
Le cabinet d'avocats Gowling WLG a commandé une enquête auprès de plus de 6 000 personnes au Royaume-Uni, aux États-Unis, en France, au Canada, aux Émirats arabes unis et en Chine. L'étude a révélé des différences marquées dans l'attitude des consommateurs à l'égard du métavers qui selon certains, représente l'avenir des interactions humaines sur Internet. Sur le plan mondial, plusieurs commentateurs influents s'attendent à ce que la technologie transcende les plateformes de médias sociaux et les jeux virtuels. Cependant, pour le grand public, les niveaux de compréhension du métavers et de ses capacités diffèrent selon les régions.
Le rapport révèle que la grande majorité des Britanniques ne sont pas intéressés par le métavers. Seulement 37 % des répondants de ce pays se disent prêts à participer à cet écosystème virtuel. Selon les auteurs du rapport, les entreprises britanniques pourraient ainsi passer à côté de la "révolution du métavers". L'étude a révélé que les consommateurs britanniques ont une compréhension limitée du métavers, ce qui se traduit par un moindre enthousiasme pour cette technologie. Sur le plan mondial, le rapport indique qu'environ trois quarts (76 %) des personnes interrogées estiment avoir une vague compréhension du métavers.
Mais au Royaume-Uni, seuls 2 % d'entre eux déclarent avoir une compréhension complète, et deux cinquièmes (41 %) admettent n'avoir "aucune compréhension". Le rapport indique que seulement 2 % des personnes interrogées au Royaume-Uni avaient une "compréhension complète" et 40 % n'avaient aucune compréhension. En outre, plus d'un cinquième des consommateurs britanniques (21 %) ne s'attendent pas à ce que le métavers se généralise. En Chine, quatre consommateurs sur cinq (83 %) ont déclaré qu'ils envisageraient de participer à des expériences de métavers, soit plus de deux fois plus (37 %) qu'au Royaume-Uni.
Lorsque Facebook a rebaptisé le nom de sa société en Meta, il a catapulté le métavers sous les feux de la rampe. Mais alors que les informations sur ce monde virtuel deviennent plus accessibles, l'enthousiasme pour son potentiel reste mitigé. Mark Zuckerberg, PDG de Meta, a parié sur le métavers. Certains pays, dont la Chine et les Émirats arabes unis, ont déjà misé gros sur les mondes virtuels. Cependant, les expériences menées jusqu'à présent par Meta et les autres partisans du métavers n'ont pas attiré grand monde. Des documents internes de Meta ont révélé en octobre que la plateforme de métavers de l'entreprise est "lamentable".
Meta prévoyait initialement à atteindre 500 000 utilisateurs actifs mensuels dans Horizon Worlds d'ici la fin de l'année, mais le chiffre actuel est inférieur à 200 000. De plus, les documents ont montré que la plupart des utilisateurs ne sont pas revenus sur Horizon Worlds, la plateforme de métavers de Meta, après le premier mois, et le nombre d'utilisateurs a régulièrement diminué depuis le printemps. Seuls 9 % des mondes virtuels disponibles dans Horizon Worlds seraient visités par au moins 50 personnes, et la plupart ne sont jamais visités du tout. Ces statistiques sont loin d'être à la hauteur de tout le battage médiatique autour de la technologie.
Malgré les vents contraires et le scepticisme à l'égard de la technologie, Zuckerberg a déclaré lors de la conférence DealBook Summit la semaine dernière qu'il restait optimiste quant au métavers sur un horizon plus long, soit 10 à 15 ans. « Le scepticisme ne me dérange pas tant que ça. Nous avons eu des sceptiques tout le temps », a-t-il déclaré. Il s'est adressé aux participants de l'événement par visioconférence. Il réitère ainsi le pari de son entreprise sur un avenir dominé par la réalité virtuelle et augmentée. L'entreprise a été critiquée pour avoir généré des milliards de dollars de pertes pendant qu'elle construisait sa version du métavers.
Intitulé "Immaterial World", le rapport compare les attitudes des consommateurs vivant sur les principaux marchés. Les habitants des pays de l'Est sont plus ouverts à l'idée de s'échapper du monde réel que les Occidentaux : quatre consommateurs chinois sur cinq sont ouverts à une expérience de métavers, contre seulement 37 % au Royaume-Uni. Les consommateurs des Émirats arabes unis ont également été enthousiasmés par le métavers, 43 % d'entre eux étant enthousiastes à l'idée de passer leurs journées loin du monde réel, contre 8 % au Royaume-Uni. Les pays de l'Est semblent plus enthousiastes que les pays occidentaux.
