Entre 12 et 15 % du personnel seront ainsi licenciés dans le monde. L'entreprise emploie 6 400 personnes dans le monde. Les porte-parole d'Arm préfèrent indiquer que les licenciements sont une garniture régulière du genre qu'une entreprise prudente mène de temps en temps et en aucun cas un signe de malaise ou de changement de stratégie. Bien sûr, Arm a dû changer de stratégie en raison de « défis réglementaires importants » qui ont vu NVIDIA annuler son projet d'acquisition d'Arm pour 66 milliards de dollars.
Initialement annoncée en 2020, l'acquisition prévue d'Arm par NVIDIA auprès de SoftBank s'est effondrée en février en raison de « défis réglementaires importants », ont déclaré les entreprises dans un communiqué.
D'ailleurs, Hermann Hauser, le cofondateur d'ARM, avait déclaré que « ce serait un désastre si le rival américain NVIDIA parvenait à acheter la société britannique qu'il a aidé à construire ». Le même mois, Hauser a publié une lettre ouverte adressée au Premier ministre britannique Boris Johnson, et a mis une pétition en ligne appelant à l’aide pour « Sauver ARM ». Dans un deuxième point évoqué pour s’opposer au rachat de la société, Hauser a dit que NVIDIA « détruirait » le modèle économique d'ARM, qui implique l'octroi de licences pour la conception de puces à environ 500 autres entreprises, dont plusieurs sont en concurrence directe avec l’acquéreur, a-t-il déclaré, ajoutant que le nouvel accord créera un monopole.
L'opération, la plus importante jamais réalisée dans le secteur des puces, aurait permis à NVIDIA, dont le siège est en Californie, de prendre le contrôle d'une entreprise qui fabrique des technologies au cœur de la plupart des appareils mobiles dans le monde. Arm fabrique des technologies qui sont au cœur de tous les processeurs de smartphones, y compris les iPhone d'Apple et les appareils Android fonctionnant avec des puces Qualcomm. La société compte presque toutes les grandes entreprises de semi-conducteurs parmi ses clients. Une poignée de grandes entreprises technologiques qui s'appuient sur les conceptions de puces d'Arm, dont Qualcomm et Microsoft, s'étaient opposées à l'achat.
L'opération a fait l'objet d'un examen minutieux depuis son annonce. En décembre, la Commission fédérale du commerce des États-Unis a intenté une action en justice pour bloquer la transaction pour des raisons antitrust. L'année dernière, les autorités britanniques de la concurrence ont annoncé une enquête sur la vente.
Les sociétés de semi-conducteurs et de technologie craignaient que si NVIDIA possédait Arm, elle puisse favoriser ses propres activités au détriment de ses clients qui n'ont peut-être pas d'alternative à la technologie ARM.
« L'accord vertical proposé donnerait à l'une des plus grandes entreprises de puces le contrôle de la technologie et des conceptions informatiques sur lesquelles les entreprises rivales s'appuient pour développer leurs propres puces concurrentes », a déclaré la FTC en décembre.
SoftBank a déclaré que le dépôt de 1,25 milliard de dollars qu'elle avait reçu dans le cadre de l'accord n'est pas remboursable et sera reconnu comme un bénéfice au quatrième trimestre de l'année fiscale se terminant le 31 mars 2022. Arm était indépendante jusqu'en 2016, date à laquelle le groupe SoftBank l'a rachetée pour 32 milliards de dollars.
Des effectifs réduits en perspective
Mais Arm veut déjà écrire le prochain chapitre de son histoire. Un courriel envoyé au personnel par le PDG d'Arm, Rene Haas, vu et rapporté par le Daily Telegraph du Royaume-Uni, déclare : « Pour rester compétitifs, nous devons supprimer la duplication du travail maintenant que nous sommes un seul Arm ; arrêter le travail qui n'est plus critique pour notre succès à venir ; et réfléchir à la façon dont nous faisons le travail. »
Haas, qui occupe le fauteuil du directeur général depuis environ un mois, a ajouté qu'Arm doit « être plus discipliné quant à nos coûts et où nous investissons ».
