
Reality Labs, la division de Meta qui travaille sur le métavers, perd des milliards de dollars par trimestre. Le PDG Mark Zuckerberg lui-même l'a reconnu en mai dernier et a déclaré aux investisseurs que "la création du métavers entraînera de grosses pertes d'argent pendant les trois à cinq prochaines années". Zuckerberg a expliqué que certains produits ne devraient pas être prêts avant 10 ans. Alors que Meta a déjà dépensé 10 milliards de dollars pour l'idée d'un monde virtuel immersif rien qu'au dernier trimestre 2021, les déclarations de Zuckerberg laissent penser qu'il pourrait s'agir de dizaines de milliards de dollars de pertes.
Même si le concept du métavers existe depuis plus d'une décennie déjà, Zuckerberg est convaincu que les univers virtuels constituent l'avenir des interactions en ligne. Lors d'une interview cette semaine, il est revenu sur ses prévisions vis-à-vis du métavers et a déclaré qu'il entend faire du métavers un élément majeur de l'activité de son entreprise au cours de cette décennie. Pour cela, Zuckerberg a déclaré que Meta pourrait être contraint de créer un nouveau système d'exploitation pour les différentes plateformes et le matériel de son entreprise afin que son univers de réalité virtuelle immersive puisse fonctionner correctement.
À en croire le PDG, cet OS pourrait voir le jour à l'avenir. « Je pense qu'à long terme, nous aurons besoin de ce niveau d'intégration entre le matériel et les logiciels et d'un système d'exploitation, simplement pour réaliser ce que nous voulons construire », a déclaré Zuckerberg. En outre, pour rendre son métavers rentable, il compte sur la bonne volonté d'un milliard d'investisseurs prêts à dépenser des millions de dollars pour "acquérir des terrains et des objets de collection, construire des maisons et des magasins de vente, ou acheter des billets pour aller à des événements (concerts de musique, défilés de mode, etc.) dans cet univers virtuel".
« Nous espérons arriver à environ un milliard de personnes dans le métavers qui font des centaines de dollars de commerce, chacun achetant des biens numériques, du contenu numérique, différentes choses pour s'exprimer, que ce soit des vêtements pour leur avatar ou différents biens numériques pour leur maison virtuelle ou des choses pour décorer leur salle de conférence virtuelle, des services publics pour être plus productifs dans la réalité virtuelle et augmentée et dans le métavers en général », a-t-il déclaré. Actuellement, les applications de Meta attirent 3,65 milliards d'utilisateurs qui utilisent la plateforme chaque mois.
Il s'agit d'une augmentation de 6 % par rapport à l'année précédente. Mais outre le métavers, Meta consacre des sommes importantes à la création de l'IA. La raison en est simple : l'entreprise pense que cela peut l'aider à améliorer son activité de publicité et donc ses revenus. En moyenne, 97 % des revenus de Meta proviennent de la publicité. Et Zuckerberg dit qu'il veut faire passer le contenu qui provient de vos amis ou de votre groupe d'abonnés à celui qui provient des recommandations de l'IA. De cette façon, les utilisateurs sont exposés au contenu de l'univers et pas seulement à un genre limité.
TikTok aurait utilisé la même stratégie, ce qui lui a permis d'atteindre de nouveaux sommets de succès. Cependant, depuis que Facebook a décidé de s'orienter vers une entreprise du métavers, en changeant son nom en Meta Platform en octobre dernier, certains problèmes ont surgi. D'abord, les investisseurs ont réduit de moitié la capitalisation boursière de l'entreprise depuis le début de cette année, car la croissance a ralenti et le nombre d'utilisateurs actifs quotidiens a diminué pour la première fois entre les deux derniers trimestres. Zuckerberg se dit très optimiste quant à son casque qui vaut 300 dollars et qui s'appelle Quest 2.
Et bien que le Quest 2 ait pu dépasser ses attentes, Zuckerberg estime qu'il faudra un certain temps avant que les gens commencent à l'accepter et à l'adopter dans leur vie quotidienne. Comme l'a répété le milliardaire, le métavers sera bien plus que du simple texte, des images et des vidéos. Ensuite, en interne, la réorientation de l'entreprise vers la création d'un métavers ainsi que l'intérêt personnel de Zuckerberg pour cette technologie ont suscité des inquiétudes, des frustrations et une certaine confusion. En effet, des employés anciens et actuels ont déclaré que Zuckerberg ne s'intéresse à rien d'autre qu'au métavers.
Cependant, ils ont ajouté que "Zuckerberg n'a pas une stratégie cohérente pour mener à bien le projet". En ce qui concerne les pertes d'argent, Reality Labs est actuellement déficitaire. Elle a perdu un peu moins de 3 milliards de dollars au premier trimestre, après avoir perdu 10 milliards de dollars l'année dernière, ce qui a suffisamment effrayé Wall Street. Les investisseurs sont inquiets et réclament des études sur la viabilité du projet. Pourtant, Zuckerberg a clairement indiqué qu'il s'attendait à ce que la version du métavers de son entreprise représente une part importante de son activité à l'avenir. « Nous y arriverons », a-t-il déclaré.
Le métavers de Meta a également soulevé des inquiétudes sur la confidentialité des utilisateurs, la quantité de données que l'entreprise pourrait collecter dans cet univers virtuel et les impacts qu'il pourrait avoir sur la société humaine. En novembre, Éric Schmidt, l'ex-PDG de Google, a déclaré que le métavers de Facebook n'est certainement pas prometteur et pourrait avoir des effets toxiques sur l'humanité. Frances Haugen, l'ancienne employée de Facebook devenue lanceuse d'alerte, est également de cet avis. De son côté, Elon Musk, PDG de Tesla et de SpaceX, pense que le métavers n'est qu'un "buzzword".
Le commentaire de Musk a été repris dernièrement par plusieurs critiques du métavers. Selon eux, il s'agit simplement d'une stratégie visant à permettre à Facebook de tourner la page sur son passé tourmenté, notamment sur le plan de la confidentialité, et reprendre de la croissance. « Le prix de leurs actions est basé sur la valeur perçue, donc il augmente en fonction de ce que les gens pensent qu'il va se passer dans le futur, par opposition à l'action qui est basée sur la valeur réelle de l'entreprise. Je pense que c'est pour ça que Zuckerberg vend le métavers, pour essayer d'augmenter cette valeur perçue autant que possible », a déclaré un critique.
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