
Un mois après que FTX a déposé le bilan en vertu du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, Sam Bankman-Fried (SBF), fondateur et ancien PDG de la bourse de cryptomonnaies, continue de gérer ses affaires en toute quiétude et songerait même à créer une nouvelle entreprise. Bankman-Fried affirme que la nouvelle société lui permettrait de récupérer les pertes des investisseurs de FTX. Il a déclaré qu'il "donnerait tout" pour lancer une nouvelle entreprise. « Je vais penser à la façon dont nous pouvons aider le monde et si les utilisateurs n'ont pas obtenu beaucoup de retours, je vais penser à ce que je peux faire pour eux », a-t-il déclaré.
Lorsqu'on lui a demandé s'il était préparé à l'éventualité d'une arrestation, il a répondu : « il y a un peu de temps la nuit à ruminer, oui, mais quand je me lève dans la journée, j'essaie de me concentrer, d'être aussi productif que possible et d'ignorer les choses qui sont hors de mon contrôle ». Cependant, beaucoup s'indignent de la façon dont les autorités du monde entier, en particulier américaines, gèrent le cas Bankman-Fried. Armstrong a déclaré à Ben Thompson de Stratechery dans une interview qu'il a le sentiment que les "médias grand public et les autorités traitent Bankman-Fried avec beaucoup trop de sympathies", malgré le tollé.
« Je veux dire, ce type vient de commettre une fraude de 10 milliards de dollars, et pourquoi est-il traité avec autant de précautions ? », s'interroge Armstrong. Il a cité un récent échange sur Twitter entre Sam Bankman-Fried et la représentante de la Californie, Maxine Waters, où la députée aurait demandé "très poliment", au fondateur de FTX d'assister à l'audience de la commission des services financiers de la Chambre des représentants des États-Unis le 13 décembre. Armstrong souligne qu'une telle chose "est inacceptable" au regard des lois sur la fraude fiscale et de la façon dont les cas de fraude ont été gérés par le passé.
« Nous apprécions que vous ayez été franc dans vos discussions sur ce qui s'est passé à FTX. Votre volonté de parler au public aidera les clients de l'entreprise, les investisseurs et d'autres personnes. À cette fin, nous serions heureux que vous participiez à notre audience le 13 », a écrit Waters dans son tweet. Bankman-Fried a répondu : « lorsque j'aurai fini d'apprendre et de revoir ce qui s'est passé, j'estimerais qu'il est de mon devoir de me présenter devant la commission et de m'expliquer ». Le fondateur de FTX a ajouté qu'"il n'est pas sûr que cela se produise d'ici la date du 13 décembre" comme l'a suggéré la représentante Waters.
Armstrong a qualifié la réponse de Bankman-Fried de "poliment différée" et a déclaré que l'échange était "bizarre. Waters a depuis déclaré que Bankman-Fried pouvait faire l'objet d'une assignation à comparaître devant la justice, s'il ne se présente pas à l'audience la commission des services financiers de la Chambre. « Comparez ses tweets sur Mark Zuckerberg, par exemple, qui n'a jamais volé 10 milliards de dollars aux gens, quoi que vous pensiez de lui », a déclaré Armstrong. La députée avait critiqué Zuckerberg en 2019 lorsque ce dernier a dévoilé son projet de lancer une monnaie numérique mondiale appelée Libra.
« Mauvaise utilisation ! Manipulation ! Discrimination ! Activité criminelle ! Juste quelques-unes des infractions flagrantes de Facebook et maintenant ils ont le culot de lancer un #BigTechTakeover sous la forme d'une monnaie numérique qui pourrait rivaliser avec le dollar américain ? Il est déjà 10 heures ? Zuckerberg et moi avons beaucoup de choses à discuter », avait tweeté Waters à l'époque. Pour rappel, les investisseurs du projet Libra avaient quitté le projet à la suite des critiques et les craintes exprimées par Washington. Zuckerberg et les siens ont donc été contraints d'abandonner le projet Libra quelques mois plus tard.
