
Initialement annoncée en 2020, l'acquisition prévue d'Arm par NVIDIA auprès de SoftBank s'est effondrée en février en raison de « défis réglementaires importants », ont déclaré les entreprises dans un communiqué.
D'ailleurs, Hermann Hauser, le cofondateur d'ARM, avait déclaré que « ce serait un désastre si le rival américain NVIDIA parvenait à acheter la société britannique qu'il a aidé à construire ». Le même mois, Hauser a publié une lettre ouverte adressée au Premier ministre britannique Boris Johnson, et a mis une pétition en ligne appelant à l’aide pour « Sauver ARM ». Dans un deuxième point évoqué pour s’opposer au rachat de la société, Hauser a dit que NVIDIA « détruirait » le modèle économique d'ARM, qui implique l'octroi de licences pour la conception de puces à environ 500 autres entreprises, dont plusieurs sont en concurrence directe avec l’acquéreur, a-t-il déclaré, ajoutant que le nouvel accord créera un monopole.
L'opération, la plus importante jamais réalisée dans le secteur des puces, aurait permis à NVIDIA, dont le siège est en Californie, de prendre le contrôle d'une entreprise qui fabrique des technologies au cœur de la plupart des appareils mobiles dans le monde. Arm fabrique des technologies qui sont au cœur de tous les processeurs de smartphones, y compris les iPhone d'Apple et les appareils Android fonctionnant avec des puces Qualcomm. La société compte presque toutes les grandes entreprises de semi-conducteurs parmi ses clients. Une poignée de grandes entreprises technologiques qui s'appuient sur les conceptions de puces d'Arm, dont Qualcomm et Microsoft, s'étaient opposées à l'achat.
L'opération a fait l'objet d'un examen minutieux depuis son annonce. En décembre, la Commission fédérale du commerce des États-Unis a intenté une action en justice pour bloquer la transaction pour des raisons antitrust. L'année dernière, les autorités britanniques de la concurrence ont annoncé une enquête sur la vente.
Les sociétés de semi-conducteurs et de technologie craignaient que si NVIDIA possédait Arm, elle puisse favoriser ses propres activités au détriment de ses clients qui n'ont peut-être pas d'alternative à la technologie ARM.
« L'accord vertical proposé donnerait à l'une des plus grandes entreprises de puces le contrôle de la technologie et des conceptions informatiques sur lesquelles les entreprises rivales s'appuient pour développer leurs propres puces concurrentes », a déclaré la FTC en décembre.
SoftBank a déclaré que le dépôt de 1,25 milliard de dollars qu'elle avait reçu dans le cadre de l'accord n'est pas remboursable et sera reconnu comme un bénéfice au quatrième trimestre de l'année fiscale se terminant le 31 mars 2022. Arm était indépendante jusqu'en 2016, date à laquelle le groupe SoftBank l'a rachetée pour 32 milliards de dollars.
Des effectifs réduits en perspective
Mais Arm veut déjà écrire le prochain chapitre de son histoire. Un courriel envoyé au personnel par le PDG d'Arm, Rene Haas, vu et rapporté par le Daily Telegraph du Royaume-Uni, déclare : « Pour rester compétitifs, nous devons supprimer la duplication du travail maintenant que nous sommes un seul Arm ; arrêter le travail qui n'est plus critique pour notre succès à venir ; et réfléchir à la façon dont nous faisons le travail. »
Haas, qui occupe le fauteuil du directeur général depuis environ un mois, a ajouté qu'Arm doit « être plus discipliné quant à nos coûts et où nous investissons ».
« J'écris ceci en sachant que même si c'est la bonne chose à faire pour l'avenir d'Arm, cela ne va pas être facile », a-t-il ajouté.
