
Après une décennie tumultueuse remplie de scandales de tout genre, notamment en matière de confidentialité, l'entreprise de Zuckerberg s'est brusquement tournée vers le métavers pour tenter de se défaire de cette mauvaise image. La société anciennement connue sous le nom de Facebook s'est rebaptisée "Meta" fin octobre 2021, signe qu'elle s'oriente vers des activités liées au métavers. Rien qu'en 2021, elle a investi 10 milliards de dollars pour démarrer la conception de son métavers. Après que la société est devenue Meta, Zuckerberg a déclaré : « au fil du temps, j’aimerais qu’on soit vus comme une entreprise de métavers ».
« On va désormais penser au métavers en premier, et pas à Facebook [le réseau social] en premier », a-t-il ajouté. Dans la foulée, Meta a multiplié les investissements dans plusieurs projets, y compris l'embauche de nouveaux développeurs. À l'époque, la société avait annoncé qu'elle comptait 10 000 employés travaillant sur la vision de Zuckerberg et qu'elle souhaitait en embaucher 10 000 de plus pour travailler sur le métavers. Mais ces plans ont été contrecarrés par l'état de l'économie mondiale, ce qui a poussé Meta a imposé un gel des embauches au début du mois de mai en prévision d'un ralentissement de la croissance économique.
Malgré les vents contraires et le scepticisme à l'égard de la technologie, Zuckerberg a déclaré lors de la conférence DealBook Summit mercredi qu'il restait optimiste quant au métavers sur un horizon plus long, soit 10 à 15 ans. « Le scepticisme ne me dérange pas tant que ça. Nous avons eu des sceptiques tout le temps », a-t-il déclaré. Il s'est adressé aux participants de l'événement par visioconférence. Il réitère ainsi le pari de son entreprise sur un avenir dominé par la réalité virtuelle et augmentée. L'entreprise a été critiquée pour avoir généré des milliards de dollars de pertes pendant qu'elle construisait sa version du métavers.
Cependant, il a admis que Meta devrait opérer avec beaucoup "plus d'efficacité et de discipline à court terme", car les difficultés macroéconomiques ont contraint l'entreprise à réduire ses dépenses. Selon lui, Meta consacre 80 % de son temps à sa suite d'applications de médias sociaux, qui comprend Instagram, Facebook, WhatsApp, etc. Le reste du temps est consacré au développement de matériel et de logiciels liés au métavers. Reality Labs de Meta se concentre sur la recherche et le développement de ses projets liés au métavers, qui comprennent trois grandes catégories : la réalité virtuelle, la réalité augmentée et les plateformes sociales.
Jusqu'à présent, Reality Labs s'est avérée coûteuse pour la société et non rentable pour Meta. Les utilisateurs continuent de critiquer les graphismes de la plateforme de métavers Horizon Worlds de Meta et le manque d'activités inspirées à y faire. « Félicitations à Zuckerberg pour avoir mis à niveau son avatar dans le métavers, qui ressemble à un modèle effrayant de l'époque de la PS1, pour en faire un avatar par défaut de la Xbox360 », a écrit un utilisateur. « Zuckerberg lance Horizon Worlds en France et en Espagne avec un selfie VR d'une laideur inouï. Le projet de métavers de Meta va sûrement mourir », a critiqué un autre.
Zuckerberg a déclaré au début de l'année que le projet de métavers de Meta allait saigner des sommes importantes pendant une période pouvant aller jusqu'à cinq ans. L'action Meta a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis le début de l'année, alors que le nombre d'utilisateurs de Facebook diminue et que les doutes s'intensifient quant à son projet coûteux de métavers. Récemment, l'actionnaire Altimeter Capital Management a critiqué ouvertement la nouvelle orientation de l'entreprise et a proposé à Meta des plans de restructuration. Altimeter a demandé à Meta de réduire ses investissements dans le métavers.
Altimeter détient une participation de 0,1 % dans Meta. Fin octobre, le fonds spéculatif a envoyé une lettre ouverte critique à Zuckerberg pour dénoncer l'expérience "terrifiante" de l'entreprise avec le métavers. La lettre demande à Meta de rationaliser ses activités en supprimant 20 % de ses effectifs et en réduisant de 5 milliards de dollars les investissements annuels dans le métavers. Il a suggéré à Meta de consacrer ses efforts à la recherche et au développement de l'IA plutôt qu'au métavers. Altimeter a déclaré que, ce faisant, le flux de trésorerie disponible annuel pouvait être doublé pour atteindre 40 milliards de dollars.
« Au cours des 18 derniers mois, l'action Meta a perdu 55 %. Votre ratio cours/bénéfices [price-to-earnings ratio] a chuté de 23x à 12x et se négocie maintenant à moins de la moitié du ratio moyen de vos pairs. Cette baisse du cours de l'action reflète la perte de confiance dans l'entreprise, et pas seulement la mauvaise humeur du marché », a écrit Gerstner dans la lettre. Altimeter reproche à Zuckerberg d'avoir trop augmenté la taille de l'entreprise. « Comme beaucoup d'autres entreprises dans un monde à taux zéro - Meta a dérivé dans le pays de l'excès - trop de gens, trop d'idées, trop peu d'urgences », a-t-il déclaré.
Reality Labs aurait perdu 5,8 milliards de dollars au cours des six premiers mois de l'année. Altimeter a noté : « un investissement estimé à plus de 100 milliards de dollars dans un avenir inconnu est gigantesque et terrifiant, même selon les normes de la Silicon Valley ». Altimeter a exhorté Meta à adopter "des objectifs et des mesures de réussite plus discrets" pour le métavers, ce qui, selon lui, contribuerait grandement à satisfaire les investisseurs. Meta n'a pas commenté la lettre d'Altimeter. Ainsi, l'on ignore si les suggestions d'Altimeter seront mises en œuvre.
Meta a également rejoint la longue liste des grandes entreprises technologiques qui ont annoncé d'importants licenciements récemment, puisqu'il s'est séparé de 11 000 personnes, soit 13 % de ses effectifs, début novembre. La raison : l’entreprise opère un réajustement par rapport à des investissements en période de pandémie de coronavirus. Zuckerberg avait pris la décision de les augmenter de façon significative compte tenu de la croissance des revenus de Meta due à l’essor du commerce en ligne. Le fondateur de Facebook a reconnu s’être trompé sur sa prévision qui était de voir la tendance se poursuivre après la pandémie.
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