La cybersécurité est devenue une préoccupation majeure
O'Reilly a publié mercredi dernier les résultats de son analyse annuelle sur tendances technologiques, qui examine les principaux termes de recherche et le contenu le plus consommé sur la plateforme d'apprentissage de l'entreprise. Chaque année, O'Reilly recueille des données sur l'utilisation de ses partenaires éditeurs et de ses modes d'apprentissage, qu'il s'agisse de livres, de vidéos, de cours de formation en ligne, d'événements virtuels, d'examens pratiques ou de scénarios interactifs, afin de fournir aux leaders technologiques les tendances, les sujets et les problèmes à surveiller au cours de l'année à venir.
Dans le cadre de l'enquête de cette année, O'Reilly a également examiné l'utilisation du contenu et les requêtes de recherche organique posées par le biais de O'Reilly Answers, la fonction de recherche alimentée par l'IA de la société. L'examen des recherches effectuées par le biais de O'Reilly Answers a ignoré les requêtes comportant les mots vides (comme "et" et les mots significatifs qui n'ont pas vraiment de sens (comme "bon". L'analyse a révélé que l'intérêt pour des sujets spécifiques de la cybersécurité a augmenté de façon significative. À titre d'exemple, l'utilisation de contenu sur les ransomwares a augmenté d'environ 270 %.
D'autres sujets liés à la cybersécurité ont connu une croissance substantielle d'une année sur l'autre, principalement la vie privée (plus 90 %), l'identité (plus 50 %), la sécurité des applications (plus 45 %), les logiciels malveillants (plus 34 %), la gouvernance (plus 35 %) et la conformité en matière de cybersécurité (plus 30 %). Ce n'est pas une surprise, étant donné l'augmentation de 17 % du nombre de violations de données enregistrées au cours de l'année 2021 par rapport à 2020. Netwrix, un spécialiste de la cybersécurité, a d'ailleurs prédit un renforcement des législations et des normes de sécurité au cours de cette année.
Selon O'Reilly, la sécurité de la chaîne d'approvisionnement n'apparaît pas encore comme un sujet de sécurité, mais l'utilisation de contenu sur la gestion de la chaîne d'approvisionnement a connu une bonne augmentation de 30 %. Entre les incidents très médiatisés de l'année dernière impliquant des ransomwares, des attaques de la chaîne d'approvisionnement et l'exploitation de vulnérabilités de systèmes critiques, et le nouvel accent mis sur le vol de cryptomonnaie, O'Reilly estime qu'il est probable que l'intérêt pour les sujets de cybersécurité continuera à grimper en 2022 et au-delà.
Selon une étude de l'école d'information de l'UC Berkeley, les salaires dans le domaine de la cybersécurité ont légèrement dépassé ceux des programmeurs dans la plupart des États, ce qui suggère une augmentation de la demande de professionnels de la sécurité. Et une augmentation de la demande suggère le besoin de matériel de formation pour préparer les gens à répondre à cette demande. O'Reilly indique avoir vu cela sur sa plateforme.
La recherche de titres correspondant à des certifications de sécurité s'est avérée être une mauvaise mesure (probablement parce que les noms de certification longs et difficiles à manier ne sont pas bien représentés dans les titres), mais lorsque O'Reilly a examiné la taxonomie de contenu plutôt que les recherches de titres, il a constaté que la certification SSCP (System Security Certified Practitioner) est en hausse de 54 % et que CompTIA Security+ est en hausse de 27 %.
Les nouvelles tendances dans le développement de logiciels
L'architecture logicielle, Kubernetes et les microservices sont les trois sujets les plus utilisés en 2021. Leur croissance d'une année sur l'autre est également très saine (19 %, 15 % et 13 %, respectivement). Elle ne semble faible que si on la compare à la croissance de sujets comme la passerelle API (218 %). Ce type de croissance reflète la "loi" selon laquelle il est facile pour un petit sujet de connaître une croissance importante, mais beaucoup plus difficile pour un sujet qui est déjà dominant. Le contenu de la passerelle API obtient environ 1/250e du nombre d'unités consultées par rapport au contenu sur l'architecture ou Kubernetes.
Cependant, O'Reilly indique que bien que les chiffres d'utilisation de la passerelle API soient relativement faibles, une croissance de 218 % est un signal très fort. Il en va de même pour la croissance du cloud native (54 %), à partir d'un nombre nettement plus élevé d'unités visionnées en 2020 (environ 1/8 de l'architecture ou de Kubernetes). Les entreprises investissent massivement dans Kubernetes et les microservices ; elles créent des applications cloud natives conçues dès le départ pour tirer parti des services cloud. Et les passerelles API sont un outil important pour acheminer les demandes entre les clients et les services.
Selon le rapport, les conteneurs ont connu une augmentation substantielle de 137 %. Les conteneurs représentent un moyen efficace de regrouper des applications et des services qui sont indépendants de la plateforme, modulaires et gérables. Le cloud et les fournisseurs de cloud sont des sujets à la mode, le contenu sur Microsoft Azure et Google Cloud ayant augmenté de 32 % et 54 %, respectivement. Dans le même temps, l'intérêt pour Amazon Web Services (AWS) a diminué de 3 %, ce qui montre que la concurrence entre les fournisseurs est en hausse.
