L'invasion de l'Ukraine par la Russie en est à son sixième jour et les réactions dans l'industrie de la Tech se poursuivent. Ainsi, Meta a publié un communiqué de presse dimanche dans lequel il a déclaré qu'il est intervenu pour supprimer un certain nombre de comptes Facebook et Instagram menant une campagne de désinformation pour le compte de la Russie. Dans un premier temps, Meta a affirmé que des pirates affiliés à la Russie se sont introduits dans les comptes Facebook de responsables militaires et des personnalités publiques ukrainiennes pour publier de fausses informations et des vidéos selon lesquelles l'armée ukrainienne a capitulé.
« Nous avons détecté des initiatives pour cibler des personnes sur Facebook afin de publier des vidéos YouTube présentant les soldats ukrainiens comme faibles et se rendant à la Russie, y compris une vidéo prétendant montrer des soldats ukrainiens sortant d'une forêt en brandissant un drapeau blanc de reddition. Nous avons aussi bloqué les domaines d'hameçonnage que ces pirates ont utilisés pour tenter de tromper les Ukrainiens et compromettre leurs comptes en ligne », a-t-il déclaré. Meta a attribué les efforts de piratage à un groupe de pirates informatique connu sous le nom de Ghostwriter, qui, selon lui, aurait des liens avec la Russie et la Biélorussie.
Meta a refusé de donner le nom des cibles. Cependant, il a déclaré qu'il a alerté les personnes ciblées, bloqué les domaines utilisés dans les attaques d'hameçonnage de Ghostwriter et pris d'autres mesures inconnues pour "sécuriser les comptes". Ensuite, Meta a déclaré que la seconde campagne de désinformation observée par son équipe de la sécurité a utilisé un réseau de faux comptes appartenant à des personnes fictives prétendant être basées en Russie et en Ukraine. Dans ce cas, la société a déclaré que ses enquêteurs ont supprimé un réseau d'environ 40 faux comptes, groupes et pages à travers Facebook et Instagram.
Les utilisateurs du réseau auraient créé de faux profils sur plusieurs réseaux sociaux (dont YouTube, Telegram, VK, y compris les propres plateformes de Meta) afin de paraître réels aux yeux des enquêteurs. Ils utilisaient des portraits générés par l'IA comme photos de profil et se faisaient passer pour "des rédacteurs de nouvelles, un ancien ingénieur en aviation et un auteur d'une publication scientifique sur l'hydrographie". Selon Meta, le groupe publiait des affirmations selon lesquelles "l'Occident trahirait l'Ukraine et qu'elle serait un État défaillant". L'entreprise dit avoir trouvé des liens entre ce réseau et une autre opération qu'elle a supprimée en avril 2020.
Précédemment, le groupe aurait partagé et promu des articles provenant d'organisations médiatiques, NewsFront et SouthFront, qui sont maintenant sanctionnées par les États-Unis. Selon Meta, les articles publiés par le groupe d'influence sur les sites Web qu'il dirige affirment actuellement que "les gardes-frontières ukrainiens ont accueilli les troupes russes à bras ouverts, que l'armée ukrainienne utilise des civils comme boucliers humains et qu'elle déploie des munitions au phosphore interdites par l'ONU contre les Russes". Aucun élément de ces histoires n'est vérifié par les médias en dehors de la Russie.
L'on ignore depuis combien de temps le groupe a commencé à fonctionner, mais Meta affirme qu'il avait attiré moins de 4 000 abonnés sur Facebook et moins de 500 abonnés sur Instagram. « C'est un signe que même si ces acteurs essaient de mener ces types d'opérations d'influence, ils se font prendre plus tôt et n'atteignent pas les audiences qu'ils auraient atteintes il y a encore quelques années », a déclaré Nathaniel Gleicher, responsable de la politique de sécurité chez Meta. Pour justifier la suppression des comptes, Meta a déclaré qu'ils avaient violé ses règles sur les comportements inauthentiques coordonnés.
Un porte-parole de Twitter a déclaré ce week-end que la société avait également suspendu plus d'une douzaine de comptes et bloqué le partage de plusieurs liens pour avoir violé ses règles contre la manipulation de la plateforme et le spam. Selon le porte-parole, une enquête de Twitter indique que les comptes provenaient de la Russie et cherchaient à perturber l'opinion publique sur le conflit en Ukraine. Par ailleurs, un porte-parole de YouTube a déclaré que la plateforme avait mis fin à plusieurs chaînes, qui comptaient moins de 90 abonnés au total, dans le cadre de son enquête sur des opérations d'influence coordonnées liées à la Russie.
La crise en Ukraine a donné lieu à une escalade des affrontements entre Moscou et les grandes entreprises technologiques. Vendredi, la Russie a annoncé qu'elle allait partiellement restreindre l'accès à Facebook, une décision qui, selon Meta, fait suite au refus du gouvernement de mettre un terme à la vérification indépendante des faits de plusieurs médias d'État russes. Samedi, Twitter a également annoncé que son service était restreint pour certains utilisateurs russes.
L'Ukraine a été victime d'intrusions numériques et d'actions de déni de service à la fois avant et pendant l'invasion russe. Plusieurs grandes entreprises technologiques ont annoncé des mesures visant à renforcer la sécurité et la confidentialité de leurs utilisateurs dans le pays. Meta, qui a procédé ces derniers jours à des changements, tels que la désactivation des recherches et de l'affichage des listes d'amis des comptes Facebook en Ukraine, a déclaré lundi qu'elle procédait également à ce changement en Russie en réponse aux rapports publics faisant état de la prise pour cible de la société civile et des manifestants.
Source : Meta
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