Selon le rapport, l'enthousiasme de la Chine pourrait être dû à leur adoption plus précoce de la technologie du téléphone mobile. La Chine est connue comme le pays qui a "sauté l'ordinateur". Cela s'est traduit par un développement plus rapide des "super applications" et une plus grande accessibilité aux technologies personnelles, ce qui signifie que les consommateurs chinois ont eu plus de temps pour s'habituer à l'idée de quelque chose comme le métavers. Le rapport note que les organisations de l'Est ont le potentiel pour ouvrir la voie en matière de métavers, et l'Ouest doit garder un œil attentif sur les développements.
Cependant, au sein de Meta, qui est sans doute l'entreprise qui investit le plus dans le métavers, les employés pensent que le métavers signera la mort de l'entreprise. « Le métavers signera le début de notre mort lente. Mark Zuckerberg tuera à lui seul une entreprise avec le métavers », a déclaré un utilisateur de Blind, se présentant comme un développeur de logiciels senior chez Meta. En outre, les experts en matière de sécurité et de confidentialité estiment que le métavers met la vie privée des utilisateurs en danger. Bien plus que les applications mobiles, les casques et les lunettes intelligentes vont pouvoir récolter une quantité énorme de données.
Zuckerberg a déclaré au début de l'année que le projet de métavers de Meta allait saigner des sommes importantes pendant une période pouvant aller jusqu'à cinq ans. L'action Meta a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis le début de l'année, alors que le nombre d'utilisateurs de Facebook diminue et que les doutes s'intensifient quant à son projet coûteux de métavers. Récemment, l'actionnaire Altimeter Capital Management a critiqué ouvertement la nouvelle orientation de l'entreprise et a proposé à Meta des plans de restructuration. Altimeter a demandé à Meta de réduire ses investissements dans le métavers.
Altimeter détient une participation de 0,1 % dans Meta. Fin octobre, le fonds spéculatif a envoyé une lettre ouverte critique à Zuckerberg pour dénoncer l'expérience "terrifiante" de l'entreprise avec le métavers. La lettre demande à Meta de rationaliser ses activités en supprimant 20 % de ses effectifs et en réduisant de 5 milliards de dollars les investissements annuels dans le métavers. Il a suggéré à Meta de consacrer ses efforts à la recherche et au développement de l'IA plutôt qu'au métavers. Altimeter a déclaré que, ce faisant, le flux de trésorerie disponible annuel pouvait être doublé pour atteindre 40 milliards de dollars.
« Au cours des 18 derniers mois, l'action Meta a perdu 55 %. Votre ratio cours/bénéfices [price-to-earnings ratio] a chuté de 23x à 12x et se négocie maintenant à moins de la moitié du ratio moyen de vos pairs. Cette baisse du cours de l'action reflète la perte de confiance dans l'entreprise, et pas seulement la mauvaise humeur du marché », a écrit Gerstner dans la lettre. Altimeter reproche à Zuckerberg d'avoir trop augmenté la taille de l'entreprise. « Comme beaucoup d'autres entreprises dans un monde à taux zéro - Meta a dérivé dans le pays de l'excès - trop de gens, trop d'idées, trop peu d'urgences », a-t-il déclaré.
Reality Labs aurait perdu 5,8 milliards de dollars au cours des six premiers mois de l'année. Altimeter a noté : « un investissement estimé à plus de 100 milliards de dollars dans un avenir inconnu est gigantesque et terrifiant, même selon les normes de la Silicon Valley ». Altimeter a exhorté Meta à adopter "des objectifs et des mesures de réussite plus discrets" pour le métavers, ce qui, selon lui, contribuerait grandement à satisfaire les investisseurs. Meta n'a pas commenté la lettre d'Altimeter. Ainsi, l'on ignore si les suggestions d'Altimeter seront mises en œuvre.
Meta a également rejoint la longue liste des grandes entreprises technologiques qui ont annoncé d'importants licenciements récemment, puisqu'il s'est séparé de 11 000 personnes, soit 13 % de ses effectifs, début novembre. La raison : l’entreprise opère un réajustement par rapport à des investissements en période de pandémie de coronavirus. Zuckerberg avait pris la décision de les augmenter de façon significative compte tenu de la croissance des revenus de Meta due à l’essor du commerce en ligne. Le fondateur de Facebook a reconnu s’être trompé sur sa prévision qui était de voir la tendance se poursuivre après la pandémie.
Source : Rapport de l'étude
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