Le 10 mars 2021, un centre de données d'OVH basé à Strasbourg partait en fumée. Le bâtiment strasbourgeois de cinq étages contenait plus de 14 000 serveurs. La catastrophe a entraîné l'arrêt total ou partiel de « 120 000 services », selon OVHcloud.
Plus d'un an après, OVHcloud n'a toujours pas formellement expliqué la cause de l'incendie. Un rapport des pompiers publié ce mois-ci souligne les défaillances dans le système de sécurité du bâtiment. Le bâtiment n’était notamment pas équipé d’un dispositif de coupure de l’électricité selon ce rapport : « la pérennité de l'alimentation électrique est un enjeu fort pour ce type d'exploitation. La conception intrinsèque de l'activité est faite pour éviter les coupures d'électricité. Deux niveaux de groupes électrogènes sont prévus pour palier une défaillance du réseau. Aucun organe de coupure d'urgence n'existe (choix de stratégie économique de l'entreprise) ».
Les pompiers n'ont pas pu couper l'électricité ni dans le local en flamme ni sur le site ce qui a favorisé la propagation de l'incendie.
Les pompiers évoquent également l'absence de système d'extinction automatique, le site misant sur une détection précoce et une alerte rapide des secours.
Autre défaillance : le fait que la direction d'OVH n'avait pas inscrit le site sur la liste des établissements répertoriés comme sensibles. Enfin, la présence d'une seule bouche d'incendie dans ce quartier du port autonome de Strasbourg.
Néanmoins, OVHcloud a indiqué qu'il ne fournira pas de communiqué officiel tant qu'il n'aura pas obtenu l'autorisation de ses assureurs et des agences gouvernementales.
Le cabinet Ziegler & Associés soutient pour sa part qu'OVHcloud a fait preuve de négligence dans les domaines évoqués dans ce rapport et n'a pas offert de compensation suffisante. Le cabinet d’avocats qui porte le recours collectif contre OVHcloud après l’incendie de Strasbourg, affirme être près d’envoyer les lettres de mise en demeure. Pas toutes dans un premier temps, certains clients devant encore lui communiquer des éléments. Mais d’ici à fin juin, tout sera parti.
Le recours collectif contre l'incendie du centre de données d'OVHcloud en mars 2021 compte désormais 140 clients.
Le cabinet évalue le préjudice de ses clients à 12 millions d’euros, mais il l'a revu à la baisse et il est maintenant de 10 millions d'euros soit en moyenne 71 428 euros par entreprise. Il faut préciser qu'il atteint les 3,2 millions d’euros pour l’entreprise qui a subi le plus lourd préjudice. Un montant (10 millions d'euros) estimé à condition de négocier à l'amiable. « Si on part en justice, ce chiffre [quadruple] », étant donné les dommages-intérêts et les frais de justice, prétend-on chez Ziegler & Associés.
Dans son rapport trimestriel, OVHcloud a indiqué avoir fait 3 millions d'euros de « gestes commerciaux » (remboursements), dépensé 3 millions d'euros en amortissement accéléré des serveurs endommagés et payé une prime d'assurance de 2 millions d'euros. L'opération semble s'être bien déroulée. L'annonce des résultats indique que les chiffres d'affaires ont été calculés « en excluant les impacts directs de l'incident de Strasbourg ». OVHcloud a indemnisé les clients pour la perte de son service, et non pour les pertes financières qu'ils ont subies, ou les atteintes à leur réputation, arguant que l'incendie n'était pas de sa responsabilité, mais un « cas de force majeure ».
Séparément, quatre grandes entreprises intentent une action individuelle contre OVHcloud pour l'incendie.
« La lettre de mise en demeure est un papier officiel réclamant à OVH les dommages et intérêts que les entreprises sont en droit de réclamer suite à ce fameux incendie. Il s'agit donc d'une tentative de parvenir à un accord à l'amiable », a déclaré Ziegler & Associates.
« Le recours collectif reste ouvert, donc les entreprises qui souhaitent le rejoindre peuvent le faire », a-t-il ajouté – bien qu'il ait précédemment déclaré que les entreprises avaient jusqu'en février 2022 pour se joindre, puis repoussé la date limite à la mi-avril.
Les premières lettres du cabinet d'avocats à OVHcloud devraient être envoyées ce mois-ci.
Le 28 février dernier, date de clôture de son premier semestre fiscal 2022, l’entreprise disait avoir reçu 410 réclamations et demandes d’information de la part de clients prétendant avoir été touchés. Avec, dans certains cas, des demandes de dédommagement pécuniaire « en général pour des montants individuels faibles, ou […] pas chiffrées ».
OVHcloud estime infondées la plupart des demandes des entreprises et assure que pour l’essentiel des autres, les gestes commerciaux accordés compensent largement les éventuels préjudices subis. À la date de publication de ses résultats financiers, l’hébergeur recensait six dossiers au stade contentieux. Pour couvrir les effets du sinistres (frais d’expertise et de procédure, actions en responsabilité), il a provisionné, au dernier pointage, 26,4 millions d'euros.
Source : Ziegler & Associés
Le recours collectif suite aux incendies d'OVHcloud compte 140 entreprises et sollicite plus de 10 Ms €
Les lettres de mise en demeure seront envoyées à l'hébergeur français cette semaine
Le recours collectif suite aux incendies d'OVHcloud compte 140 entreprises et sollicite plus de 10 Ms €
Les lettres de mise en demeure seront envoyées à l'hébergeur français cette semaine
Le , par Stéphane le calme
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