l'avant, elle pourrait conduire à la déposition d'employés de Tesla qui ont participé au développement de la technologie et révéler ce que Musk savait et ne savait pas sur ses véritables capacités lorsqu'il a fait de nombreuses prévisions au fil des ans, y compris les nombreuses déclarations du milliardaire sur les robotaxis Tesla.
Musk avait prédit qu'il y aurait un million de robotaxis Tesla sur la route d'ici la fin de 2020, que les clients pourraient gagner 30 000 dollars par an en les louant et que leurs voitures prendraient de la valeur. Par exemple, la plainte cite un tweet de 2016 dans lequel Musk a noté : « une voiture Tesla serait capable de se conduire toute seule à travers les États-Unis d'ici l'année prochaine ». Plus tard cette année-là, Tesla a publié une vidéo, également citée dans le procès, qui, selon le constructeur automobile, montrait une de ses voitures se conduisant toute seule. Cependant, selon l'action en justice, la vidéo publiée par Tesla était trompeuse.
Les avocats de Tesla tentent d'empêcher que ces informations soient rendues publiques. La demande de rejet de l'affaire repose sur l'affirmation de Tesla selon laquelle les documents signés par les clients lors de l'achat de leur voiture les obligent à déposer individuellement des plaintes par le biais du système d'arbitrage privé. Un procès public permet aux clients de déposer des plaintes en tant que grand groupe, appelé "classe" ; l'arbitrage signifie que chaque client est seul. Alors qu'un procès public pourrait révéler des informations sur l'état du développement les logiciels Tesla à un moment donné, l'arbitrage garderait ce témoignage secret.
Des milliers de poursuites ont été engagées contre Tesla et Musk. Le recours à l'arbitrage privé est souvent la première réaction de Tesla face à des poursuites judiciaires publiques. Le cas de Cristina Balan est un exemple palpable. Ancienne ingénieure de Tesla, elle affirme avoir été diffamée par Tesla en 2017, ce qui a porté atteinte à sa réputation professionnelle, mais grâce à une série d'arguments procéduraux, les avocats de Tesla ont évité que l'affaire soit portée devant un tribunal public. Mais dans le cas de la nouvelle plainte, la litanie d'affirmations et de promesses faites par Musk et Tesla seront familières à toute personne qui suit Musk de près.
L'action en justice, déposée par le cabinet californien Cotchett, Pitre & McCarthy, cite également de nombreux cas d'accidents impliquant l'utilisation de la technologie d'aide à la conduite de Tesla. La plainte affirme que même parmi les systèmes avancés d'aide à la conduite, le système Autopilot de Tesla est en deçà de ceux qui sont désormais disponibles sur les marchés mondiaux auprès d'autres sociétés, dont Mercedes-Benz et Honda. Consumer Report estime d'ailleurs que le Super Cruise de Cadillac surpasse l'Autopilot de Tesla. Le nom Autopilot a fait l'objet de critiques de la part de groupes de sécurité et même de gouvernements.
Tesla et Musk ont défendu le nom, car, dans les avions, le système de pilotage automatique nécessite toujours un pilote actif et toujours alerte aux commandes. Un tribunal allemand a statué en 2020 que Tesla ne devait pas être autorisé à faire la publicité de sa technologie d'aide à la conduite sous le nom d'"Autopilot", bien que la plainte ait été rejetée par la suite, permettant l'utilisation du terme. Tesla et Musk ont déclaré qu'avec les futures améliorations logicielles qui seront livrées "en direct" (over the air), les voitures équipées de ces systèmes seront bientôt capables de se conduire elles-mêmes sans l'intervention d'une personne.
Ce n'est cependant pas encore le cas, et Tesla n'a pas respecté ses propres prévisions quant à la date à laquelle cela serait possible. Les organismes de réglementation enquêtent sur la technologie automatisée de Tesla depuis des années. Plusieurs accidents mortels ont été liés au logiciel Autopilot. La National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) des États-Unis a ouvert plusieurs enquêtes, notamment sur les raisons pour lesquelles les Teslas semblent s'écraser de manière disproportionnée sur les véhicules d'urgence stationnés sur le bord de la route. L'agence n'a pas fixé de calendrier public pour une détermination.
Source : Les documents de la plainte
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