Arm emploie 6 400 personnes dans le monde, ce qui signifie qu'entre 768 et 960 emplois pourraient être supprimés ; il s'agit principalement d'employés basés au Royaume-Uni (le siège social de la société est basé à Cambridge) et aux États-Unis. Les suppressions ne toucheront pas les employés occupant des postes d'ingénieurs. L'entreprise fondée au Royaume-Uni conçoit le design de puces que l'on trouve dans des milliards d'appareils électroniques, notamment les smartphones d'Apple et de Samsung. Durant la pandémie, les ventes de terminaux ont monté en flèche tandis que les stocks de puces ont plongé. Les fabricants ont ainsi du mal à répondre à la demande depuis plusieurs mois.
Les investisseurs admirent généralement les bilans qui laissent présager de solides bénéfices futurs. Réduire les coûts avant une introduction en bourse est donc une tactique souvent déployée.
Dans le cas d'Arm, cette décision peut ne pas être aussi bien accueillie si l'entreprise se débarrasse du personnel impliqué dans la conception ou le développement du produit. La planète ne regorge pas exactement de telles personnes à l'heure actuelle, et une grande partie de l'attrait d'Arm pour les investisseurs réside dans sa profonde expertise technique. Il est donc probable que la plupart des licenciements concerneront du personnel qui n'est pas directement impliqué dans les activités principales d'Arm.
Pour sa part, le président-directeur général d'Arm China, Allen Wu, a déclaré que la société pourrait faire une introduction en bourse à Shanghai ou à Hong Kong après 2025. Allen Wu a déclaré au South China Morning Post que les actionnaires chinois de la société, qui contrôlent 51 % de la coentreprise basée à Shanghai, ont le pouvoir discrétionnaire de poursuivre une introduction en bourse indépendante. « Nous soutenons l'introduction en bourse de [la firme britannique] Arm », a déclaré Wu dans une interview. « Nous espérons qu'Arm soutiendra également le nôtre ».
Arm China
Arm China est aujourd’hui aux mains d’Allen Wu, un PDG « voyou » qui refuse de quitter les rênes de l’entreprise après que le conseil d’administration d’ARM China a voté favorablement pour l’éjecter de ce poste. Encore pis, sur l’instigation d’Allen Wu, ARM China a pris son indépendance face à sa société mère ARM Holdings en portant un nouveau nom qui signifie Amou Technology Co. Holdings tout en exploitant les acquis cédés à Arm China.
Tout a commencé lorsque Softbank Group Corp, l’entreprise holdings japonaise, qui a fait l’acquisition en 2016 d’ARM pour un montant de 30 milliards de dollars, a souhaité étendre ses activités sur le sol chinois afin de profiter de ce vaste marché. Pour s’implanter en Chine, Softbank a créé une joint-venture (ARM China) en cédant 51 % des parts de la nouvelle société à un consortium d’investisseurs chinois pour un montant de 775 millions de dollars. Parmi les membres du consortium qui détiennent le contrôle de Arm China, nous avons des entreprises comme China Investment Corporation, Silk Road Fund, Temasek Holdings de Singapour, Shum Yip Group, Hopu de Shenzhen et bien d’autres encore. Dans le contrat, Arm fournit des licences des technologies de ses semi-conducteurs ARM aux entreprises chinoises et perçoit en retour une part importante de tous les revenus de licences, de redevances, de logiciels et de services générés par les licences d’Arm China pour ses puces. Jusque-là rien d’alarmant. Arm n’est pas la première entreprise à former une coentreprise en Chine et ne sera pas la dernière.
Mais là où les choses vont commencer à tourner mal, c’est lorsque le conseil d’administration a commencé à accuser Allen Wu, le PDG d’Arm China d’utiliser sa position de PDG d’Arm pour attirer des investissements dans sa propre entreprise, Alphatecture. Il aurait offert des remises aux clients d’Arm China en échange de leurs investissements dans Alphatecture. Mécontent de cette attitude, le conseil d’administration d’Arm China a voté 7 contre 1 pour le licenciement d’Allen Wu d’ARM China qui, nous le rappelons au passage, est né en Chine, mais est citoyen américain. En principe, dans les entreprises habituelles où le conseil d’administration détient le pouvoir de révoquer son PDG, une telle décision aurait été immédiatement exécutée. Mais le problème est que...
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