
La société qui veut la racheter est également la cible d'une enquête distincte de la Securities and Exchange Commission
Un grand jury fédéral à New York a délivré des assignations à comparaître à chaque directeur du conseil d'administration de la société Digital World Acquisition Corporation qui a présenté son projet de fusion avec la startup de médias sociaux de Donald Trump, Truth Social. Pourquoi est-ce important ? Cette situation s'ajoute aux enquêtes précédemment divulguées sur la société par la SEC et le ministère de la Justice, intensifiant ainsi les questions sur l'avenir financier de Truth Social.
Digital World Acquisition Corporation a annoncé fin octobre son projet de fusion avec Trump Media & Technology Group (TMTG), le groupe de médias que venait de créer Donald Trump pour porter notamment son nouveau réseau social Truth Social, lancé en février 2022. La soi-disant société au « chèque en blanc » a annoncé qu'elle fait l'objet d'une enquête par des procureurs fédéraux qui cherchent à savoir si la société ou ses dirigeants ont violé les lois fédérales sur les valeurs mobilières.
Les actions de la société d'acquisition à vocation spéciale ont chuté de 9% en début de séance lundi après que le PDG Patrick Orlando a déposé une déclaration auprès de la Securities and Exchange Commission pour signaler que la société a reçu une assignation à comparaître par un grand jury fédéral du district sud de New York.
En droit américain, le grand jury est convoqué après qu'une enquête pénale a réuni suffisamment d'éléments pour que les autorités envisagent des poursuites. Les jurés sont alors réunis en secret et doivent déterminer, en fonction des éléments qui leur sont présentés, si un procès apparaît ou non justifié.
Orlando a également écrit que chaque membre du conseil d'administration du DWAC avait également reçu une assignation à comparaître du même grand jury.
Les assignations à comparaître du grand jury, a-t-il dit, semblent « rechercher divers documents et informations » qui sont essentiellement similaires aux assignations à comparaître délivrées à la société par la SEC plus tôt cette année, ainsi que des documents relatifs aux précédents dépôts de la société auprès de la SEC, « communications avec ou sur plusieurs personnes, et des informations sur Rocket One Capital », une société de capital-risque et de capital-investissement.
Le régulateur américain des valeurs mobilières cherche à savoir si les dirigeants de la DWAC ont violé les lois interdisant les négociations entre la société et la société technologique de Trump avant que la DWAC ne soit rendue publique à la fin de 2021. Après que Trump a annoncé l'accord en cours de sa société avec la DWAC, les actions de la société publique ont grimpé en flèche de plus de 400 pour cent.
L'enquête est dirigée par le procureur fédéral de Manhattan, Damian Williams, selon le document.
Par ailleurs, DWAC avait révélé, début décembre, être l'objet d'une enquête de la SEC sur son activité et les conditions de la fusion.
Dans le document publié lundi, DWAC reconnaît que les enquêtes de la SEC et du parquet fédéral pourraient « retarder » la fusion avec TMTG. Dans un communiqué, TMTG a assuré de sa collaboration avec la SEC, mais n'a pas mentionné l'enquête fédérale. L'opération doit infuser environ 1,25 milliard de dollars dans TMTG.
Un réseau social qui peine à décoller et qui est accusé de bannir des membres, bien qu'il se réclamait champion de la liberté d'expression
Truth Social a été lancé après que Trump a été banni de Twitter, où il comptait plus de 88 millions de followers. Trump compte actuellement 3,37 millions de followers sur Truth Social. L'application a connu un déploiement difficile, en proie à des retards, et n'est toujours pas disponible pour les utilisateurs mobiles Android.
L'application Truth Social qui ressemble énormément à Twitter, s'est trouvée pendant un certain temps en tête des téléchargements de l'App Store. Mais le magasin d'applications en ligne d'Apple, a eu un certain nombre de problèmes techniques l'ont rendue inaccessible pour beaucoup d'internautes. Plusieurs raisons expliquent cela : en plus de n'être disponible qu'aux États-Unis, Truth Social ne fonctionne que sur iOS, le système d'exploitation des smartphones d'Apple. Elle n'est pas non plus opérationnelle sur navigateur web, ce qui pourrait pourtant permettre aux utilisateurs de smartphones Android de s'y rendre. « Cela a été un désastre », a déclaré Joshua Tucker, directeur du Center for Social Media and Politics de NYU.