« J'écris ceci en sachant que même si c'est la bonne chose à faire pour l'avenir d'Arm, cela ne va pas être facile », a-t-il ajouté.
Arm emploie 6 400 personnes dans le monde, ce qui signifie qu'entre 768 et 960 emplois pourraient être supprimés ; il s'agit principalement d'employés basés au Royaume-Uni (le siège social de la société est basé à Cambridge) et aux États-Unis. Les suppressions ne toucheront pas les employés occupant des postes d'ingénieurs. L'entreprise fondée au Royaume-Uni conçoit le design de puces que l'on trouve dans des milliards d'appareils électroniques, notamment les smartphones d'Apple et de Samsung. Durant la pandémie, les ventes de terminaux ont monté en flèche tandis que les stocks de puces ont plongé. Les fabricants ont ainsi du mal à répondre à la demande depuis plusieurs mois.
Les investisseurs admirent généralement les bilans qui laissent présager de solides bénéfices futurs. Réduire les coûts avant une introduction en bourse est donc une tactique souvent déployée.
Dans le cas d'Arm, cette décision peut ne pas être aussi bien accueillie si l'entreprise se débarrasse du personnel impliqué dans la conception ou le développement du produit. La planète ne regorge pas exactement de telles personnes à l'heure actuelle, et une grande partie de l'attrait d'Arm pour les investisseurs réside dans sa profonde expertise technique. Il est donc probable que la plupart des licenciements concerneront du personnel qui n'est pas directement impliqué dans les activités principales d'Arm.
Pour sa part, le président-directeur général d'Arm China, Allen Wu, a déclaré que la société pourrait faire une introduction en bourse à Shanghai ou à Hong Kong après 2025. Allen Wu a déclaré au South China Morning Post que les actionnaires chinois de la société, qui contrôlent 51 % de la coentreprise basée à Shanghai, ont le pouvoir discrétionnaire de poursuivre une introduction en bourse indépendante. « Nous soutenons l'introduction en bourse de [la firme britannique] Arm », a déclaré Wu dans une interview. « Nous espérons qu'Arm soutiendra également le nôtre ».
Arm China
Arm China est aujourd’hui aux mains d’Allen Wu, un PDG « voyou » qui refuse de quitter les rênes de l’entreprise après que le conseil d’administration d’ARM China a voté favorablement pour l’éjecter de ce poste. Encore pis, sur l’instigation d’Allen Wu, ARM China a pris son indépendance face à sa société mère ARM Holdings en portant un nouveau nom qui signifie Amou Technology Co. Holdings tout en exploitant les acquis cédés à Arm China.
Tout a commencé lorsque Softbank Group Corp, l’entreprise holdings japonaise, qui a fait l’acquisition en 2016 d’ARM pour un montant de 30 milliards de dollars, a souhaité étendre ses activités sur le sol chinois afin de profiter de ce vaste marché. Pour s’implanter en Chine, Softbank a créé une joint-venture (ARM China) en cédant 51 % des parts de la nouvelle société à un consortium d’investisseurs chinois pour un montant de 775 millions de dollars. Parmi les membres du consortium qui détiennent le contrôle de Arm China, nous avons des entreprises comme China Investment Corporation, Silk Road Fund, Temasek Holdings de Singapour, Shum Yip Group, Hopu de Shenzhen et bien d’autres encore. Dans le contrat, Arm fournit des licences des technologies de ses semi-conducteurs ARM aux entreprises chinoises et perçoit en retour une part importante de tous les revenus de licences, de redevances, de logiciels et de services générés par les licences d’Arm China pour ses puces. Jusque-là rien d’alarmant. Arm n’est pas la première entreprise à former une coentreprise en Chine et ne sera pas la dernière.
Mais là où les choses vont commencer à tourner mal, c’est lorsque le conseil d’administration a commencé à accuser Allen Wu, le PDG d’Arm China d’utiliser sa position de PDG d’Arm pour attirer des investissements dans sa propre entreprise, Alphatecture. Il aurait offert des remises aux clients d’Arm China en échange de leurs investissements dans Alphatecture. Mécontent de cette attitude, le conseil d’administration d’Arm China a voté 7 contre 1 pour le licenciement d’Allen Wu d’ARM China qui, nous le rappelons au passage, est né en Chine, mais est citoyen américain. En principe, dans les entreprises habituelles où le conseil d’administration détient le pouvoir de révoquer son PDG, une telle décision aurait été immédiatement exécutée. Mais le problème est que nous ne sommes pas dans un scénario habituel et depuis le vote du conseil d’administration le 4 juin 2020 pour évincer Allen Wu, ce dernier est toujours aux commandes d’ARM China.