Armstrong a déclaré que les allégations selon lesquelles Bankman-Fried aurait transféré les fonds des clients de FTX vers sa société de négoce, Alameda Research, sont "une violation non seulement des conditions de service telles qu'elles sont écrites d'après ce que je comprends, mais c'est aussi probablement juste contre la loi et une fraude pure et simple". En effet, les liens troubles entre Alameda Research et FTX ont été révélés au lendemain de la faillite de la bourse et Bankman-Fried est accusé d'avoir transféré secrètement 10 milliards de dollars vers Alameda Research. Il aurait ensuite utilisé ces fonds dans des paris risqués.
En outre, il faut compter sur la « disparition » de 477 millions de dollars en cryptomonnaies après la déclaration de faillite. FTX a imputé cette disparition soudaine à un « piratage ». Une enquête criminelle est envisagée. Le dépôt de bilan de FTX marque un effondrement stupéfiant pour l'empire de Bankman-Fried qui était évalué à 32 milliards de dollars il y a trois mois à peine. En septembre, Bankman-Fried faisait la une du magazine Fortune. Ce dernier considérait le jeune PDG de 30 ans comme le potentiel futur Warren Buffett, le mythique homme d’affaires américain devenu, en 2022, le cinquième homme le plus riche de la planète.
Par ailleurs, le PDG de Coinbase n'est pas le seul dirigeant de l'espace des cryptomonnaies à avoir critiqué Bankman-Fried récemment. Changpeng Zhao (CZ), le PDG de Binance, a tweeté mardi : « SBF est l'un des plus grands fraudeurs de l'histoire, il est aussi un maître de la manipulation quand il s'agit des médias et des principaux leaders d'opinion. FTX s'est tué (et a tué ses utilisateurs) parce qu'il a volé des milliards de dollars de fonds d'utilisateurs ». Binance, rivale de FTX, avait initialement prévu de renflouer la plateforme au début du mois de novembre après que FTX a demandé de l'aide dans le cadre d'une "crise de liquidités".
Le lendemain, cependant, Binance s'est retirée de l'opération, en invoquant "des informations concernant des fonds de clients mal gérés et des enquêtes présumées d'agences américaines". CZ, qui a cofondé Binance, la plus grande bourse de cryptomonnaies au monde en termes de volume d'échange, a pris la parole sur Twitter pour aborder une série de "récits erronés" entourant l'effondrement rapide de FTX mardi. « SBF a perpétué un récit qui nous dépeint, moi et d'autres personnes, comme les "méchants". Il était essentiel d'entretenir le fantasme qu'il était un "héros" », a tweeté le DPG de Binance.
Au début du mois de novembre, Binance a liquidé ses avoirs en jetons FTT de FTX après qu'un rapport explosif a révélé que FTT avait été utilisé pour soutenir le bilan d'Alameda Research. Les observateurs ont souligné que le tweet de CZ annonçant que Binance se débarrasse de sa position FTT était une façon de saboter son rival. FTX deviendrait bientôt insolvable, mais le PDG de Binance affirme qu'"aucune entreprise saine ne peut être détruite par un simple tweet". Bankman-Fried attribue l'effondrement de FTX à des erreurs comptables et maintient qu'il n'a jamais intentionnellement détourné des fonds ou fraudé qui que ce soit.
« Je n'ai jamais essayé de commettre une fraude. J'étais enthousiasmé par les perspectives de FTX il y a un mois. Je la voyais comme une entreprise florissante et en pleine croissance. J'ai été choqué par ce qui s'est passé. Et en le reconstruisant, il y a des choses que j'aurais aimé faire différemment», a déclaré Bankman-Fried lors du sommet DealBook du New York Times le 30 novembre. Lors de son interview, Armstrong a déclaré que même si on lui donnait la chance d'interviewer Bankman-Fried lui-même, il ne "pense pas avoir de questions à ce stade". Toutefois, il estime que Bankman-Fried et ses associés méritent la prison.
« Mais pour être honnête, je veux tourner la page sur toute cette affaire. Les avocats de la faillite, et le département américain de la Justice, et tout le monde vont devoir trouver comment espérer mettre ces gens derrière les barreaux. Pas seulement Sam, mais les autres personnes impliquées », a conclu Armstrong.
Source : Interview de Brian Armstrong, PDG de Coinbase
Et vous ?




Voir aussi


