
Google s'enlise davantage dans le scandale sur l'éthique dans le domaine de la recherche en intelligence artificielle (IA) qui secoue l'entreprise depuis plus d'un an. Elle est de nouveau critiquée par le monde scientifique pour avoir licencié le chercheur en IA Satrajit Chatterjee, après le licenciement de Timnit Gebru en décembre 2020 et celui de Margaret Mitchell en février 2021. Alors, comment est-ce arrivé ? En effet, Google a publié en 2020 une étude selon laquelle l'IA pourrait être plus efficiente que les humains dans la fabrication de puces. Cela pourrait en effet faire entrer la conception de puces dans une nouvelle ère.
L'étude de Google présentait une méthode permettant à l'IA de générer automatiquement des parties d'une puce informatique plus efficacement que les humains. Mais Satrajit Chatterjee aurait émis récemment des réserves sur cette affirmation et d'autres conclusions de l'étude. Selon des sources ayant connaissance du sujet, Chatterjee aurait été autorisé à collaborer à un article contestant ces affirmations après que lui-même et d'autres auteurs ont exprimé des réserves. Celles-ci estiment que Chatterjee, 43 ans, aurait fait part de ses contre-arguments dans un courriel interne, et se serait également demandé si la technologie avait été entièrement testée.
Cependant, Chatterjee a été licencié après qu'un comité de résolutions ait rejeté l'article et que l'équipe ait espéré porter la question devant le PDG Sundar Pichai et le conseil d'administration d'Alphabet. Google n'a pas expliqué en détail pourquoi elle a licencié Chatterjee, mais a déclaré qu'il avait été "licencié avec motif". La société a également maintenu que l'article original dans Nature avait été "minutieusement vérifié" et examiné par des pairs. « Nous avons examiné en détail l'article original de Nature et nous nous en tenons aux résultats évalués par les pairs », a déclaré Zoubin Ghahramani, vice-président de Google Research.
Ghahramani a également déclaré que l'étude de Chatterjee contestant les affirmations "ne répondait pas aux normes de Google". « Nous avons également examiné rigoureusement les revendications techniques d'une soumission ultérieure, et elle ne répondait pas à nos normes de publication », a-t-il ajouté. Par contre, l'équipe de Chatterjee a fait valoir que Google avait enfreint ses propres principes en matière d'IA en rejetant l'article. Quant aux critiques, ils estiment que : « que la science tienne la route ou non, cette sortie souligne l'affrontement permanent entre la direction de Google et les équipes d'IA qui pilotent nombre de ses projets ».
En effet, ce n'est pas la première fois que Google licencie un chercheur en IA, et le licenciement de Chatterjee ne fait que raviver les tensions sur la liberté académique et la diversité apparues au sein de l'entreprise depuis 2020. Le grand public a été informé de la situation lorsque Google a licencié l'éthicienne de l'IA Timnit Gebru en 2020 à la suite d'un différend concernant un article, et que deux autres personnes ont suivi. L'affaire s'est aggravée lorsque le géant de l'internet a licencié Margaret Mitchell au début de 2021. Comme motif de licenciement, Google avait affirmé que Mitchell avait violé ses politiques de confidentialité des données.
Mais Mitchell avait critiqué publiquement les dirigeants et la décision de licencier Gebru. Ces licenciements ont conduit des ingénieurs chevronnés à quitter l'entreprise et à exiger des réformes, sans compter les protestations à l'échelle de l'entreprise concernant les contrats militaires. Google a enquêté sur le licenciement de Gebru et a promis des changements, mais le licenciement de Chatterjee pourrait ne pas apaiser les tensions. Notons également qu'Alex Hanna, chercheur en IA éthique chez Google, a publié une lettre de démission au début de l'année, décrivant un "problème de blancheur" au sein de Google et d'autres entreprises technologiques.
Hanna a suivi l'ingénieur logiciel Dylan Baker qui a rejoint le Distributed Artificial Intelligence Research Institute de Gebru, lancé à la fin de l'année dernière. Par ailleurs, d'autres critiques estiment que la tension entre certains chercheurs en IA et Google pourrait également s'expliquer par le fait que "Google est très fier de ses recherches sur l'IA". Le géant de la recherche en ligne a fait de sa recherche sur l'IA un élément central de la réputation de l'entreprise en matière d'innovation. Pichai a déclaré que l'IA sera plus importante que l'électricité ou le feu. Et Google a déjà intégré des modèles d'IA dans son produit de recherche principal afin d'offrir aux utilisateurs de meilleurs résultats.
Google tient à vanter les mérites d'algorithmes capables de surpasser les humains dans des domaines tels que la conception de puces et la détection du cancer, et ses téléphones phares Pixel 6 sont construits autour d'un processeur personnalisé axé sur l'IA. Toute faille pourrait considérablement entraver les activités de Google, sans parler de ternir sa réputation de leader dans le développement de l'IA.
Source : Article de recherche de Google (PDF)
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