En Chine, une vieille pratique commerciale veut que lorsque vous détenez le sceau d’une entreprise, vous ayez le cachet qui permet de donner l’approbation finale dans toutes les questions commerciales. Et pour le cas d’ARM China, c’est son PDG Allen Wu qui détient ce cachet. Et donc, malgré l’opposition du conseil d’administration, Allen Wu demeure toujours à son poste de PDG et cela des années après la décision du conseil d’administration ordonnant son éviction. Ne voulant pas en rester là, le conseil d’administration d’Arm China a désigné trois cadres pour remplacer Allen Wu, mais ce dernier les a licenciés. Toutefois, le conseil d’administration d’Arm China les a réintégrés dans leur fonction. Selon des sources proches du dossier, Arm China qui fonctionne maintenant sous le contrôle exclusif d’Allen Wu a déposé des poursuites contre les trois cadres nommés par le conseil d’administration.
Allen Wu a même engagé des agents de sécurité payés par Arm China qui lui rendent compte. Cette sécurité a gardé Arm Holdings hors des locaux d’Arm China. Allen Wu a repris l’entreprise de manière agressive et l’exploite comme il l’entend. Une information intéressante est qu’Allen Wu a poursuivi Arm China afin de déclarer son licenciement illégal. Il s’est essentiellement poursuivi lui-même, car il représentait les deux parties dans cette affaire judiciaire spécifique.
Pour mettre la pression du côté du PDG devenu incontrôlable, Arm Holdings a décidé d’arrêter le transfert des technologies de traitement d’infrastructure (abrégé IP en anglais). En effet, les technologies critiques telles que les processeurs de serveur Neoverse qui constituent l’épine dorsale d’Amazon Graviton et Ampere Computing n’ont pas été transférées en Chine. En plus des conceptions de CPU de serveurs, de nombreux nouveaux développements en CPU, GPU, NPU et bien d’autres encore n’ont pas été partagées avec Arm China. Parmi ces technologies, nous avons la plus importante d’entre elles, le jeu d’instruction ARMv9 qui soutiendra la prochaine décennie de processeurs ARM haute performance, qui a été mise hors de portée d’ARM China.
Mais cette démarche est loin d’intimider ARM China qui a sonné le glas de son indépendance d’avec Arm Holdings il y a quelques mois en présentant récemment la nouvelle entreprise nommée Amou Technology Co. Holdings née d’Arm China. Lors de la présentation, Amou Technology a été décrite comme la seule plateforme d’exploitation autorisée de l’activité IP d’Arm en Chine. Avec plus de 90 partenaires, Amou Technology se vante d’avoir réalisé plus de 20 milliards de ventes depuis sa formation. Les domaines d’activité exploités par Amou vont du mobile, de l’infrastructure réseau, de la 5G à l’IdO et plus encore. Selon les déclarations de l’entreprise, les puces Arm vendues ont été développées par l’équipe recherche et développement interne composée de plus de 400 personnes de la société, entièrement basée en Chine. En plus d’avoir changé de nom, les responsables d’Amou ont annoncé le développement de l’architecture indépendante XPU et CPU IP, en plus des NPU (unités de traitement neuronal), des SPU (unités de traitement de sécurité), des ISP (processeurs de signaux d’images), des VPU (unités de traitement de la vision), des SPU (unités de traitement des systèmes), que l’entreprise a acquises auprès d’ARM Holdings.
Sources : Daily Telegraph, South China Morning Post
Arm pourrait licencier jusqu'à 15% de son personnel, soit environ 1 000 employés.
Un mois après l'échec de son rachat par Nvidia, le concepteur de puces se prépare pour une introduction en bourse
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Le , par Stéphane le calme
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