Deux cadres de Bruxelles, qui se sont exprimés sous couvert d'anonymat, ont rapporté cette semaine que la Commission européenne a lancé une nouvelle enquête antitrust sur les règles appliquées par Google dans sa boutique d'applications mobiles. Selon les sources, une enquête menée aux Pays-Bas sur les règles du Play Store sera probablement clôturée pour faire place à l'examen de l'UE, car les problèmes de comportement anticoncurrentiel devront être examinés à l'échelle de l'UE. Dans le même temps, l'organisme de surveillance de la concurrence du Royaume-Uni (CMA) a également ouvert une enquête sur le Google Play.
Les frais facturés aux développeurs pour l'accès au Google Play peuvent atteindre 30 %, et les développeurs ne sont pas autorisés à utiliser des systèmes de facturation alternatifs pour percevoir les paiements des utilisateurs. Google a déclaré que les applications seraient retirées de sa boutique d'applications mobiles à partir de juin de cette année si les développeurs n'utilisent pas son système de facturation propriétaire. Les sources rapportent que des questionnaires ont été envoyés aux développeurs le mois dernier dans le cadre de l'enquête. Sur les 16 questions du document, certaines couvraient la période 2017-2021 et d'autres la période 2019-2021.
Les personnes interrogées devaient indiquer si le changement de politique de Google cette année avait eu un impact sur la distribution de leurs biens ou services sur le Google Play, quelles applications étaient concernées et si cela avait affecté leur capacité à acquérir des utilisateurs sur les appareils Android. Les régulateurs voulaient savoir si le changement avait contraint les développeurs à abandonner d'autres options de paiement au profit du service de facturation de Google et si la migration des utilisateurs vers une autre option de paiement avait affecté le nombre d'utilisateurs préexistants et l'accès des développeurs aux données.
Le gendarme de la concurrence de l'UE a demandé aux développeurs s'ils pensaient pouvoir offrir un meilleur service ou produit s'ils avaient la possibilité d'utiliser un autre système de paiement. Il voulait également savoir si Google les autorisait à utiliser un système de paiement alternatif, s'il leur facturait des frais de service pour cela ou s'il se plaignait de la sécurité de leur méthode de paiement. En outre, il a été demandé aux développeurs d'applications si le géant des paiements numériques Stripe, le système de paiement néerlandais Adyen et l'unité Braintree de PayPal étaient considérés comme des systèmes de paiement alternatifs.
La Commission européenne s'est refusée à tout commentaire. Mais un porte-parole de Google a déclaré que l'entreprise avait discuté d'un "certain nombre de choses" avec la Commission européenne, dont des modifications récentes visant à rendre les conditions générales du Play Store plus équitables et à apaiser les allégations de comportement déloyal des développeurs. Pour rappel, fin juillet, Google a déclaré que les développeurs d'applications non liées aux jeux pouvaient passer à des systèmes de paiement rivaux. L'entreprise a également annoncé qu'elle réduirait les frais des développeurs, qui devraient être de 12 % au lieu de 15 %.
Cette mesure a été présentée par Google comme une première étape pour se conformer aux règles de l'économie numérique, notamment le Digital Markets Act, récemment adoptées par l'Union européenne. « Dans le cadre de nos efforts pour nous conformer à ces nouvelles règles, nous annonçons un nouveau programme visant à soutenir les alternatives de facturation pour les utilisateurs de l'EEE. Ainsi, les développeurs d'applications non ludiques pourront proposer à leurs utilisateurs de l'EEE une alternative au système de facturation de Google Play lorsqu'ils paient des contenus et services numériques », a déclaré Google.
Google a déclaré qu'il continuait de réfléchir à la façon d'étendre ces nouvelles règles à l'avenir. « Le système de facturation de Google Play continuera d'être requis pour les applications et les jeux distribués via Play à des utilisateurs en dehors de l'EEE, et pour les jeux distribués à des utilisateurs au sein de l'EEE. Nous prévoyons d'étendre les alternatives de facturation aux développeurs d'applications de jeux pour leurs utilisateurs dans l'EEE, avant la date d'entrée en vigueur de la DMA », a ajouté l'entreprise. Les développeurs ont tout de même dénoncé l'initiative Google, alléguant qu'elle n'est pas conforme au DMA.
En effet, les nouvelles règles de l'UE définissent une série d'interdictions et d'obligations pour certains des plus grands acteurs technologiques du monde, dont Google, Meta, Amazon, Apple et Microsoft. Mais certains membres de la Commission européenne chargés de l'application de la nouvelle réglementation craignent que les récentes mesures prises par Google "ne soient pas suffisantes" pour rester en conformité avec les règles. Le DMA est en passe d'être inscrit dans le règlement de l'UE en octobre prochain, et les entreprises technologiques relevant de son champ d'application seront mises en conformité au début de 2024.
Par ailleurs, Apple refuse toujours de permettre aux développeurs d'utiliser des systèmes de paiement tiers dans leurs applications, mais le DMA pourrait le contraindre définitivement à le faire. Aux États-Unis, un comité sénatorial a approuvé en février un projet de loi qui va obliger Google et Apple à autoriser les développeurs à utiliser des systèmes de paiement tiers. Une loi similaire a également été votée par la Corée du Sud au premier trimestre de cette année.
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