L'informatique quantique reste un sujet d'intérêt. Le nombre d'unités vues est encore faible, mais la croissance d'une année sur l'autre est de 39 %. « Ce n'est pas mal pour une technologie qui, honnêtement, n'a pas encore été inventée », a écrit O'Reilly. Bien que certains ordinateurs quantiques primitifs soient disponibles aujourd'hui, il faudra encore attendre plusieurs années avant de disposer d'ordinateurs capables d'effectuer un travail réel.(La feuille de route d'IBM prévoit l'arrivée d'ordinateurs à 1 000 qubits physiques dans deux ans, mais la meilleure estimation est qu'il faudra 1 000 qubits physiques pour créer un qubit corrigé des erreurs.)
Mais lorsque ces ordinateurs arriveront, il est évident qu'il y aura des gens prêts à les programmer. Enfin, 2021, O'Reilly a observé que le serverless semblait suivre le rythme des microservices. Ce n'est plus le cas. Alors que les microservices affichent une croissance saine, le serverless est l'un des rares sujets de ce groupe à connaître un déclin, et un déclin important (41 %).
Les tendances sur les langages de programmation
Alors, quels sont les changements importants depuis l'année dernière ? O'Reilly rapporte que le C++ a connu une croissance significative (13 %) au cours de l'année écoulée, avec une utilisation environ deux fois plus importante que celle du C. « Nous savons que le C++ domine la programmation de jeux, mais nous soupçonnons qu'il est également en train de dominer les systèmes embarqués, ce qui n'est en fait qu'une façon plus formelle de dire "Internet des objets". Nous soupçonnons également (mais nous ne le savons pas) que le C++ est de plus en plus utilisé pour développer des microservices », a écrit l'entreprise.
D'autre part, si le C a traditionnellement été le langage des développeurs d'outils (les utilitaires d'Unix et de Linux sont écrits en C), O'Reilly rapporte que ce rôle s'est peut-être déplacé vers des langages plus récents comme Go et Rust. Go et Rust continuent de se développer. L'utilisation de contenu sur Go a augmenté de 23 % depuis l'année dernière, et celle de Rust de 31 %. Cette croissance s'inscrit dans la continuité de la tendance observée l'année dernière, où Go avait augmenté de 16 % et Rust de 94 %. La baisse du taux de croissance de Rust est-elle préoccupante ? L'entreprise estime que non.
L'année dernière, le contenu de Rust partait de presque zéro et une croissance de 90 % était facile. Cette année, Rust est bien établi, et O'Reilly s'attend à ce que la croissance se poursuive. La société a ajouté que Rust et Go sont là pour rester. Rust reflète de nouvelles façons de penser la gestion de la mémoire et la concurrence. Et en plus de fournir un modèle propre et relativement simple pour la concurrence, Go représente un tournant par rapport aux langages qui sont devenus de plus en plus complexes avec chaque nouvelle version.
Qu'en est-il de la "vieille garde" ? Python, Java et JavaScript sont toujours les leaders, avec une hausse de 4 % pour Java, une baisse de 6 % pour Python et une baisse de 3 % pour JavaScript. ("Python" et "Java" sont tous deux dans le top 5 des mots utilisés dans les réponses O'Reilly). Bien que tout changement inférieur à 10 % soit minime dans l'ensemble des choses, O'Reilly se dit surpris de voir Python en baisse. Et, comme l'année dernière, l'utilisation du contenu Java n'est que légèrement derrière celle de Python si vous ajoutez l'utilisation de Spring à celle de Java.
C#, un langage de base sur les plateformes Microsoft, est également stable (baisse de 1 % d'une année sur l'autre). Scala et Kotlin, deux autres langages appartenant à l'écosystème Java, sont tous deux en baisse, de 27 % et 9 %, respectivement. La baisse de Scala est particulièrement notable. Cela peut refléter la sortie de Scala 3.0 en mai 2021, qui aurait tendance à rendre obsolète le contenu basé sur Scala 2.
Quelques autres tendances observées par O'Reilly
- l'apprentissage automatique continue de croître, avec une utilisation en hausse de 35 %. En ce qui concerne les techniques spécifiques, l'intérêt a diminué de 14 % pour l'apprentissage profond, mais a augmenté pour les réseaux de neurones (13 %), l'apprentissage par renforcement (37 %) et les réseaux adversatifs (51 %). Cela démontre un net déplacement de l'intérêt des sujets généraux vers des sujets spécifiques ;
- l'intérêt pour les termes "réalité virtuelle", "RV" et "réalité augmentée" a augmenté de 13 %, 28 % et 116 %, soit un gain de 24 % pour l'ensemble du groupe. Le nombre de recherches sur le terme "métavers" a fortement augmenté (489 %), tandis que les recherches sur WebXR, une norme neutre pour le rendu de contenu 3D sur les appareils compatibles avec la RV et la RA, ont augmenté de 168 % ;
- bien que Python et Java représentent une grande majorité de l'utilisation de la plateforme d'apprentissage O'Reilly, l'analyse de cette année a révélé plusieurs nouveaux domaines technologiques - cryptomonnaies et Web3 - qui gagnent en popularité. L'intérêt pour les cryptomonnaies a augmenté de 271 %, le contenu sur le Bitcoin et l'Ethereum ayant augmenté respectivement de 166 % et 185 %.
Source : Rapport de O'Reilly
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