
Un mois après l'effondrement spectaculaire de la bourse de cryptomonnaies FTX, Sam Bankman-Fried vient d'être placé en détention par les autorités des Bahamas. « L'arrestation de Sam Bankman-Fried fait suite à la réception d'une notification officielle des États-Unis indiquant qu'ils ont déposé des accusations criminelles contre lui et qu'ils demanderont probablement son extradition », indique un communiqué du Bureau du procureur général et du ministère des Affaires juridiques des Bahamas. Il fait en effet l'objet d'une enquête du ministère américain de la Justice concernant l'implosion soudaine de FTX, qui a déposé son bilan le 11 novembre.
Le procureur des États-Unis pour le district sud de l'État de New York a confirmé que Bankman-Fried avait été inculpé et a indiqué qu'un acte d'accusation serait rendu public mardi. Selon une personne au fait de l'affaire, les chefs d'accusation comprennent la fraude électronique, le complot de fraude électronique, la fraude sur les valeurs mobilières, le complot de fraude sur les valeurs mobilières et le blanchiment d'argent. Pour le moment, Bankman-Fried est la seule personne inculpée dans l'acte d'accusation. Nicholas Biase, un porte-parole du bureau du procureur district sud de New York, s'est refusé à tout commentaire.
Le procureur américain a examiné si FTX a enfreint la loi en transférant les fonds de ses clients à Alameda Research, un fonds spéculatif de cryptomonnaie que Bankman-Fried a également fondé et détenu. « Plus tôt dans la soirée, les autorités bahamiennes ont arrêté Samuel Bankman-Fried à la demande du gouvernement américain, sur la base d'un acte d'accusation scellé. Nous prévoyons de demander l'ouverture de l'acte d'accusation dans la matinée du mardi et nous aurons plus à dire à ce moment-là », a déclaré Damian Williams, le procureur américain du district sud de New York, dans un communiqué.
Les avocats impliqués dans l'affaire ont été surpris par la soudaineté de la nouvelle, qui est tombée la veille du jour où Bankman-Fried devait témoigner virtuellement devant une commission parlementaire. En effet, avant l'annonce de son arrestation, Bankman-Fried devait témoigner virtuellement devant la commission des services financiers de la Chambre des représentants mardi, mais ses avocats ont déclaré qu'il ne se présentera pas. La représentante Maxine Waters (D-Calif.), qui supervise cette commission, s'est dite "surprise" par l'arrestation de Bankman-Fried et déçue que le Congrès ne puisse pas l'entendre mardi.
Au début du mois, Waters a invité Bankman-Fried à se rendre disponible pour cette audition, mais le fondateur de FTX a déclaré que "sa disponibilité dépendrait de ses occupations". « Nous apprécions que vous ayez été franc dans vos discussions sur ce qui s'est passé à FTX. Votre volonté de parler au public aidera les clients de FTX, les investisseurs, etc. À cette fin, nous serions heureux que vous participiez à notre audience le 13 », a écrit Waters. Bankman-Fried a répondu : « lorsque j'aurai fini d'apprendre et de revoir ce qui s'est passé, j'estimerais qu'il est de mon devoir de me présenter devant la commission et de m'expliquer ».
Le fondateur de FTX a ajouté qu'"il n'est pas sûr que cela se produise d'ici la date du 13 décembre" comme l'a suggéré la représentante Waters. Beaucoup se sont indignés contre les propos de Bankman-Fried, accusant les autorités "de traiter le fondateur de FTX avec des gants". « Ce type vient de commettre une fraude de 10 milliards de dollars, et pourquoi est-il traité avec autant de précautions ? », s'est interrogé Brian Armstrong, PDG de Coinbase, lors d'une récente interview. Armstrong souligne qu'une telle chose "est inacceptable" au regard des lois sur la fraude fiscale et de la façon dont les cas de fraude ont été gérés par le passé.
La police royale des Bahamas a confirmé l'arrestation de Bankman-Fried et a indiqué qu'il comparaîtrait mardi devant le tribunal de première instance de Nassau, la capitale. Il a fait l'objet d'un examen minutieux de la part de dizaines de régulateurs à travers le monde, y compris la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis. À Manhattan, les procureurs fédéraux se sont concentrés sur la gestion des fonds des clients par FTX, ainsi que sur une éventuelle manipulation du marché par Bankman-Fried qui pourrait avoir contribué à la faillite de deux cryptomonnaies importantes au printemps dernier.
Étonnamment pour un dirigeant faisant l'objet d'enquêtes criminelles, Bankman-Fried a donné de nombreuses interviews aux médias à la suite de l'effondrement de FTX. Lors du récent DealBook Summit, il a imputé l'implosion de sa société à "d'énormes défaillances de gestion" et à une comptabilité bâclée, insistant sur le fait qu'il "n'a jamais essayé de commettre une fraude" ou de puiser sciemment dans les fonds des clients de FTX pour financer d'autres investissements. Il a même songé à créer une nouvelle entreprise qui, selon ses dires, devrait permettre de récupérer les fonds perdus par les investisseurs de FTX.
L'arrestation de Bankman-Fried aux Bahamas, ainsi que son extradition attendue, suggère qu'une coopération étroite entre les Bahamas et les États-Unis continuera à évoluer tout au long de la procédure de faillite. Les Bahamas et les États-Unis ont mis en place un traité d'extradition depuis le début du 20e siècle, lorsque les Bahamas étaient encore sous contrôle britannique. Le traité actuel a été signé en 1990 et exige que la partie requérante fournisse un mandat d'arrêt émis par un juge ou une "autre autorité compétente".
Source : Communiqué du procureur général des Bahamas, Ryan Pinder
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