En outre, lors de son lancement, l'application avait rencontré un certain nombre de soucis techniques. En a résulté une longue liste d'attente pour s'y inscrire. Cette dernière ne semble aujourd'hui pas avoir évolué, comptant au moins un million et demi de personnes. Certains estiment que le plus grand problème de Truth Social est toutefois l’absence de sa star. Donald Trump n’y a toujours rien publié. Les autres grandes figures du trumpisme se contentent, elles, d’y recopier leurs messages Twitter. Dans ces conditions, difficile de convaincre leurs partisans de migrer sur un autre réseau, aussi « libre » soit-il.
Alors que YouTube, TikTok, Instagram et Facebook font partie des 10 applications les plus téléchargées, selon Similar Web, Truth Social se situe en dehors du top 100. Les utilisateurs qui trouvent leur chemin peuvent trouver l'application un peu vide, car de nombreuses grandes voix de la droite américaine sont restées à l'écart jusqu'à présent. Une autre étude a révélé que les téléchargements avaient chuté de 95 %. Et beaucoup se sentent frustrés. « Je me suis inscrit à Truth Social il y a quelques semaines et toujours sur une liste d'attente », a déclaré mardi un utilisateur de Twitter. « Le temps que je ne sois plus sur la liste d'attente et que je passe à Truth Social réellement, Trump sera à nouveau président », a plaisanté un autre.
Le directeur général de Truth Social, Devin Nunes, a déclaré que son objectif était d'être « pleinement opérationnel » d'ici la fin mars. Mais la raison pour laquelle l'application rencontre tant de problèmes a déconcerté les experts. Certains ont pointé du doigt le partenariat de Truth Social avec Rumble, une plateforme de partage de vidéos qui ressemble un peu à YouTube. Populaire auprès des conservateurs et de l'extrême droite, Rumble était censé fournir une « épine dorsale critique » pour l'infrastructure du site.
Mais si Truth Social a des problèmes de serveur, pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour les résoudre ? « Cela devrait prendre quelques jours pour réparer, pas six semaines », a déclaré une source républicaine proche de Donald Trump : « Il y aura toujours des ratés au début, mais à ce stade, j'aurais pensé que cela aurait été résolu. "Personne ne semble comprendre pourquoi ».
En dehors de ces problèmes techniques, le réseau social de Donald Trump, Truth Social, prétend être un espace de liberté d'expression, loin de toute discrimination politique. Et pourtant, certains de ses utilisateurs se sont plaints, sur Twitter, d'avoir été bannis pour avoir parlé des audiences du Congrès sur les émeutes du Capitole. Sur le réseau social qui a banni Donald Trump en 2021, suite à ses déclarations sur le prétendu vol de l'élection présidentielle américaine, l'ironie est donc immense.
« Mon compte Truth Social vient d'être suspendu de façon permanente pour avoir parlé des audiences de la commission du 6 janvier », a publié Travis Allen, un analyste en sécurité de l' information, sur son compte Twitter.
« J'ai été suspendu de Truth Social pour avoir posté sur l'audience du 6 janvier hier soir. Donald Trump a peur de la liberté d'expression », a écrit un utilisateur sur Twitter, « Je viens de publier mon premier message sur Truth Social et ils l'ont supprimé. De vrais champions de la liberté d'expression là-bas », a publié un autre.
La discussion s'est enflammée sur Twitter avec des utilisateurs qui se donnent désormais le défi de s'inscrire sur le réseau social de Donald Trump pour voir combien de temps leur compte résistera avant d'être fermé. « Regardez ce que je viens de poster sur Truth Social... en attendant qu'ils me bannissent ».
Source : dépôt de la SEC
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